AVIS / CRITIQUE FILM - Mélanie Laurent tente de survivre dans un caisson cryogénique dans l’oppressant "Oxygène". Un long-métrage claustrophobe et énigmatique signé Alexandre Aja, qui prouve à nouveau sa maîtrise du huis clos après "Crawl".
Oxygène : Mélanie Laurent captive et amnésique
La claustrophobie a déjà prouvé son efficacité en tant que moteur de suspense dans le cinéma de genre. Les prisonniers de Cube vivent par exemple un véritable enfer en tentant de s’extraire de leur geôle labyrinthique. La Mariée de Kill Bill Vol. 2 incarnée par Uma Thurman doit puiser très loin dans ses souvenirs pour sortir de la tombe de Paula Schultz où elle est enterrée vivante. Le routier campé par Ryan Reynolds a bien du mal à tempérer ses nerfs pour ne pas gaspiller de l'air dans Buried. Rester calme dans les pires conditions, c’est aussi ce que doit faire la femme interprétée par Mélanie Laurent dans Oxygène.
L’héroïne du nouveau film d’Alexandre Aja se réveille dans un caisson cryogénique. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, elle doit en plus faire face à une amnésie. La captive parvient rapidement à entrer en contact avec l’intelligence artificielle de l’habitacle baptisée M.I.L.O., qui porte la voix de Mathieu Amalric. Si l’interface est dans l’incapacité de la laisser sortir, elle peut néanmoins lui fournir de précieuses informations. Son niveau d’oxygène dépassant à peine les 30%, la femme fait tout pour découvrir avec le peu de temps qu’il lui reste qui elle est et le lieu où elle se trouve.
Un huis clos haletant
Avec Crawl, son précédent long-métrage, Alexandre Aja s’aventurait déjà sur le terrain du huis clos. Alors qu’un ouragan de catégorie 5 frappait la Floride, une jeune femme et son père se retrouvaient coincés dans une maison inondée et envahie par les alligators. Sur Oxygène, le réalisateur passionné de Haute tension et La Colline a des yeux s’astreint donc à une unité de lieu nettement plus réduite.
Et à aucun moment le caisson cryogénique ne devient un frein au rythme et ne donne la sensation d’une œuvre limitée. Au contraire, le spectateur se dit en permanence que l’héroïne n’a pas fini d’en percer les secrets. La performance tout en intensité de Mélanie Laurent, alternant entre perte de repères, maîtrise de soi et moments de panique permet tout d’abord l’identification et l’envie de trouver des réponses à ses côtés. Sa conversation avec M.I.L.O. est par ailleurs déroutante. Tant que les questions ne lui sont pas posées, l’interface n’offre pas des réponses essentielles qu'elle est pourtant en mesure de donner.
Enfin, le design du caisson le fait devenir tour à tour un allié ou un ennemi du protagoniste. Du tissu organique censé le préserver au bras articulé capable de couper ou de lui injecter des sédatifs, les détails sont nombreux et savamment pensés. Pour souligner la notion d’enfermement et de solitude, le réalisateur propose des plans mémorables utilisés avec parcimonie. C'est notamment le cas d’un traveling arrière cloîtrant le personnage dans les ténèbres.
Des twists au service de l’émotion
Oxygène a le mérite de ne pas se reposer sur ses twists et de voir toujours au-delà de ses révélations. L’un d’entre eux s’avère relativement prévisible mais une fois dévoilé, il favorise encore plus l’attachement à l’héroïne.
L’intérêt de Crawl était de montrer deux êtres terrassés par des forces supérieures pour les obliger à s’aider et à renaître en tant que famille unie. Ici, ce sont les bribes d’une histoire d’amour qui poussent le personnage à continuer d’avancer et à ne jamais renoncer à son instinct de survie.
Qu’il s’agisse de la réalité autour de l’identité de la femme ou du virage inattendu pris par le film à la fin du deuxième acte et magnifié par un plan vertigineux, les éléments de surprise du scénario servent en permanence l’évolution du protagoniste. En dire davantage pourrait gâcher le plaisir du visionnage d’un long-métrage qui fonctionne totalement, même s’il s’appuie sur des mécanismes bien connus.
Oxygène, disponible sur Netflix dès le 12 mai 2021. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.