CRITIQUE / AVIS FILM - On ne le sait pas forcément mais la franchise "Rambo" est adaptée d’un roman canadien éponyme de David Morrell, publié en 1972. Entre 1983 et 2019 ce sont cinq films Rambo, tous portés par Sylvester Stallone, qui ont envahi les salles de cinéma. A la fois discours politiques intelligents sur l’armée et les soldats, et navets en puissance, la saga "Rambo" a connu des hauts et des bas. Puisque "Rambo : Last Blood" est sorti en cette fin d’année, petit retour sur le premier opus de la franchise.
Auréolé de son succès sur les trois premiers Rocky fin des années 1970, Sylvester Stallone était voué à devenir une icône du cinéma d’action américain. Et Rambo était le parfait tremplin pour poursuivre cette ascension. Nous sommes en mars 1983, et le tout premier opus de la saga Rambo sort dans les salles.
Rambo : First Blood et premier succès
Réalisé par Ted Kotcheff, ce premier épisode est voué à devenir un classique du genre, et une référence en matière de cinéma d’action. Intitulé First Blood, le long métrage raconte comment John Rambo, un ancien combattant de la guerre du Viêt Nam, doit se réadapter à la vie sociale après l'enfer qu’il a vécu. Alors qu’il débarque dans une petite ville isolée, il se fait pourchasser par les autorités locales pour vagabondage. Débute une histoire plus intelligente qu’il n’y paraît.
Rambo : First Blood est un film d’action parfaitement maîtrisé qui met en scène Sylvester Stallone dans l’un de ses deux rôles cultes. Pour l'époque, le réalisateur partage des scènes d'action gores, qui ne se brident pas, et proposent des visions d'action inédites. Sylvester Stallone est habité par son personnage, et transmet une interprétation puissante. Aidé par son regard de fou, il entre dans la peau de ce vétéran comme personne auparavant.
Un discours politique inattendu
Outre des scènes d’action plutôt sanglantes pour l’époque, ce qui n’a pas fait l’unanimité, Rambo est un constat d’échec du gouvernement américain. La guerre du Viêt Nam se conclut en 1975, et s’affiche comme une débâcle économique, humaine et sociale totale dans l’histoire des États-Unis. Un conflit long et absurde, qui a sacrifié de nombreux soldats dans les deux camps. Sylvester Stallone et Ted Kotcheff décident de se concentrer sur cette réalité. Parce que si Sly apparaît comme une brute un peu stupide dont la seule ligne de dialogue restera : « c’était pas ma guerre », le sujet social du long métrage est beaucoup plus pertinent qu’il veut le laisser paraître. Le scénario dépeint une Amérique fatiguée, qui porte les stigmates d’une guerre sans lendemain. Sylvester Stallone incarne un héros national dont l’équilibre mental est resté dans la forêt du Viêt Nam. Dépassé, désolé, détruit psychologiquement, First Blood traite du syndrome post-traumatique, et dresse le portrait d’un soldat pour qui la guerre ne s’est jamais arrêtée et qui voit le monde qui l’entoure comme un danger permanent.
La faute n’est pas placée sur lui, mais bien sur une administration qui délaisse ses soldats, les décore de médailles en guise de salut, et les renvoie dans la nature sans soutien psychologique et financier. Ted Kotcheff pointe du doigt un gouvernement qui n’encadre pas les combattons qu’il a utilisé sciemment, comme des pions sans intérêt, ni avenir. Avec sa représentation négative des forces de l’ordre, ce premier Rambo met en lumière l’incapacité des puissants à faire leur devoir de citoyen, et plus largement d’être humain. Il met en exergue l’utilisation abusive des guerriers du Viêt Nam, et leur abandon post-conflit. Alors certes, Rambo n’est pas non plus une thèse détaillée du sujet, demeurant avant tout un film d’action musclé, mais il n’empêche qu’il ne faut pas sous-estimer l’impact du long métrage, et sa pertinence historique.
Rambo de Ted Kotcheff, en salles le 2 mars 1983. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.