CRITIQUE FILM - François Damiens signe avec "Mon Ket" son premier long-métrage. Que vaut cette première plongée sur grand écran ? Le passage de la TV au cinéma est-il réussi pour l’humoriste belge ? Éléments de réponse.
Sur les écrans ce mercredi 30 mai, Mon Ket, est le tout premier long-métrage réalisé par François Damiens, devenu célèbre grâce à ses délicieuses caméras cachées.
On l’a connu grimé en François l’Embrouille ou en Claudie Faucan dans Dikkenek, on retrouve cette fois-ci François Damiens sous les traits de Dany Versavel, un détenu qui décide de s’évader de prison pour retrouver son fils de 15 ans, Sullivan, qui demande l’émancipation. Pour Dany, son fils (ou « son ket » selon l’expression belge) c’est sa vie et il est hors de question de le laisser filer, il a tant de choses à lui enseigner. Un apprentissage à son image bien sûr, au pied de biche, sans pudeur ni retenue.
Surprise sur prises
Premier élément de surprise lorsque le film commence : un panneau indiquant que la majorité des gens à l’image ne sont pas des acteurs, mais des inconnus piégés par François Damiens. Pour ceux qui connaissent un peu le bonhomme, ça n’augure que du bon ! Le belge est en effet passé maître dans l’art de la caméra cachée puisqu’il piège de parfaits inconnus avec son personnage de François l’Embrouille depuis les années 2000. Certaines séquences, hilarantes, sont d’ailleurs devenues cultes ("Benjamin ? Préjent !") et lui, une véritable star en Belgique, si bien qu’il lui est aujourd’hui impossible de tourner sans être reconnu. Il lui fallait donc se glisser dans la peau d’un nouveau personnage pour son premier long-métrage qu’il prépare depuis déjà plus de trois ans.
Ce personnage c’est Dany Versavel, un « baraki » comme disent les belges. C’est à dire un type complètement en marge de la société, sans foi ni loi, qui fait ce dont il a envie. Pour se glisser dans sa peau, François Damiens devait s’enquiller trois à quatre heures de maquillage journalier, la seule façon pour lui de lâcher prise totalement, et de ne ressentir aucune gêne face aux personnes piégées. Et de la gêne, vous risquez d’en avoir ! Si vous êtes fan de François l’Embrouille, vous savez à quel point les situations provoquées par Damiens peuvent être compliquées à regarder pour les spectateurs tant il peut instaurer un climat d’intense malaise, qui n’a d’égal que sa créativité.
Si à la télévision il se contentait de piéger les gens à l’extérieur, dans Mon Ket, François Damiens s’immisce chez les inconnus. D’une prison à un hôpital en passant par un bureau de tabac, Dany Versavel n’épargne personne, et ses rencontres, toutes plus farfelues les unes que les autres, donnent lieu à des situations délirantes et surtout, totalement hilarantes. Alors on vous le dit tout de suite : si vous n’appréciez pas François l’Embrouille, vous n’apprécierez pas Dany Versavel. Pour les autres en revanche, ces 90 minutes seront délicieuses.
L’Embrouille sur grand écran
On aurait pu penser que le passage de la télévision au cinéma serait compliqué pour un tel dispositif mais le grand écran sied étonnamment bien à la caméra cachée et permet de lui donner de l’ampleur au niveau de la réalisation. Avec son talent d’improvisation hors pair, François Damiens piège des inconnus hauts en couleur, tout en gardant un fil(s) conducteur qui permet à l’ensemble de rester cohérent et même parfois touchant. La seule limite que le comédien s’impose est de ne pas blesser les personnes piégées, pour qui il ressent une profonde tendresse. Cette bienveillance permet à nous, spectateurs, de rire de tout, même si certaines séquences sont parfois très gênantes à regarder.
En d’autre termes, nous conseillons ce film à tous les fans de François l’Embrouille, qui retrouveront avec plaisir l’humour déjanté du comédien belge. Pour les autres en revanche, vous risquez de trouver ces 90 minutes bien longues et assez lourdingues. Nous, on valide à 100% !
Mon Ket de François Damiens est à découvrir dès le 30 mai dans les salles. Ci-dessus la bande-annonce.