CRITIQUE / AVIS FILM - Nicolas Hoult entretient une relation toxique avec Dracula génialement incarné par Nicolas Cage dans la comédie horrifique "Renfield".
Dracula version Nicolas Cage
Voilà un moment que Nicolas Cage est devenu une sorte de concept. Le moteur de productions en tout genre qui justifient leur utilité par la seule présence de l'acteur. Qu'importe parfois la qualité, tant que Nic Cage est là ! Il n'y a qu'à voir ses dernières sorties, qu'on pourrait résumer de la sorte. "Nicolas Cage en ermite accompagné d'un cochon" pour le très bon Pig (2022). "Nicolas Cage dans son propre rôle face à un truand milliardaire" pour Un talent en or massif (2022). Ou encore "Nicolas Cage dans une combinaison en cuir qui explosera dans cinq jours s'il ne sauve pas une jeune fille kidnappée" pour le Prisoners of the Ghostland (2021) de Sion Sono.
Et encore, ces exemples ne sont peut-être pas les plus improbables de sa carrière. Mais à cela vient donc s'ajouter Renfield, ou "Nicolas Cage en Dracula". Encore une bonne idée pour permettre à l'acteur d'en faire des caisses comme on (l')aime. Cependant, comme le titre l'indique, Dracula n'est pas le héros le sujet du nouveau film de Chris McKay (Lego Batman, le film, The Tomorrow War). Le héros ici, c'est R. M. Renfield, le serviteur fou du célèbre vampire issu du roman de Bram Stoker.
Une relation toxique avec Renfield
Incarné par Nicholas Hoult, Renfield s'occupe de fournir Dracula en sang et de le protéger lorsqu'il doit recouvrir ses forces. Le voilà donc de nos jours, le teint blafard, asservi à une créature cachée dans un bâtiment en ruine. Chris McKay montre cette histoire relation sous un autre angle en mettant en scène son protagoniste durant des séances de groupe pour lutter contre les relations toxiques. Là encore, le concept gagne en intérêt par ce décalage entre l'image de Dracula dans l'inconscient collectif et ce qui en est montré ici.
Le vampire est certes une créature terrifiante et sans pitié. Mais en mettant de côté ses pouvoirs surnaturels, il n'est au fond rien d'autre qu'un pervers narcissique. Un patron abusif qui cherche à maintenir son emprise sur son employé. C'est du moins en nous plaçant du point de vue de Renfield que la problématique psychologique prend cette tournure, ajoutant une part d'humour noir bienvenue dans ses confrontations avec Dracula.
Sanglant mais encore trop sage
Si Un talent en or massif ne poussait malheureusement pas suffisamment loin son concept, Renfield s'en donne à cœur joie, principalement visuellement. Chris McKay propose dès la première séquence une débauche d'hémoglobine et d'explosion de membres grâce à un Dracula au sommet de sa forme. Et rebelote, quelques minutes plus tard avec Renfield qui dispose lui aussi une puissance démesurée, lui permettant de décapiter une brute de deux mètres sans trop de difficulté.
Pour autant, passée une première moitié de film réjouissante, le film s'enfonce doucement dans un récit trop classique et attendu, scénarisé par Ryan Ridley (Rick et Morty) d'après une histoire de Robert Kirkman (The Walking Dead). On se serait bien contenté de voir Dracula et Renfield en séance chez un psy pour régler leurs problèmes. Mais le scénariste privilégie une histoire de gang avec une policière (Awkwafina) seule pour leur tenir tête - mais aidée par Renfield.
Et bien que Nicholas Hoult soit bon dans le rôle de Renfield, l'incarnation folle de Nicolas Cage aurait mérité de lui donner bien plus de temps à l'écran. L'acteur surnage encore une fois au sein d'un divertissement de bonne facture, bien rythmé mais un peu trop sage.
Renfield de Chris McKay, en salles le 31 mai 2023. Découvrez ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.