CRITIQUE / AVIS FILM - Vous avez trouvé que cette année était épuisante ? Vous n'êtes pas les seuls, rassurez-vous. Pour en remettre une couche et essayer de boucler ce chapitre, Charlie Brooker et Annabel Jones nous sortent "Mort à 2020" sur Netflix, un faux documentaire dans lequel le cynisme est roi.
Mort à 2020 : retour sur une année particulière
D'aucun ne contestera que cette année 2020 aura été exceptionnelle à plus d'un égard. Le coronavirus a été dans tous les esprits et continue encore de faire parler de lui. D'autres événements importants ont eu lieu, comme les élections présidentielles aux Etats-Unis ou encore la mort de George Floyd. Charlie Brooker et Annabel Jones nous invitent à jeter un regard par-dessus notre épaule pour se remémorer de quoi ont été fait les douze derniers mois.
Les créateurs de Black Mirror ont déjà prouvé qu'ils savaient se positionner en observateurs attentifs de l'époque, pour mettre en évidence nos travers. Mort à 2020 (réalisé par Al Campbell et Alice Mathias) prend la forme d'un faux documentaire humoristique où des acteurs se font passer pour des experts, des personnalités et des quidams, qui donnent leur avis et leur sentiment sur cette année.
Le film s'ouvre avec Samuel L. Jackson qui incarne un journaliste à qui l'on propose de faire une rétrospective de 2020. "Pourquoi faire un truc pareil ?", dira-t-il. Une réponse que l'on pourrait aussi poser à Charlie Brooker et Annabel Jones, tant leur dernière proposition rebondit sur une actualité qui se suffisait déjà à elle-même.
Dès ses premières scènes, avec son défilé de stars qui apportent une vraie valeur ajoutée (Samuel L. Jackson donc, Hugh Grant, Lisa Kudrow, Kumail Nanjiani, Leslie Jones, Joe Keery), Mort à 2020 annonce la couleur en voulant que chaque phrase prononcée devienne une vanne. Le film enchaîne à une vitesse folle les répliques pensées pour être cinglantes. Certaines marchent - on doit l'avouer -, beaucoup voient leur effet s'évaporer en un rien de temps.
Ce faux documentaire reprend 2020 depuis le début et avance mois par mois, retraçant les événements majeurs qui se sont déroulés dans le monde, en gardant tout de même les Etats-Unis et la Grande-Bretagne dans le viseur. Forcément, il existe en abondance de la matière avec tout ce que l'on a vu et vécu dernièrement. Les chaînes d'information ont déjà tellement rabâché les mêmes choses que l'on n'apprendra évidemment rien avec Mort à 2020. Le but n'est pas de rafraîchir les mémoires mais de passer tout à la moulinette d'un humour piquant. Sans rien n'avoir de si pertinent à dire.
Un film déjà has been ?
Mort à 2020 se pense être une grande satire politique qui attaque de front le mandat de Donald Trump, les travers de l'Amérique, Boris Johnson et d'autres cibles privilégiées. Elle ne fait, en réalité, que pointer du doigt ce que tout le monde a déjà largement commenté. Le film arrive la dernière semaine de l'année et il paraît presque déjà obsolète. Sorti rapidement pour tomber dans cet ultime créneau de l'année, il lui manque le recul nécessaire pour trouver des angles intéressants.
Mort à 2020 tire sur une ambulance ayant déjà les roues crevées, le moteur en vrac et le gyrophare qui a rendu l'âme. Les cibles sont faciles et les balles tirées avec précipitation, sans véritable inspiration. Pour résumer grossièrement l'humour du film, on a une bonne dose de blagues sur l'absence d'intelligence de Boris Johnson, sur le comportement de Donald Trump ou encore sur la vieillesse de Joe Biden. Rien de bien sulfureux là-dedans ni de très fin - ce n'est pas comme si Twitter n'avait pas déjà labouré à outrance ces terrains.
On attendait autre chose de la part de Charlie Brooker et Annabel Jones que des blagues qui nous racontent que Joe Biden était déjà âgé dans les années 1950. Leur film capte, bien sûr, l'esprit de notre époque avec la vérité qui se retrouve coincée entre des mensonges balancés avec un aplomb désarmant. On espérait plus explosif comme feu d'artifice final et, pas sûr que ce documentaire placé sous l'égide du fake aura une durée de vie conséquente. Comme 2020, on voudra lui aussi vite l'oublier pour passer à autre chose. Quelque part, c'est peut-être ce qu'il réussit de plus pertinent par rapport à son sujet.
Mort à 2020 de Al Campbell et Alice Mathias, disponible sur Netflix le 27 décembre 2020. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.