CRITIQUE / AVIS FILM - Dans "Les Nouveaux mutants" cinq jeunes mutants vivent un véritable cauchemar au sein d'un hôpital tenu par une étrange psychiatre. Un huis clos étonnant pour un film de super-héros, passé par de nombreux rebondissements avant sa sortie.
La sortie tant attendue de Les Nouveaux mutants
Il en aura fallu des années avant de pouvoir découvrir Les Nouveaux mutants. Initialement prévu pour 2018, le film avait été repoussé une première fois par la 20th Century Fox pour permettre des reshoots. À l’évidence, le studio avait un problème avec le film de Josh Boone, puisque de nouveaux reports avaient eu lieu par la suite. On imaginait dès lors que le produit original du réalisateur avait dû être bien calamiteux pour qu’une telle situation se produise. Et lorsque le rachat de la Fox par Disney fut annoncé, il semblait de plus en plus improbable que le film sorte un jour. Pourtant, en dépit de la volonté de Disney de soigner son image familiale, c’est bien le studio aux grandes oreilles qui a permis à Josh Boone de repartir en montage pour livrer, après un énième report lié cette fois au coronavirus, sa version initiale : un film de super-héros horrifique !
Les Nouveaux mutants se déroule en effet dans un hôpital isolé. Dedans, à peine quatre jeunes mutants et une psychiatre pour les aider à canaliser leurs pouvoirs. D’après elle, ils doivent se contrôler pour éviter de faire du mal aux humains, mais également à eux-mêmes. En réalité, on comprend bien vite qu’ils sont enfermés dans une cage géante et analysés à longueur de journée. C’est alors l’arrivée d’une cinquième mutante, Dani (Blu Hunt), qui ne connaît pas son pouvoir, qui va bouleverser ce petit monde.
Dani au bal du Diable
Avec Les Nouveaux mutants, Josh Boone entreprend de se démarquer des productions super-héroïques habituelles, comme l’avait fait auparavant James Mangold avec l’excellent Logan – dont on retrouve ici des liens directs. Si ce dernier se lançait dans un road-movie influencé par le western (citant ouvertement L’Homme des vallées perdues de George Stevens), Les Nouveaux mutants se veut un huis clos inquiétant aux touches cauchemardesques. Ici, ce serait d’avantage Carrie qui serait cité en référence, que ce soit par une scène de douche ou simplement le danger que peut provoquer Dani sur les autres à la découverte de son pouvoir. Cette dernière est rapidement prise pour cible par Illyana (Anya Taylor-Joy) qui prend un certain plaisir à la martyriser. Évidemment le rapport de force ne tarde pas à s’équilibrer entre les deux jeunes filles. Dani ne se laissant pas marcher sur les pieds et trouvant en Rahne (Maisie Williams) un soutien important. La relation entre les deux jeunes filles évolue naturellement et amène une tendresse nécessaire.
Le film déroule ensuite un quotidien perturbé par des apparitions particulièrement violentes. Chacune de ces apparitions étant l'incarnation du traumatisme des différents patients, cela permet une empathie envers les protagonistes - particulièrement Illyana et Sam (Charlie Heaton) dont le passé est terrifiant. Malheureusement, Les Nouveaux mutants fini par subir un véritable creux aux deux tiers. Car, outre les « cauchemars » présentés, Josh Boone ne semble pas avoir suffisamment de matière pour aller plus en profondeur dans son regard sur une adolescence traumatisante. Un léger regret tant Les Nouveaux mutants sort du lot, ne serait-ce que dans ses idées visuelles. On note en effet des créatures mémorables et surtout l’utilisation de mutants dont les pouvoirs ont rarement été vus à l’écran - à l’exception de Bobby (Henry Zaga), simple torche humaine. C’est notamment le cas d’Illyana, véritable réussite du film avec son épée bleutée et ses passages d’un monde à l’autre.
Les Nouveaux mutants n’est certes pas exempt de défauts (on peut remettre en question la crédibilité de l’endroit et certains clichés dans la résolution finale). Mais en faisant le pari d’un film plus intimiste et resserré, il se démarque indéniablement par son originalité. Et en ne se contentant pas d’une simple tendance à l’horreur mais en jouant véritablement sur l’enfermement et les traumas des protagonistes, il reste une bien meilleure proposition que bon nombre de productions Marvel trop calibrées. Surtout, Josh Boone donne naissance à une toute nouvelle équipe au fort potentiel super-héroïque qu’on ne serait pas contre de revoir au plus vite.
Les Nouveaux mutants de Josh Boone, en salle le 26 août 2020. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.