CRITIQUE FILM - Avec cette comédie familiale maîtrisée, résultat d'une idée originale qu'il partage avec David Foenkinos, Jean-Paul Rouve réussit à faire rire et émouvoir. Dans l'air du temps, semblable à d'autres sorties récentes, le film conte une histoire de tendresse, d'imperfection et de résilience.
Lola et ses frères est la quatrième réalisation de Jean-Paul Rouve, et son deuxième film co-écrit avec le romancier à succès David Foenkinos. Comme pour Les Souvenirs, ce duo livre un film équilibré, passant avec finesse de la légèreté à la gravité dans une comédie où l’on ressent le plaisir d’écriture et d’interprétation.
Lola, Pierre et Benoît forment une fratrie attendrissante, parce qu’un peu perdue. Orphelins récents de leurs deux parents, ils se retrouvent régulièrement devant leur tombe pour échanger, ce qui finit invariablement en règlement de comptes. Le jour où Pierre (José Garcia) arrive en retard à l’énième mariage de Benoît (Jean-Paul Rouve) et qu’il s’y montre très maladroit, Benoît décide de couper les ponts. Lola (Ludivine Sagnier), au milieu, va tenter de réconcilier ses frères, tout en traçant son propre chemin.
On ne choisit pas sa famille
L’intelligence du film est d’aborder la délicate question des liens familiaux avec beaucoup d’humour, et de patience. Les différents enjeux du film se révèlent progressivement, et alors que le film s’installe dans une ambiance légère, un drame va toucher Lola. Jean-Paul Rouve et David Foenkinos ne font ainsi aucune économie et passe toute une vie familiale au crible : être un frère ou une sœur, être un parent, et rester un enfant. Comme Lola et ses frères est pour beaucoup une peinture de caractères, le choix de José Garcia et de Ludivine Sagnier se révèle très pertinent. Ces deux acteurs très expérimentés incarnent en effet à la perfection les joies et les tristesses du film.
Pour mettre en exergue les caractères particuliers de cette fratrie, Ramzy Bedia joue Zoher, un client de Lola – elle est avocate spécialisée dans les divorces, et excelle dans le rôle d’un amoureux sincère mais raisonnable. A la différence de Benoît et Pierre, tous deux aveuglés par leurs soucis respectifs, lui va comprendre Lola et essayer d’amener un peu de raison dans sa relation avec ses frères. La mise en scène est simple et efficace, seulement alourdie parfois par un usage répété de « on ira » de Goldmann, et plus largement d’une musique très variété française. Seul point clivant d’un film qui par ailleurs devrait réussir à toucher toutes les sensibilités.
Les comiques sont des gens tristes
Plutôt que de tristesse, parlons de mélancolie, et le film de Jean-Paul Rouve laisse paraître cette charmante idée : les gens les plus drôles sont souvent les plus soucieux ou les plus mélancoliques. Lola et ses frères choisit d’abord le rire et la dérision pour ouvrir son récit, avant de subtilement passer à plus de gravité : rendre son enfant fier, défier la solitude, surmonter les échecs, et enfin, faire famille. Une problématique intemporelle, propice à toutes les émotions, que Jean-Paul Rouve et ses comédiens réussissent parfaitement à jouer dans ce joli film. Adolescents, trentenaires, quinquagénaires et plus, le film vise un vaste public et pourrait, grâce à son joli récit familial, convaincre très largement.
Lola et ses frères, de Jean-Paul Rouve, en salles le 28 novembre 2018. Retrouvez ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.