CRITIQUE / AVIS FILM - Près de dix ans après "I'm Still Here", Casey Affleck repasse derrière la caméra avec "Light of My Life", film intimiste par excellence dans lequel il joue un père décidé à protéger sa fille dans un monde où la population féminine a disparu.
Casey Affleck en père protecteur dans Light of My Life
Casey Affleck ouvre Light of My Life sur une longue séquence de discussion entre un père (Casey Affleck) et sa fille Rag (Anna Pniowsky). Tous les deux sont allongés, avec la caméra placé au-dessus d'eux. Un moment d’intimité simple mais touchant durant lequel le père raconte une histoire qu’il invente au fur et à mesure sous le regard tantôt intrigué, tantôt méfiant de l’enfant. “En tant que cinéaste, je suis attiré par les histoires qui mettent en valeur notre humanité. L'histoire d'un parent dévoué par-dessus tout à son enfant en est une dans laquelle j'espère que tout un chacun pourra se retrouver”. Ces mots de Casey Affleck sont pour le moins représentatifs de ce qu’est Light of My Life, son second long-métrage comme réalisateur après I’m Still Here (2010), le faux documentaire avec Joaquin Phoenix.
Le film pourrait en effet se résumer autour de cette relation entre un père et sa fille. Mais pour insister davantage sur le rapport fusionnel entre les deux protagonistes, Casey Affleck place son intrigue dans un monde où la quasi-totalité de la population féminine aurait été éradiquée après une pandémie. Rag est ainsi une des rares filles épargnées. Mais craignant la violence du monde et de ce qui pourrait lui arriver si cela se savait, son père décide de vivre reclus dans la nature avec elle et de la faire passer pour un garçon auprès des rares personnes croisées. Une situation qu’on comprend avec inquiétude au fil de cette première séquence de Light of My Life, où le père, sous couvert de récit fictif sur des animaux, évoque en réalité leur propre situation dans un monde où l’espèce humaine ne comporte plus que des hommes.
Une relation père/fille anecdotique
Si l’intention de Casey Affleck est intéressante, tout comme l’épure de sa mise en scène (peu de mouvements de caméra et utilisation de plans larges), le résultat final laisse indécis. Dans le fond, le monde post-apocalyptique proposé par le cinéaste n’est pas d’un grand intérêt ni particulièrement novateur. Light of My Life souffre d’une comparaison évidente avec le très bon La Route (2009) de John Hillcoat, l’intensité en moins et une patte visuelle moins marquée. On observe ainsi avec une certaine passivité le quotidien de ce duo. L’obligation pour Rag de ne rien laisser paraître “de féminin”, notamment dans ses vêtements, mais également (et surtout) l’éducation que tente de lui inculquer son père. Une éducation qui réside dans la compréhension de ses propres actes et émotions, et dans la défense de causes d’actualité : déclaration antiraciste, un questionnement sur le genre, ou encore un discours féministe qui pourrait être vu comme un moyen de soigner son image de la part de celui qui, depuis 2010, a fait l’objet d’accusations pour harcèlement sexuel (remises en avant aux Oscars 2017). Reste néanmoins une dernière partie enfin prenante et qui, l’espace d’un instant, où le père doit lâcher sa fille (symboliquement et physiquement), parviendrait presque à bouleverser. Pas suffisant pour que Casey Affleck se révèle vraiment derrière la caméra comme un auteur pertinent.
Light of My Life de Casey Affleck, en salle le 12 août 2020. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.