CRITIQUE FILM - "Les Animaux Fantastiques : Les Crimes de Grindelwald". David Yates est de retour derrière la caméra avec une suite relativement réussie.
Après un premier opus très réussi, David Yates est de retour avec la suite des aventures de Norbert Dragonneau, interprété par le subtil Eddie Redmayne. Cette fois le danger est bien réel en la personne de Grindelwald campé par Johnny Depp. Mais alors que vaut ce retour dans l'univers magique de Harry Potter ?
Une suite qui peine à trouver son rythme
Les Animaux Fantastiques : Les crimes de Grindelwald est d'une qualité honorable. David Yates contrôle parfaitement cet univers qu'il connaît si bien. Après tout il est derrière la caméra depuis Harry Potter et l'Ordre du Phoenix. Le monde des sorciers n'a plus de secret pour lui. Et cela se ressent à l'écran. Le cinéaste connaît ses personnages et leurs tours de magie. Il maîtrise parfaitement son décors, son intrigue et ses protagonistes. Le long métrage est fluide et sait vers quelle direction il se dirige. Pour autant, Les Animaux Fantastiques : Les crimes de Grindelwald a un rythme plus décousu que le premier film. La faute à une intrigue moins pertinente, en tout cas dans son début.
Les Animaux Fantastiques : Les crimes de Grindelwald reprend directement après les événements du premier film. Grindelwald s'est révélé et est enfermé dans le ministère de la magie new-yorkais avant qu'il ne s'en évade. Une scène d'ouverture relativement classique qui manque légèrement de lisibilité.
Les Animaux Fantastiques : Les crimes de Grindelwald est une aventure très sombre, les couleurs viennent rarement agrémenter une luminosité qui préfère la noirceur à la lumière, au contraire du premier film plutôt étincelant. Bref, Dragonneau va devoir retrouver Croyance (Ezra Miller) avant le Ministère de la magie qui veut l'exécuter, et Grindelwald qui veut le prendre sous son aile. L'intrigue se résume grossièrement à cette ligne et manque finalement d'enjeux. Seul compte cette chasse à l'Homme qui va durer plus de 2h10. Alors certes il y a quelques éléments sous-jacents comme la montée en puissance de Grindelwald, un ennemi intelligent et politique, qui cherche à détruire l’équilibre fragile entre mages et moldus. Il y a également la recherche de paternité de Croyance qui ne connaît pas ses origines. Enfin il y a les ennuyeuses romances entre Dragonneaut et Tina, et entre Jacob et Queenie. À part ça, et quelques animaux fantastiques, il n'y a pas grand chose à se mettre sous la dent. Heureusement le film se rattrape avec une conclusion passionnante, mais également annonciatrice d'une suite. C'est d'ailleurs ce qui fait la légère faiblesse du long métrage. Il s'agit d'un film presque de remplissage qui cherche à teaser la suite, qui peine à trouver sa propre identité indépendante par rapport à la saga complète qui s'annonce.
Une conclusion néanmoins passionnante
Malgré quelques longueurs pour parvenir au dénouement (qui n'en est pas vraiment un d'ailleurs), le final vaut son pesant d'or. Les Animaux Fantastiques : Les crimes de Grindelwald trouve toute son identité dans ce dernier acte renversant. Grindelwald réunit ses disciples dans une voûte située dans le cimetière du Père-Lachaise, tandis que Dragonneau et sa troupe sont prêts à intervenir. Toute l'identité du personnage de Grindelwald se révèle à cet instant, aidé par un jeu parfaitement maîtrisé de Johnny Depp. Il incarne un ennemi puissant qui préfère le contrôle à la violence, la manipulation à la guerre frontale. C'est ce qui donne tout son charme à ce personnage dont on attend beaucoup. Mais ce n'est pas le seul intérêt de cette conclusion puisque c'est le moment où David Yates décide de créer de véritables enjeux dramatiques. Tandis que l'enquête sur les origines de Croyance est au point d'orgue, Grindelwald tend sa main aux mages, leur proposant la liberté à ses côtés. Chaque personnage est acculé contre le mur et doit choisir son camp, même Dragonneau. Chaque protagoniste est face à une décision lourde et irréversible qu'il doit prendre rapidement. Ce sont ces instants captivants, où l'identité réelle de chaque personnage se révèle. S'en suit une dernière scène d'action visuellement superbe.
Les Animaux Fantastiques : Les crimes de Grindelwald demeure un film intelligent, qui vient apporter les fondations de la saga à venir. Les connexions à la saga Harry Potter se font plus nombreuses, déjà avec la présence de Dumbledore, parfaitement interprété par Jude Law, mais également via des références beaucoup plus subtiles, réservées aux aficionados. De même la relation entre Dumbledore et Grindelwald se dévoile un tantinet, tandis que le grand final est un twist inattendu qui relance les enjeux et l'ambition de la saga.
Ainsi malgré une première partie un peu timide, et relativement lente, le long métrage sauve la face avec un final renversant ponctué de nombreuses révélations et twists. Les Animaux Fantastiques : Les crimes de Grindelwald demeure un blockbuster intelligent et divertissant à l’image du précédent opus.
Les Animaux Fantastiques : Les Crimes de Grindelwald de David Yates, en salle le 14 novembre 2018. Ci-dessus la bande-annonce.