CRITIQUE / AVIS FILM - "L'Été dernier", le nouveau film de Catherine Breillat porté par Léa Drucker et le jeune Samuel Kircher, sur une relation incestueuse entre une femme et son beau-fils.
Dix ans d'attente pour Catherine Breillat
Catherine Breillat faisait son retour cette année au 76e Festival de Cannes. Dix ans après la sortie de son dernier film, Abus de faiblesse (2014) avec Isabelle Huppert et Kool Shen, la réalisatrice provocatrice présentait en compétition officielle L'Été dernier. Un film qui n'aura pas laissé indifférent. Ne serait-ce que par son sujet, qui a de quoi interroger.
L'histoire suit Léa Drucker dans le rôle d'Anne, une avocate spécialisée dans la défense des mineurs victimes d'abus. Évoluant dans un milieu plutôt bourgeois avec son époux Pierre (Olivier Rabourdin) et leurs deux filles adoptés, Anne va se confronter à Théo (Samuel Kircher), premier enfant de Pierre. Ce dernier, un adolescent de dix-sept ans, revient vivre chez son père. Malgré son esprit de rébellion, Anne va se rapprocher de son beau-fils, forger une relation, d'abord amicale, avant d'entamer une liaison incestueuse.
L'Été dernier : une relation problématique
C'est par des détails que Catherine Breillat rend l'ensemble de son film compréhensible. La froideur d'Anne devant une adolescente dans le mal dès la première scène n'est pas anodine. On comprendra alors pourquoi une femme de son âge, qui semble épanouie, va s'embarquer dans une telle situation.
Du moins, on comprendra qu'Anne est parfaitement consciente de ses actes et que, probablement, il ne s'agit pas de l'unique rapport problématique qu'elle aura eu dans sa vie (sa première fois dont elle refuse de parler, une relation étrange avec sa sœur). Une manière aussi de nous préparer à son absence totale de sentiment de culpabilité.
Mais surtout, la réalisatrice ne cherche pas à présenter ici une belle histoire d'amour romantique avec un mineur. Ce n'est pas parce qu'elle met en scène des séquences de sexe en s'attardant avant tout sur les visages et la respiration de ses interprètes, qu'il faudrait en tirer le moindre romantisme. Catherine Breillat filme avant tout l'emprise d'une femme en position de force sur un adolescent.
L'Été dernier est assez clair en présentant des personnages qui n'assurent pas leur rôle d'adulte. Et alors que Théo se la joue dans un premier temps beau ténébreux, il sera logiquement le plus blessé par cette relation. D'abord agaçant, il devient touchant car brisé par des adultes manipulateurs, menteurs ou inactifs, et surtout, in fine, tous complices.
Pas dénué de défauts et provoquant à la longue une certaine lassitude, L'Été dernier permet au moins à Léa Drucker d'offrir une performance notable. La comédienne surnage, capable de montrer un double visage effrayant. Nul doute que sans elle le résultat n'aurait pas été le même.
L'Été dernier de Catherine Breillat, en salles le 13 septembre 2023. Le film était présenté en compétition officielle au 76e Festival de Cannes. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.