CRITIQUE / AVIS FILM - Premier long-métrage du scénariste Richard Curtis, "Love Actually" s’est imposé avec le temps comme un incontournable de la comédie romantique.
Love Actually : un baptême du feu ambitieux
Sorti en 2003, Love Actually marque le passage à la réalisation de Richard Curtis, professionnel de la comédie romantique ayant officié en tant que scénariste sur Quatre mariages et un enterrement, Coup de foudre à Notting Hill ou encore Le Journal de Bridget Jones. Pour ce baptême du feu, le cinéaste a réuni la crème des acteurs britanniques, qu’il s’agisse de débutants prometteurs ou de comédiens chevronnés.
Film choral qui débute quelques semaines avant le réveillon de Noël, Love Actually s’intéresse aux destins d’une vingtaine de Londoniens qui se connaissent de près ou de loin. Parmi eux figure notamment un Premier ministre fraîchement élu qui développe des sentiments pour son assistante, au point d’en oublier la politique et de se brouiller avec le président américain. Un veuf doit par ailleurs appréhender les souffrances et les émotions de son beau-fils après le décès de son épouse. Enfin, une quadragénaire en pleine préparation des festivités découvre avec impuissance que son époux est en train de tomber sous le charme de sa secrétaire.
Le pari de Richard Curtis de construire une multiplicité de récits autour d’un même thème et de les faire tenir sur un peu plus de deux heures paraissait risqué, surtout pour un premier film. Si l’on met de côté des transitions qui brouillent la perception du temps du spectateur pour se focaliser sur les protagonistes, le réalisateur s’en sort particulièrement bien. Chaque intrigue aboutit et aucun personnage n’est laissé sur le bas-côté.
L’amour sous toutes ses formes
L’amitié entre une rockstar sur le déclin et son fidèle manager, la romance impossible entre un homme et l’épouse de son meilleur ami, les sacrifices d’une sœur pour veiller sur son frère admis dans un hôpital psychiatrique… Love Actually aborde l’amour sous de nombreuses formes, parfois profondément tristes, mais sans jamais céder à la fatalité.
Richard Curtis n’offre pas une issue de rêve à tous ses personnages. Pour certains, les sentiments ne sont plus au rendez-vous, la lassitude laissant place à la solitude, tandis que pour d’autres, le bonheur peut enfin se savourer à deux. Des nuances qui empêchent le film de se retrouver noyé sous une avalanche de bons sentiments, même si ces derniers sont bien évidemment présents, fête de Noël oblige.
Les amateurs de comédies romantiques n’ont donc aucun mal à trouver leur compte dans ce long-métrage célébré depuis près de vingt ans, où chacun a la possibilité de s’identifier à une ou plusieurs des histoires contées.
Un casting phénoménal
L’une des autres grandes qualités de Richard Curtis est sa direction d’acteurs. À travers la bienveillance d’un beau-père inquiet et rassurant, le réalisateur rappelle par exemple que Liam Neeson est un très grand acteur dramatique. Avant d’exploser dans Orgueil et préjugés et Domino, Keira Knightley est déjà extrêmement touchante, et fait l’objet de l’une des déclarations d’amour les plus cultes du septième art dans le film.
Le cinéaste exploite également à merveille la décontraction de Bill Nighy, son comédien fétiche, exceptionnel en chanteur désabusé qui succombe malgré tout à la magie des fêtes de fin d’année. Il joue aussi très bien de la bonhomie de Colin Firth, ainsi que du flegme de Hugh Grant, qui forme un duo particulièrement attachant avec Martine McCutcheon, bien plus spontanée que lui. Enfin, Emma Thompson et le regretté Alan Rickman excellent dans les rôles de deux époux qui découvrent tardivement que leur couple est à la dérive, et pour qui la désillusion sera de taille. Une galerie de personnalités brillantes au service d’un long-métrage universel, aux émotions savamment dosées et à ranger parmi les classiques de Noël.
Love Actually de Richard Curtis. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.