Pas de vagues : thriller implacable pour sujet brûlant

Pas de vagues : thriller implacable pour sujet brûlant

CRITIQUE : Découvrez notre avis sur le film "Pas de vagues" de Teddy Lussi-Modeste avec François Civil en salles ce 27 mars. Le comédien trouve ici son meilleur rôle, celui d'un enseignant pris au piège d'un engrenage infernal, après l'accusation grave d'une de ses élèves.

Pas de vagues : la parole sous toutes ses formes

Avec Pas de vagues, son troisième long-métrage, le réalisateur Teddy Lussi-Modeste s'attaque à un lourd sujet : l'éducation nationale, articulé autour d'un jeune professeur idéaliste magistralement incarné par François Civil qui trouve ici son meilleur rôle. Ce dernier, cherchant à dépasser les limites traditionnelles de l'enseignement pour se connecter véritablement avec ses élèves, se trouve pris dans un tourbillon de conséquences après avoir été accusé de harcèlement par l'une d'entre elles.

Inspiré de faits réels ayant touché le réalisateur lui-même, ce film explore les complexités du rôle d'enseignant face au climat sociétal actuel. Le titre du film fait référence au hashtag lancé sur Twitter en 2018 par des enseignants dénonçant l'abandon par leur hiérarchie dans un contexte de violence de plus en plus présent.

Contrairement aux attentes suscitées par sa bande-annonce, qui avait été sévèrement critiquée, le sujet du film n'est pas l'accusation en elle-même, mais plutôt la complexité des dynamiques à l'œuvre. Il met en lumière la parole sous toutes ses formes : accusatrice, libératrice, réparatrice, mais surtout comme outil fondamental de l'éducation.

En écho aux récentes tragédies

La véritable prouesse de Teddy Lussi-Modeste et de sa coscénariste Audrey Diwan (L'Événement) réside dans sa capacité à mettre en lumière les mécanismes psychologiques et sociaux qui s'activent de part et d'autre, tant chez le professeur accusé que chez l'élève. La narration donne voix à toutes les perspectives, culminant dans une scène de libération de la parole d'une force inouïe, véritable pivot autour duquel gravite l'ensemble du récit.

Dans le film, Julien, et par extension, le réalisateur, engage une introspection sur son propre rôle et ses actions. Au lieu de se positionner en seule victime, le professeur s'interroge sur sa part de responsabilité d'enseignant.

Pas de vagues critique également les institutions qui semblent avoir perdu leur capacité à écouter et à soutenir, notamment l'éducation nationale et les services de police. Teddy Lussi-Modeste, à travers une mise en scène épurée, adopte les codes du thriller, enfermant progressivement le personnage principal dans une situation sans issue, amplifiée par la menace latente du grand frère de l'élève, faisant écho aux tragédies de Samuel Paty et Dominique Bernard, tous les deux assassinés dans le cadre de leur fonction d'enseignant.

Conclusion

Note de la rédaction

Pas de vagues se révèle être un thriller intimiste captivant, qui, tout en prenant de la distance avec les faits réels, s'élève pour examiner le malaise profond des enseignants. En mettant en avant la capacité du professeur à se remettre en question, le film offre une réflexion puissante sur la nécessité d'une écoute mutuelle au sein de notre société.

Note spectateur : 5 (1 notes)