Nous les chiens : face à l’abandon les chiens se serrent les pattes

Nous les chiens : face à l’abandon les chiens se serrent les pattes

CRITIQUE / AVIS FILM – Après « Lili à la découverte du monde sauvage », Oh Sung-yoon et Lee Choon-baek collaborent à nouveau ensemble pour « Nous, les chiens », film d’animation mature sur la cruauté humaine envers des chiens abandonnés et livrés à eux-mêmes.

Quand on pense film d’animation centré sur des chiens, le premier qui vient en tête aujourd'hui est probablement L’Île aux chiens de Wes Anderson. Une superbe aventure dans laquelle un petit garçon japonais tente de retrouver son chien, expulsé sur une île en raison d’une grippe qui se propage dans toute la population canine. Sujet quasiment similaire pour Nous, les chiens, sauf qu’ici le Japon fait place à la Corée, et qu’il n’a pas été nécessaire d’imaginer un monde dystopique pour mettre en scène l’abandon des animaux de compagnie par leurs maîtres.

Ainsi, on découvre Moong-chi, emmené par son maître en pleine nature. Après l’avoir distrait à l’aide d’une balle de tennis, ce dernier repart en voiture et laisse son chien face à l’incompréhension, le doute et la tristesse. Dès lors il faudra avoir le cœur bien accroché avec Nous, les chiens. Car en dépit de bons sentiments mis en avant dans le film, Oh Sung-yoon et Lee Choon-baek n’épargnent pas le spectateur de sujets et passages sombres et violents. Comme si la mort de Mufasa dans Le Roi Lion, séquence traumatisante pour toute une génération d’enfants, avait été dupliquée et trouvait des équivalents à au moins quatre ou cinq reprises dans le film de Disney.

Nous les chiens : face à l’abandon les chiens se serrent les pattes

Car Moon-chi va découvrir la vraie vie des chiens. En faisant la rencontre d’une petite meute de chiens également abandonnés, il verra qu’il faut ruser pour se procurer à manger, notamment en mendiant devant un restaurant. Une manière pour les cinéastes de faire, finalement, un rapprochement entre ces animaux et des humains vivants dans la pauvreté, provoquant ainsi un sentiment bien particulier à l’égard des protagonistes à quatre pattes. Puis, s'ajoute un autre groupe, une famille de chiens vivant dans la nature profonde et préférant chasser d’autres animaux pour éviter tout contact avec les humains dont ils se méfient. Mais la venue de Moon-chi va faire basculer leur quotidien en attirant malgré lui un chasseur sans scrupule qui souhaite attraper les animaux pour les revendre.

Là encore, le duo met en scène des séquences surprenantes pour un film d’animation visant un public, a priori, assez jeune. Des passages pouvant trouver des similitudes avec le cinéma d’animation d’Amblin et des Disney plus anciens, où la mort et les difficultés de la vie sont traitées de manière frontale. Sans oublier la quête de liberté et une critique de la cruauté humaine qui sont au cœur du récit de Nous, les chiens. Et dans une dernière scène (se déroulant à la frontière entre la Corée du Nord et du Sud), cette quête de liberté pourrait là aussi apparaître comme une métaphore pour que l’homme revienne à la simplicité de la nature et ainsi à une forme d’humanisme désintéressé, incarnée par un couple tenant un refuge pour animaux. Enfin, en proposant autour de cette histoire, peu originale mais pertinente et touchante, une animation singulière et surtout des décors faisant ressentir la matière picturale du dessin, Nous, les chiens parvient à offrir de beaux moments pour sensibiliser son audience.

 

Nous, les chiens de Oh Sung-yoon et Lee Choon-baek, en salle le 22 juin 2020, présenté lors du 14e festival du film coréen à Paris. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.

Conclusion

Note de la rédaction

Sans disposer d'un scénario très original, "Nous, les chiens" reste un film touchant à l'animation singulière, porté par des sujets forts sur le rapport de l'homme aux animaux et la quête de liberté.

Note spectateur : 2.85 (2 notes)