CRITIQUE / AVIS FILM - Après "Insidious", les sociétés de production spécialisées dans l'horreur Blumhouse et Atomic Monster refont équipe sur "M3gan". Cette poupée tueuse est dotée d'un énorme potentiel, que le film n'exploite hélas pas suffisamment…
M3gan : une amie qui vous veut du bien
Les personnages de M3gan ne sont pas des lumières et le long-métrage se réjouit de leur bêtise dès les premières scènes. Le film s'ouvre sur une publicité pour d'adorables petites peluches animées capables d'accompagner les enfants partout et de leur répondre. Lorsqu'elles sont nourries virtuellement, ces bestioles vont même jusqu'à faire de véritables crottes.
Propriétaire de l'une d'elles, Cady (Violet McGraw) se réjouit d'aller au ski avec ses parents quand ces derniers se retrouvent bloqués dans une route enneigée, apprennent l'existence des chaînes et se font encastrer par une déneigeuse. Après seulement trois minutes, la fillette est orpheline et doit aller vivre chez sa tante Gemma (Allison Williams), la conceptrice de ces fameux jouets.
Pour l'aider à faire son deuil et ne pas avoir à trop s'occuper d'elle, Gemma crée M3gan pour Cady, "la plus grande avancée technologique depuis l'automobile" selon son patron cynique. Cette poupée dotée d'une intelligence artificielle révolutionnaire doit avant tout respecter deux principes fondamentaux : protéger Cady et ne pas lui faire de mal. Des règles qu'elle va prendre un peu trop au sérieux...
Un terrain balisé
Difficile de se frayer une place parmi les jouets tueurs, qui possèdent un sous-genre de l'horreur sur lequel Chucky règne en maître depuis près de 35 ans. La poupée Good Guy créée par Don Mancini séduit toujours autant les amateurs grâce à sa vulgarité et ses mauvaises blagues, mais surtout grâce à sa capacité à se renouveler au cinéma ou à la télévision en s'attaquant à de nombreux concepts et lieux référencés, sévissant tour à tour à Hollywood, dans un manoir isolé, dans un hôpital psychiatrique ou encore dans un couvent.
En 2013, James Wan (ici producteur et à l'origine de l'intrigue avec Akela Cooper) présente par ailleurs une poupée statique et incapable de parler dans Conjuring : Les Dossiers Warren. La petite Annabelle a depuis eu droit à trois longs-métrages et est devenue l'un des esprits démoniaques emblématiques du Conjuring Universe.
M3gan se place entre Annabelle et Chucky, empruntant son regard vide à la première et son ironie cruelle au second. Difficile pour elle de faire preuve d'originalité, puisque le film reprend en plus l'intelligence artificielle de Child's Play : La Poupée du mal, reboot de la franchise Chucky qui s'éloigne de la saga initiale. Évoluant face à des personnages tous plus stupides les uns que les autres et dans une direction artistique très pauvre évoquant les pièces factices d'un magasin de mobilier, la pauvre M3gan ne dispose pas d'un énorme terrain de jeu pour faire un carnage.
Une tueuse qui manque de folie
Le long-métrage n'est cependant pas dénué de séquences réjouissantes. Il y a tout d'abord celles où le visage de la meurtrière commence à s'animer et dissimule à peine ses plans machiavéliques. Après une mise en place un peu longue, ses premiers meurtres ne manquent pas d'inventivité et de méchanceté.
Effectués par la jeune comédienne Amie Donald, les mouvements de la tueuse sont la plus grande réussite de M3gan. C'est lors d'une course-poursuite en forêt et d'un numéro mêlant danse et contorsion que la poupée devient particulièrement effrayante. Malheureusement, le film n'exploite pas suffisamment la gestuelle sauvage de son robot massacreur, limite le nombre de victimes et n'échappe pas à une fin évidemment ouverte, mais consensuelle. Dommage, M3gan méritait mieux.
M3gan de Gerard Johnstone, en salles le 28 décembre 2022. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.