AVIS / CRITIQUE FILM - Dans « Les Incognitos », Will Smith prête sa voix à un super espion métamorphosé en pigeon. Si sa transformation lui offre une vue à 360 degrés, il est évidemment difficile pour un volatile, aussi affuté soit-il, de sauver le monde de la catastrophe. C’était sans compter sur la présence d’un scientifique de génie doublé par Tom Holland… Au final, la nouvelle production Blue Sky est-elle le divertissement survitaminé annoncé ?
Lance Sterling est l’espion le plus redoutable, le plus classe et sans doute le plus arrogant au monde. Mais lorsqu’il se retrouve accusé à tort par ses employeurs d’être à l’origine d’un complot machiavélique, l’agent se retrouve en panne de solutions. Pour s’en sortir, Sterling n’a qu’une seule option : faire appel à Walter Beckett, un jeune scientifique brillant et créateur de gadgets uniques, auquel il a du mal à faire confiance à cause de sa « bizarrerie ». Ensemble, ces deux individus que tout oppose vont former un duo explosif.
Pigeon : Impossible
Voyages aux quatre coins du monde, espion solitaire et prétentieux qui pense pouvoir sauver la planète seul ou encore gadgets inventifs et souvent hilarants… Les Incognitos s’approprie les codes du film d’espionnage avec panache, et propose un récit mené tambour battant.
De la présentation du super espion bourrée de money shot à l’affrontement final pétaradant, le nouveau film d’animation du studio Blue Sky, papa de la saga L’âge de glace, est doté d’un rythme soutenu. Mieux encore, à l’inverse de Moi, moche et méchant 3, le long-métrage ne tombe à aucun moment dans la surabondance de gags. Il faut dire que l’histoire repose sur un concept qui se suffit à lui-même en termes d’humour.
Inspiré par le court-métrage Pigeon: Impossible sorti en 2009, Les Incognitos décolle véritablement lorsque Lance Sterling se transforme par sa faute en volatile. S’ensuivent des situations qui jouent habilement de la perte totale de ses repères, de sa volonté de se « désenvolailler » à tout prix et de la présence de pigeons secondaires débiles mais d’un grand soutien.
Si ses influences principales restent les sagas James Bond et Mission: Impossible, le long-métrage fonctionne aussi sur le principe du buddy movie, et sur la naissance d’une amitié improbable entre l'espion et le scientifique, doublés par Will Smith et Tom Holland, auxquels le spectateur s'attache naturellement.
Skyfall is the limit
Le plus gros reproche que l’on pourrait faire aux Incognitos est le manque d’originalité de l’ensemble. Si le récit ne souffre d’aucune boursouflure et avance à toute allure, les nombreux emprunts à d’autres longs-métrages ont tendance à ternir le film. L’une des scènes comiques reprend par exemple à l’identique un passage de Légendes Vivantes, monument de la comédie américaine orchestré par Adam McKay et Will Ferrell.
Mais la référence qui ne cesse de revenir n’est autre que Skyfall. Le personnage de Walter Beckett évoque le Q du long-métrage de Sam Mendes, incarné par Ben Whishaw. Le grand méchant rappelle quant à lui le cruel Silva interprété par Javier Bardem, et le combat final se déroule dans un lieu aussi isolé que la maison d’enfance de James Bond. Par ailleurs, à l’instar de Lance Sterling, 007 voyait son image salie par une mission foireuse.
Malgré sa structure narrative quasiment identique à celle de Skyfall, Les Incognitos n’en demeure pas moins une réussite visuelle qui fourmille d’idées et fait voyager le public de Washington à Venise. Le long-métrage présente surtout des personnages excentriques et attachants, qui en font un divertissement familial idéal pour les fêtes de fin d’année.
Les Incognitos de Nick Bruno et Troy Quane, en salles le 25 décembre 2019. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.