Longlegs : un pur thriller cauchemardesque et satanique

Longlegs : un pur thriller cauchemardesque et satanique

CRITIQUE / AVIS FILM - Nicolas Cage joue un tueur en série satanique et très dérangeant face à Maika Monroe dans "Longlegs", le thriller terrifiant d'Osgood Perkins.

Longlegs : un film de sensations signé Osgood Perkins

Depuis ses débuts comme réalisateur, Osgood Perkins (fils d'Anthony Perkins) s'est montré bien habile pour provoquer des sensations d'angoisse au spectateur. Avec February (2015), son premier long-métrage, il plaçait Emma Roberts, Kiernan Shipka et Lucy Boynton dans un thriller inquiétant et glaçant. Cependant, on ressentait déjà chez le cinéaste certaines limites scénaristiques avec le sentiment d'être face à une coquille vide. Osgood Perkins s'intéresse au mal et se place généralement à la limite du fantastique. Si ses ambiances sont à la hauteur en matière de malaise, on ressort de ses œuvres trop souvent perplexe sur leur intérêt véritable. Et sur le discours (s'il y en a) que le réalisateur souhaite faire passer.

Maika Monroe - Longlegs ©Metropolitan
Maika Monroe - Longlegs ©Metropolitan

Car le cinéma d'Osgood Perkins n'est pas de l'ordre du divertissement. C'est un auteur de films indépendants qui devrait donc avoir des choses à dire. Mais là encore, l'aspect simpliste qui découle de son cinéma est rarement à la hauteur des espérances. Ceci étant, en se plaçant dans cette démarche de sensation pure, Longlegs, son quatrième long-métrage, atteint des sommets de terreur. Un film terrifiant, cauchemardesque qui parvient à hanter son audience. Cette capacité d'Osgood Perkins à faire ressentir un effroi aussi pur et palpable, à une époque où on pensait avoir déjà tout vu, a quelque chose de remarquable.

Maika Monroe face à Nicolas Cage

Le film suit, dans les années 1990, Lee Harker, une agent du FBI qui enquête sur un tueur en série (surnommé Longlegs). Un tueur bien particulier, puisqu'il ne tue pas directement. Il manipule ses victimes pour qu'elles massacrent elles-mêmes leur famille avant de se suicider. Ce tueur, c'est Nicolas Cage qui l'incarne, méconnaissable derrière un visage bouffi et des cheveux blancs. Pour sa première apparition, Osgood Perkins se garde de montrer entièrement cet antagoniste. L'imposant Longlegs dépassant du cadre (au format 4/3 au début du film), le réalisateur crée ainsi un mélange d'ironie (par son surnom) et d'angoisse. Une angoisse qui sera maintenue tout du long avec cette crainte de voir à nouveau surgir ce monstre joyeux à la voix aiguë (sorte de version monstrueuse de Michael Jackson).

Nicolas Cage - Longlegs ©Metropolitan
Nicolas Cage - Longlegs ©Metropolitan

Si Nicolas Cage est comme toujours génial d'exubérance, la présence de Maika Monroe pour incarner Lee est aussi un choix judicieux d'Osgood Perkins. La comédienne, révélée dans It Follows, est de ces actrices faites pour le cinéma de genre et horrifique (comme avec le récent Watcher). Même si elle n'apparaît jamais comme une victime mais comme une héroïne active (version plus asociale de Jodie Foster dans Le Silence des agneaux, une référence évidente), on se tend à chaque fois que le danger se rapproche d'elle.

Un sommet de terreur

Bien sûr, Osgood Perkins n'invente rien. Il frustre même par la simplicité de son scénario et ses révélations prévisibles. On peut aussi lui reprocher de ne pas être assez clair sur ses intentions. Trop sérieux sur la question du satanisme avec une part de fantastique inexplicable, le cinéaste fait en même temps preuve d'une certaine ironie, notamment en faisant référence au groupe de rock T. Rex. Reste qu'avec Longlegs, rarement une œuvre aura réussi à provoquer un tel inconfort et une telle fascination grâce à des éléments, en soi, relativement simples. L'effet est là, avec un film dont on ne ressort pas indemne. Rien que ça, c'est déjà beaucoup.

Longlegs d'Osgood Perkins, en salles le 10 juillet 2024. Ci-dessus la bande-annonce.

Conclusion

Note de la rédaction

"Longlegs" aurait pu être un chef-d'œuvre horrifique avec un scénario à la hauteur, mais les sensations terrifiantes que provoque Osgood Perkins en font un film à part.

Note spectateur : Sois le premier