CRITIQUE / AVIS FILM - Dur, dur d’être un adulte. Prolongement de son court-métrage "L’enfance d’un chef", Antoine de Bary signe avec "Mes Jours de gloire" un premier long-métrage alternant légèreté et gravité, le tout sur le thème de l’adulescence et ses petites contrariétés. Un premier essai réunissant les écueils et promesses d’un début.
Qu’est-ce que grandir ? Et devenir un homme alors ? De ces questions banales maintes fois traitées au cinéma, Antoine De Bary va puiser dans ses souvenirs de jeunesse et ses craintes de jeune adulte pour cerner le phénomène de l’adulescence dans Mes jours de gloire ; comprenez adolescence prolongée à l’âge adulte. Une tendance vers laquelle semble s’attacher à nos sociétés contemporaines. L’allongement de la durée des études, la difficulté d’accéder à un emploi, les éventails de choix de vie qui s’élargissent lorsqu’on est jeune ; au final tant d’occasions de faire du procrastinateur débrouillard un Peter Pan des temps modernes :
Aujourd’hui, j’ai l’impression qu’il y a une sorte d’injonction à la réussite cool Par exemple, je suis toujours tétanisé de voir sur Instagram les gens qui postent des choses sur eux en train d’écrire un scénario par exemple. Je me dis “merde, tout le monde a des projets et moi je ne fous rien”. Ce terme de “projet” est comme une plaie de l’époque. Avant, il y avait une sorte de parcours de vie adulte logique, sur rails : un job, un appart, puis une famille... Aujourd’hui, entre 20 et 30 ans, il y a mille choix de vie et, quelque part, c’est un peu angoissant
reconnaît le réalisateur dans un entretien communiqué à la presse.
Chronique générationnelle
En cela Mes Jours de gloire tend vers ce que l’on peut appeler la chronique générationnelle. Grandir est une épreuve aussi drôle qu’effrayante… qu’il est toujours plus confortable de repousser à plus tard. Et c’est sur ces deux tableaux, comique et dramatique, que le film d’Antoine de Bary va prétendre jouer. D'entrée, le film joue de manière malicieuse avec le spectateur lors de sa séquence d’ouverture où Adrien, personnage principal, prétextant une fuite de gaz, appelle les pompiers pour récupérer ses clefs oubliées derrière la porte.
De ces petites scènettes agréables se développe une première partie marquée par un rythme comique léger et bien senti. Les saillies humoristiques sont bien dosées et incarnées à la perfection par un Vincent Lacoste plus vrai que nature. On y parle problème d’érection, incarnation de De Gaulle, questionnement de la virilité avec un flegme amusé plutôt déconcertant et efficace. Le reste du casting ne manque pas de verve : entre une Noée Abita déstabilisante de naturel et un Christophe Lambert assez touchant en papa dépassé.
Un air de déjà-vu
Mais il y a une deuxième partie. Plus sérieuse, plus dramatique, plus bancale aussi. Un sérieux qui sied moins bien à Mes jours de gloire d’Antoine de Bary, lui qui performait dans la comédie. L’on bascule alors plus en apparence dans une espèce de dramédie moins aboutie dans son propos. Un balbutiement probablement dû à l’écueil d’un premier long-métrage dont on retrouve ici toute la sincérité et la fragilité. Un tâtonnement aussi sur la forme pour une œuvre estampillée « premier film français » qui finit par manquer cruellement de personnalité. Comme la sensation d’avoir déjà vu cela une vingtaine de fois.
Peu d’idées de mise en scène, peu de travail sur l’image, le cadre, le découpage pour un film qui ne manque pourtant pas de panache. Il ne sort réellement jamais d’une zone de confort esthétique et c’est bien dommage. Pour un film qui parle des galères et angoisses d’être jeune adulte, on devrait sentir de l’urgence, de la vie, un peu de fureur mais le tout reste plutôt sage et finalement assez convenu. Cependant cela n’enlève rien au charme communicatif d’un film qui a de la douceur à revendre et un sens de la comédie plaisant. Et c’est déjà pas mal.
Mes Jours de Gloire d'Antoine de Bary, en salle le 26 février 2020. La bande-annonce ci-dessus. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.