CRITIQUE / AVIS FILM - "Music of my Life", nouveau film de la réalisatrice révélée par "Joue-la comme Beckham", raconte la rébellion d'un jeune anglais d'origine pakistanaise dans les années Thatcher, sur la bande-son de son maître à penser Bruce Springsteen. Un film facile mais divertissant, bien fait mais inoffensif.
Le film musical Music of my Life s’inscrit avec fluidité dans la catégorie très dense des films britanniques sur la musique. Avec une BO bien organisée autour du thème du film, et un discours libérateur, Music of my Life réussit à divertir et à émouvoir.
Music of my life est un film musical. Avant de l'être formellement, avec des séquences chantées et dansées, il est dans son intention une déclaration d'amour à la musique et à son pouvoir. Son pouvoir d'identification, puis d'émancipation. Il suit ainsi une ligne très classique : la révélation par la musique, celle de Bruce Springsteen en l'occurence, d'un destin. Et la résolution des problèmes qui bloquaient jusque-là ce destin.
Music of my life, "good enough"
Ce destin est celui de Javed Khan, interprété par Viveik Kalra, jeune homme d'origine pakistanaise qui aime le rock, écrire des poèmes et des paroles pour le groupe de musique de son ami Matt. Des activités que son père Malik, old school, désapprouve, et qui considère que son fils devrait se trouver un travail discret, besogneux, comme lui, et ne pas chercher à vivre hors de sa communauté. Javed a une route de soumission toute tracée dans l'Angleterre de Margaret Thatcher, avec une situation de fils d'immigré et de classe laborieuse qui le confine à la marge.
Mais la découverte de la musique du Boss, grâce à son ami Roops, va l'aider à s'affranchir de ces barrières. En réalité, tout est très classique dans Music of my Life, et le cheminement de Javed ne mène jamais dans des coins sombres ou complexes. Si une jeunesse précaire est la base du film, il n'y a pas de gravité dans le film, la réalisatrice Gurinder Chadha, révélée avec Joue-la comme Beckham, choisissant de tout miser sur un feel good movie basique.
Les séquences de chant et de danse sont bien réalisées, et d'une manière générale toute la mise en scène fonctionne, formatée avec application. De la même façon, tout le casting joue sa partition consciencieusement, avec une égalité monotone. Beaucoup repose sur Javed et autour de lui les différents profils sont plutôt univoques. Il y a sa petite amie Eliza, jeune fille de bonne famille mais définitivement rebelle. Il y a Roops, son pote de musique, il y a Matt aussi, son meilleur ami qui comprend de moins en moins son émancipation, lui appartenant de père en fils à la working class anglaise blanche. Et puis son voisin, qu'on suspecte d'être un retraité tendance fasciste, quand on finit par le découvrir vétéran humaniste et fervent combattant du nazisme. Mais caricatural dans son effet, Music of my Life l'est aussi sur le fond.
Un film musical à la fausse note sociale
Pourquoi Springsteen à Luton, ville ouvrière du centre de l'Angleterre ? Parce que la musique est universelle, et que le discours de Bruce Springsteen, serait-il 100% américain, résonne particulièrement dans les oreilles de Javed, et pour la jeunesse anglaise de la fin des années 80. Parce qu'il s'agit de liberté, de départ, de nouvelle vie, de destinée à forcer. Mais Javed voit bien que Springsteen reste confidentiel, c'est pourquoi il s'agit d'abord d'une rencontre intime, et que la musique du Boss va libérer la plume de journaliste de Javed.
Si l'émancipation qui s'en suit est sympathique quand elle concerne sa vie amoureuse et son rapport à son père, la critique du thatchérisme et de la xénophobie qui s'exerçait sur ces communautés immigrées tombe à plat. C'est une pâle toile de fond dans un tableau qui mélange beaucoup de thèmes, sans doute trop pour vraiment convaincre. Enfin confiant dans la vie, décidé à ne plus s'en tenir aux limites, Javed partira pour un voyage aux Etats-Unis sur les terres d'origine de Bruce Springsteen. Une fin agréable et idyllique qui finit de décorréler la rébellion de Javed avec l'environnement et la culture contre laquelle le film veut pourtant l'opposer.
Music of my Life, de Gurinder Chadha. Au cinéma le 11 septembre. La bande-annonce ci-dessus.Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.