CRITIQUE / AVIS FILM - Avec “Les Parfums” Grégory Magne retrouve Grégory Montel après "L’Air de rien" (2012). Pour son second long-métrage de fiction, il propose une comédie agréable dans laquelle l’acteur de "Dix pour cent" doit conduire une capricieuse Emmanuelle Devos.
Une comédie rafraîchissante pour l’été
Guillaume Favre est ce qu’on pourrait appeler un brave type. Un peu loser et immature, il fait néanmoins ce qu’il peut pour obtenir la garde une semaine sur deux de sa fille. Pour cela, il lui faut un emploi stable pour lui permettre de déménager dans un appartement pouvant accueillir une enfant de dix ans. C’est donc en tant que chauffeur privé qu’il va faire la rencontre d’Anne Walberg, nez et ancienne créatrice de parfums devenue inadaptée sociale après un échec professionnel, réduite depuis à des créations mineures pour des petites marques ou des sociétés de grande distribution. Leur rencontre va leur permettre de se révéler l'un et l'autre et de trouver une nouvelle voie.
Si ce rapide résumé pourrait laisser penser à une énième comédie lourdingue et prévisible, Les Parfums s’avère en réalité plus subtil. Grégory Magne, réalisateur et scénariste du film, traite ses personnages avec beaucoup d’humanité et sans manichéisme. Certes, Anne a un caractère épouvantable, interdisant par exemple à Guillaume de fumer avant et pendant le trajet, et lui en faisant voir de toutes les couleurs. Bref, elle a tout d’une emmerdeuse. Mais elle reste tout de même touchante.
Ce n’est pas un démon façon Anna Wintour, ni une bourgeoise autoritaire et sans manière, mais simplement une femme qui n’a pas les codes. Pour elle, rien de plus normal que de jeter le paquet de cigarettes de son chauffeur, de s’installer à l’avant de la voiture, ou de lui faire dépasser sa fonction initiale. Et, heureusement, Guillaume va aussi trouver sa place en apprenant à dire non, en exigeant une reconnaissance légitime et en retrouvant l'estime de soi qu'il avait perdue.
Un duo évident pour Les Parfums
Ainsi, tous les deux ne cessent de se renvoyer la balle, chacun apprenant à vivre grâce à l'autre. Grégory Magne trouve un bon équilibre dans son écriture pour provoquer l’attachement du spectateur. Un sentiment obtenu également par les interprètes, Grégory Montel (Dix pour cent) et Emmanuelle Devos, tous les deux parfaits dans leur style respectif et tout en subtilité. Notons au passage la présence de la jeune Zélie Rixhon (déjà aperçue dans L’Incroyable Histoire du facteur Cheval), très juste dans le rôle de la fille de Guillaume, et qui par ses quelques scènes offre au film une touche d’émotion non négligeable. C’est d’ailleurs dans ces passages que Grégory Montel laisse entrevoir un jeu plus intime.
Sans tomber dans des clichés ou la facilité, Les Parfums s’avère être une comédie rafraîchissante et pleine de bonnes intentions. A l’image notamment de la question de la garde d’enfants, sujet principal de l’excellent Jusqu’à la garde, qui ici permet d’approfondir la relation père / fille. Dommage néanmoins que la thématique du “nez” ne soit pas poussée davantage. Au-delà d’une explication de la profession le film ne parvient pas, par le visuel ou des choix sonores, à faire réellement ressentir les odeurs évoquées - une provocation des sens toujours difficile à obtenir à l’écran. Les Parfums reste un beau moment de détente et de légèreté, pour le moins appréciable en cette période d'après confinement.
Les Parfums de Grégory Magne, en salle le 1 juillet 2020. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.