CRITIQUE / AVIS FILM - Gerard Butler doit sauver les passagers de son avion dans le thriller efficace "Mayday", second film américain de Jean-François Richet après "Blood Father" 2018.
Gerard Butler, ce héros normal
Gerard Butler a navigué entre plusieurs genres durant sa carrière. Mais ces derniers temps, c'est vers l'action qu'on le retrouve le plus souvent. Si dans le lot l'acteur n'a pas toujours opté pour des productions de qualité, lui, a toujours été impeccable dans ce genre et ses variantes. Ces variantes justement, c'est elles qui ont permis à certaines des œuvres du comédien de sortir du lot.
Comme l'étonnant Greenland (2020), en réalité davantage film catastrophe où Gerard Butler n'a rien d'un "super-héros". Il est dedans un simple père de famille qui va tenter de rejoindre sa famille pour l'amener dans un abri alors qu'une comète s'apprête à percuter la Terre.
On retrouve des similitudes avec, Brodie Torrance, son personnage dans Mayday, la nouvelle réalisation américaine du français Jean-François Richet. Celui-là même à qui l'on doit le diptyque sur Mesrine (en 2008), le très bon L'Empereur de Paris (2018) ou encore la série B ultra efficace Blood Father (2016) portée par Mel Gibson. Le cinéaste présente ainsi un homme normal, simple pilote d'avion, à l'image de Butler lui-même, ce working class hero d'après les termes du Français.
Y a-t-il un Butler dans l'avion ?
À son arrivée (en retard) à l'aéroport, Brodie se permet une dernière conversation avec sa fille pour lui assurer qu'il arrivera à temps pour le réveillon du Nouvel an. En trois lignes de dialogues Richet pose la caractérisation de son personnage, non pas sans une certaine ironie inévitable avec ce genre d'acteur. Car tout comme on ne pouvait que s'amuser de voir Mel Gibson en ex-taulard dans une caravane tirer sur des bandits mexicains en gueulant "C'est foutu pour ma correctionnelle !" dans Blood Father, avoir ici Gerard Butler change la donne. Par rapport à nos attentes sur les situations à venir et à notre ressenti sur le personnage et ses actions.
On sait alors un peu à quoi s'attendre, même si Richet parvient à surprendre en mixant judicieusement deux genres au sein d'un thriller bien mené. Dans un premier temps, Mayday est un pur film catastrophe. Alors qu'il est pris dans une tempête, Brodie devra tout faire pour sauver ses passagers et trouver un moyen d'atterrir. Durant ce premier tiers, la tension est palpable, accentuée par la présence d'un prisonnier (Mike Colter) qui doit être extradé.
Jean-François Richet en maîtrise avec Mayday
Le réalisateur aurait pu s'en contenter et concentrer uniquement son film là-dessus. Mais après un atterrissage compliqué sur une île près des Philippines, les ennuis commencent. L'endroit étant aux mains d'insurgés, qui voient là l'opportunité de kidnapper les passagers pour réclamer une rançon. On bascule dès lors dans un survival brutal avec un Brodie dépassé par la situation (en atteste un combat oppressant, violant et réaliste) mais épaulé par le prisonnier plus honorable qu'en apparence. Un moyen pour Richet d'inclure la thématique de la rédemption, si présente dans son cinéma.
Grâce à des éléments simples d'écriture, et à une réalisation maîtrisée, le cinéaste maintient une crédibilité constante qui en conséquence capte l'attention. Le tout, non pas sans (s')offrir un final explosif avec une fusillade jubilatoire. Le plaisir est là, rien n'est à jeter, l'effet Butler a encore fonctionné.
Mayday de Jean-François Richet, en salles le 25 janvier 2023. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.