CRITIQUE / AVIS FILM - Trois ans après les faits, Jean-Jacques Annaud revient sur l'incendie d'un monument emblématique avec "Notre-Dame brûle". Un long-métrage inégal, oscillant entre le ridicule et le grand spectacle.
Notre-Dame brûle : un symbole ravagé par les flammes
Le 15 avril 2019, un incendie se déclare dans la charpente de Notre-Dame de Paris. Dans les rues de la capitale, des centaines de badauds observent avec impuissance les flammes dévorer la cathédrale, assistant notamment à la chute de la flèche. Jusqu'au lendemain, les pompiers luttent contre les flammes, craignant que la structure puisse s'effondrer à tout moment. Un événement que Jean-Jacques Annaud retranscrit heure par heure dans Notre-Dame brûle.
L'ouverture du long-métrage pointe d'emblée son potentiel, ainsi que ses défauts. Le lieu symbolique et le triste concours de circonstances permettent au cinéaste de s'essayer au film catastrophe, genre particulièrement rare en France. Et le réalisateur fait immédiatement comprendre que les possibilités visuelles l'intéressent plus que le reste.
Du rythme mais pas de personnages
Notre-Dame brûle présente rapidement les différents protagonistes qui vont jouer un rôle plus ou moins important dans ce combat contre le feu. Malgré la présence de Thomas Bidegain (Un prophète, De rouille et d'os) au scénario, le long-métrage peine à donner de la consistance à ses personnages.
Nombre d'entre eux sont accessoires et servent uniquement à se raccrocher à un point de vue pour avancer dans la journée. L'interprétation parfois hasardeuse et leur présence purement anecdotique plombent les ressorts émotionnels que Jean-Jacques Annaud veut créer. C'est par exemple le cas d'une mère et sa fille qui visitent la cathédrale lors du départ de l'incendie, ou du gardien qui sonne l'alerte.
En mettant l'accent sur le rythme et l'aspect sidérant des images, le cinéaste oublie souvent les acteurs de cette histoire. Il tente néanmoins de développer des sous-intrigues. Certaines d'entre elles deviennent involontairement risibles malgré les touches d'humour, à l'image de la course effrénée du régisseur de la cathédrale Laurent Prades (Mickaël Chirinian), qui essaie désespérément de se rendre sur place malgré la poisse qui le ralentit. D'autres parcours fonctionnent, comme celui du capitaine Francis (Dimitri Storoge), pompier qui fait preuve d'un sang froid exceptionnel et qui se retrouve avec la responsabilité de devoir récupérer la Sainte Couronne.
Une ode au courage des pompiers
Tout ne sonne pas faux dans le film mais le spectateur est constamment balancé entre des séquences gênantes (l'apparition d'Anne Hidalgo, pour n'en citer qu'une), et d'autres impressionnantes. Ce déséquilibre se ressent également à travers l'alternance entre des images d'archives d'une qualité médiocre et des plans stupéfiants.
En résulte un long-métrage maladroit et inégal. Jean-Jacques Annaud semble toutefois plus à l'aise lorsqu'il se consacre pleinement aux pompiers en action, au cœur de la fournaise. Sa volonté de mettre en valeur leur force collective, leur respect mutuel et leur sens du sacrifice prennent le dessus dans un dernier acte plus mesuré et moins guignolesque.
Quelque part entre le ridicule et le grand spectacle, entre Sa Majesté Minor et Stalingrad, le film ne fera sans doute pas date dans la carrière de son réalisateur, mais témoigne quoi qu'il en soit de son envie de rendre hommage au courage des sauveteurs mobilisés au cours d'un événement marquant.
Notre-Dame brûle de Jean-Jacques Annaud, en salles le 16 mars 2022. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.