CRITIQUE / AVIS FILM - Avec "Dernière nuit à Milan", Andrea Di Stefano propose un film policier extrêmement efficace et tendu et met à nouveau en avant les qualités d'acteur de Pierfrancesco Favino.
Pierfrancesco Favino impressionne dans Dernière nuit à Milan
Dans Dernière nuit à Milan (dont le titre original, L'ultima notte di Amore, est peut-être plus pertinent), Pierfrancesco Favino (Le Traitre et Nostalgia) interprète Amore, un policier honorable sur le point de prendre sa retraite. Durant ses 35 ans de service, il s'est toujours montré juste et n'a jamais eu à faire l'usage de son arme. Celui qui "n'a jamais tiré" s'apprête donc à, cette fois, tirer sa révérence. Mais sa dernière nuit sera mouvementée et tragique.
Le film s'ouvre par un long plan filmé au drone pour balayer la ville de Milan. Le genre de plan que ne renierait pas Michael Mann qui a tant sublimé Los Angeles (Heat, Collateral). La musique, presque tribale avant des notes au piano, accompagne le générique fait de grandes lettres rouges. Déjà, la tension est palpable et se maintient dans les minutes qui suivent. Nous voilà au cœur d'une fête en l'honneur d'Amore avant sa retraite, organisée par sa compagne (Linda Caridi, qui compose avec un personnage féminin plus riche qu'imaginé).
Mais à la manière de Brian de Palma avec Snake Eyes, les détails ne trompent pas. Et l'arrivée d'Amore, faussement surpris par cette fête organisée en son honneur, continue d'intriguer dès lors que ce dernier se laisse étonnamment submerger par l'émotion. Une émotion stoppée net par son supérieur qui le convoque sur une scène de crime où gît le corps de son collègue Dino.
Un polar maîtrisé à tous les niveaux
De là, le réalisateur Andrea Di Stefano revient dix jours plus tôt pour nous raconter ce qui a mené à ce drame - pointant directement le problème des trop faibles salaires de la police et la corruption en Italie. De cette manière, le cinéaste ne laisse jamais entrevoir la finalité de cette affaire, sans pour autant forcer sur des retournements de situations. L'écriture de Dernière nuit à Milan est en cela parfaitement maîtrisée, car tout se révèle au fur et à mesure.
Après la première moitié du film, le cinéaste rabat les cartes. Une poursuite en voiture extrêmement tendue durant laquelle Andrea Di Stefano prouve ses qualités de metteur en scène, et voilà que le suspense est à son comble. Sans jamais trop en faire, restant plutôt sobre dans sa réalisation, mais avec une utilisation puissante de la musique de Santi Pulvirenti (avec un thème au synthétiseur, très 80's, qui accompagne tout du long), le réalisateur capte l'attention du spectateur sans jamais la lâcher.
Après Paradise Lost (2014) et The Informer (2018), il propose avec Dernière nuit à Milan un pur polar au suspense sans faille et à l'émotion non négligeable, dans lequel Pierfrancesco Favino continue d'être sublimé. La justesse de son jeu fait d'Amore un personnage empathique. Un policier juste qui n'aura fauté qu'une seule fois, mais qu'on pardonnera volontiers. D'où l'intelligence de ce dernier plan, qui à la manière du final des Soprano laisse au spectateur le choix de la sentence.
Dernière nuit à Milan d'Andrea Di Stefano, en salles le 7 juin 2023. Le film a fait l'ouverture du 3e Festival international du film policier. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.