MaXXXine : une quête mortelle vers la gloire hollywoodienne

MaXXXine : une quête mortelle vers la gloire hollywoodienne

CRITIQUE / AVIS FILM – Avec "MaXXXine", Ti West conclut sa trilogie horrifique sur la célébrité en plaçant Mia Goth dans le Hollywood des années 1980, où sévit un tueur satanique.

La trilogie horrifique de Ti West

Avec ses trois films, X (2022), Pearl (2022) et MaXXXine (2024), Ti West a mis un sacré coup au cinéma horrifique, au sens large du terme. Trois œuvres liées par des thématiques et une certaine continuité scénaristique. Mais néanmoins indépendantes, avec des styles différents qui rendent hommage à une multitude de sous-genres. Ainsi, X met en scène, à la fin des années 1970, un petit groupe dans une ferme isolée. Ces derniers souhaitent tourner un film porno, mais ils se retrouvent confrontés aux deux vieux propriétaires des lieux. Plus qu’une relecture de Massacre à la tronçonneuse (1974), le long-métrage évoque d’une part le rapport à la sexualité, et pose d’autre part la question de la célébrité par le biais de Maxine (Mia Goth), performeuse désireuse de devenir une star par n’importe quel moyen.

Mia Goth - MaXXXine ©Condor Distribution
Mia Goth - MaXXXine ©Condor Distribution

Pearl revient lui aux origines de ce récit. Dans cette même ferme, à la fin des années 1910, se trouve la future propriétaire des lieux (toujours interprétée par Mia Goth). Une jeune fille psychologiquement instable, malmenée par une mère autoritaire et frustrée par un mari parti à la guerre. Rappelant Psychose (1960), Pearl est davantage un drame psychologique rendu mémorable par la prestation de Mia Goth.

Mia Goth en pleine puissance

Vient donc enfin le slasher MaXXXine, dans le Hollywood des années 1980. Maxine Minx, unique rescapée du massacre de X, tente de se reconvertir dans un cinéma traditionnel. Il ne faut pas longtemps à Ti West pour tirer une fois de plus le meilleur de sa comédienne. Son entrée, alors que s’ouvre pour elle l’immense porte du studio, fait son effet. Puis, en pleine audition pour un film d’horreur, Mia Goth passe remarquablement d’une émotion à l’autre. Une rupture de ton en un clin d’œil, et elle redevient une femme pleine d’assurance. D’ailleurs, à la sortie de son audition, elle ira fanfaronner devant les autres actrices. Une attitude aux antipodes de Pearl, dévastée en son temps après l’échec de son passage sur les planches.

Puis, Ti West nous plonge définitivement dans les années 1980. Gimme All Your Lovin de ZZ Top en fond sonore, l’année 1985 plein cadre et un générique pouvant sortir d’une série télé de l’époque. Ronald Reagan annonce la fin d’une ère pour l’Amérique, tandis que la drogue, le satanisme et un tueur en série (le Night Stalker) effraient la nation. Au milieu de tout cela, voilà Maxine Minx, lunettes de soleil, talons hauts et jean moulant, qui débarque dans un club de striptease.

Mia Goth - MaXXXine ©Condor Distribution
Mia Goth - MaXXXine ©Condor Distribution

Toujours la même dégaine et une force d’attraction qui ne fait que grandir. Ce n’est pas tant qu’on la désire. Mais l’espace d’un instant, on voudrait carrément être cette héroïne au charisme éblouissant, et au caractère de feu. En atteste sa réaction musclée lorsqu’un détective privé (Kevin Bacon) vient lui mettre un peu trop la pression. C’est d’ailleurs là la modernité de Ti West de proposer un personnage aussi complexe et puissant, qui n’a rien d’une proie facile pour ces hommes qui voudraient la dominer ou la protéger.

Du giallo sur l’horreur hollywoodienne

Si le jeu de Mia Goth a atteint des sommets dans Pearl, avec MaXXXine, la comédienne est dans un autre registre, mais n’en demeure pas moins fascinante. Rarement une actrice aura aussi bien fait corps avec le rôle qu’elle incarne. Et ce, en dépit d’un scénario moins « agréable », car volontairement grotesque. Ti West rend ici hommage au cinéma des années 1980 et au giallo. Il en assume donc la ringardise. Il y mêle un romantisme télévisuel et une forme d’onirisme décalé, hérités aussi bien de Brian de Palma (Body Double et Pulsion) que de David Lynch (Mulholland Drive), entre autres.

MaXXXine ©Condor Distribution
MaXXXine ©Condor Distribution

MaXXXine faiblit malheureusement dans son dernier acte. Une partie qui n’est pas dénuée d’idées visuelles jouissives (ce corps démembré dans une valise qui dégringole les escaliers), mais qui déçoit par des révélations simplistes – bien que toujours propres au genre de référence –, et après une enquête peu passionnante au centre de l’intrigue. Reste en sous-texte la représentation d’Hollywood par Ti West. Par le sort qui est réservé aux starlettes, le réalisateur offre une vision du milieu terriblement pertinente.

Dans un cynisme effrayant, on y voit des actrices insouciantes et toujours en quête de gloire, se rendre dans des soirées d’inconnus. Une fois disparues, on ne leur accordera pas plus qu’une minute de silence avant de les remplacer. Et même pas la gloire posthume d’une Elizabeth Short, dite le Dahlia Noir. Une manière bien vue de conclure cette trilogie de la célébrité, entre l’horreur grotesque et de sordides rêveries.

MaXXXine de Ti West, en salles le 31 juillet 2024. Ci-dessus la bande-annonce.

Conclusion

Note de la rédaction

Moins surprenant que "X", et bien moins mémorable que "Pearl", "MaXXXine" demeure une conclusion logique et maîtrisée de la trilogie horrifique de Ti West. Mia Goth impressionne à nouveau dans cet hommage au giallo pas dénué de touches de modernité.

Note spectateur : Sois le premier