CRITIQUE / AVIS FILM – Le cultissime gentleman cambrioleur Lupin revient sur grand écran dans "Lupin III The First". Après ses innombrables apparitions au cinéma et à la télévision, le héros au grand cœur est de retour dans sa première aventure en 3D.
Lupin : une véritable icône de la pop culture
Arsène Lupin est un personnage culte de la pop culture. Créé en 1967, à travers le manga de Monkey Punch, il est porté sur grand écran à peine deux ans plus tard. Cette première adaptation était un téléfilm pilote produit par le studio TMS Entertainment (alors appelé Tokyo Movie). Le but était de produire le premier long-métrage Arsène Lupin dans la foulée. Mais le projet n'aboutit finalement qu'en 1971 sous la forme d'une série télé. Après le départ du réalisateur phare Masaaki Osumi, la production emploie deux nouveaux arrivants : Isao Takahata et un certain Hayao Miyazaki. Ces derniers transforment la série et lui donnent une approche plus comique.
Il faut attendre 1978 pour voir le tout premier film Arsène Lupin avec Le Secret de Mamo, réalisé par Soji Yoshikawa. Face à son succès, un deuxième film est lancé dans la foulée. Réalisé alors par Hayao Miyasaki, Le Château de Cagliostro est le tout premier film de cet artiste destiné à devenir une légende de l'animation. Aujourd'hui encore, ce premier essai est considéré comme un monument du genre.
À partir de là, Arsène Lupin sera partout, tout le temps, à travers de nombreuses séries et des adaptations cinématographiques. Depuis le film de Miyasaki, trois autres séries et deux autres métrages ont vu le jour. Et tout ceci, c'est sans compter les adaptations étrangères, comme par exemple le film de Jean-Paul Salomé ou la future série portée par Omar Sy. Bref, Arsène Lupin est un personnage emblématique. Et Lupin III : The First est la toute première adaptation cinématographique japonaise du mythe depuis 23 ans.
Une animation en 3D inédite pour un divertissement efficace
Dirigé par Takashi Yamazaki, cette proposition est inédite, et le sous-titre y fait explicitement référence. The First permet de souligner cet aspect unique, tout en teasant l'ouverture d'une potentielle saga. Et l'animation en 3D, même si elle n'est pas toujours totalement au point, notamment dans l'expression des visages, promet quelques fulgurances visuelles renversantes. Même si l’esthétique pêche parfois dans les détails des personnages, n'atteignant pas la précision de certains studios comme Pixar, les paysages, les décors, et le traitement de l'action demeurent splendides. Si les imperfections sont présentes, Lupin III est néanmoins une proposition extrêmement fluide, qui offre ainsi des mouvements limpides, d'une beauté certaine.
Globalement, Lupin III est un divertissement agréable, qui remplit parfaitement son cahier des charges. Une entreprise qui parvient à imposer sa propre identité, sa propre patte, tout en respectant l'énorme héritage de la franchise. Takashi Yamazaki trouve le juste milieu entre indépendance et hommage. Rythmé, efficace, explosif, extravagant, Lupin III est un show maîtrisé, endiablé, et globalement percutant. Le cinéaste n'hésite pas à offrir des références appuyées à James Bond, à travers quelques clins d’œil d'espionnage, et à Indiana Jones, en dérivant carrément les trois épreuves de La Dernière croisade. Le film doit également beaucoup à ses personnages secondaires, avec notamment Daisuke Jigen et Goemon Ishikawa, heureusement toujours aussi impactant. En tout cas, ce Lupin III parvient parfaitement à s'adapter à l'occidentalisation de son personnage, à travers un mélange des cultures assez savoureux et parfaitement exécuté.
Une certaine faiblesse dans l'écriture
Malheureusement, Lupin III pêche un peu par son écriture parfois limite. Les dialogues et le scénario sont un peu faibles. La faute à une approche, de temps à autre, assez enfantine. Que ce soit dans les vannes, dans les conversations, dans le cliché des personnages, dans l'écriture du méchant et à cause d'une histoire trop téléphonée, Lupin III pâti de ces choix d'écriture trop paresseux.
L'antagoniste est malheureusement beaucoup trop classique pour totalement convaincre. Un cliché ambulant qui n'apporte pas grand chose d'autre qu'une simple opposition aux tribulations des héros. L'intrigue est téléphonée, et n'est pas aidée par la faiblesse des dialogues et des blagues, qui demeurent quand même assez bas de plafond. Quant aux enjeux d'héritage et la romance qui animent les deux protagonistes, ils sont quand même d'une facilité déconcertante... Enfin, le climax décide de tomber dans une surenchère pas forcément indispensable, qui lorgne plus vers Transformers qu'Arsène Lupin. Dommage.
Lupin III - The First de Takashi Yamazaki, en salle le 7 octobre 2020. Ci-dessus la bande-annonce. Découvrez ici toutes nos bandes-annonces.