CRITIQUE FILM - Otto Bathurst, qui a notamment travaillé sur les séries "Black Mirror" et "Peaky Blinders", est chargé de réadapter le mythe de Robin des Bois au cinéma. Pour l'occasion, il choisit le jeune Taron Egerton en Robin, Jamie Foxx en Petit Jean et Ben Mendelsohn en shérif.
Avec Robins des Bois, Otto Bathurst décide de totalement moderniser l'histoire du héros. Le long-métrage raconte d'avantage l'histoire de Robin de Loxley que celui du voleur à capuche. Après les croisades dans les pays d'orient, Robin est de retour à Nottingham, et va être la main de la révolution. Même si le cinéaste préfère partir d'un postulat de départ un peu différent, cette nouvelle version raconte sensiblement la même chose.
Il n'y a pas vraiment de souci avec la modernisation des contes et des histoires. Parfois, cela fonctionne parfaitement, comme ce fut le cas avec Pirates des Caraïbes et Sherlock Holmes. Gore Verbinski a totalement dépoussiéré les histoires de pirates tandis que Guy Ritchie a modernisé l'écriture de Conan Doyle. Parfois, cela ne fonctionne qu'à moitié, comme avec le récent King Arthur, encore de Guy Ritchie. Mais souvent, ça se plante royalement, comme avec Prince of Persia ou Les Trois Mousquetaires. Ce nouveau Robin des Bois se range dans cette dernière catégorie tellement le film de Otto Bathurst est un fourre-tout incompréhensible.
Une relecture modernisée fourre-tout
Le cinéaste ne sait pas vraiment sur quel pied danser et mange à tous les râteliers. Tu veux moderniser Robin ? Pas de souci, mais assume le jusqu'au bout. Au moins, dans King Arthur, Guy Ritchie allait au bout de son délire bancal. Ici, alors que l'époque est censée être le Moyen Âge, le spectateur est confronté à des mitrailleuses de flèches, des grenades, des gilets par balles, des pulls sortis du XXIème siècle, ou encore des boucliers anti-émeute. On caricature légèrement, mais on n'est pas loin de la vérité. Les images qu'offre Otto Bathurst donnent l'impression d'être sorties d'un film de guerre moderne ou d'un film d'heroic fantasy. Sauf que rien ne destine le long-métrage à entrer dans cette catégorie. Rien de fantastique ne vient titiller Robin qui est finalement bien au Moyen Âge classique. Avec des explosions dans tous les sens et un bordel numérique sans nom, Robin des Bois n'a plus grand chose à voir avec le Prince des Voleurs...
Cette volonté de faire quelque chose de nouveau est à souligner. Au moins, Otto Bathurst n'a pas fait un bête copier-coller des précédentes adaptations. Mais il est très loin d'avoir signé un bon film. Le scénario évoque vaguement une rébellion qui pourrait avoir une quelconque résonance avec l'actualité, mais celle-ci est terriblement fade. Robin doit ensuite reconquérir le cœur de sa dulcinée tout en jouant au justicier : Robin de Loxley le jour, Robin des Bois la nuit. Et... C'est à peu près tout. Otto Bathurst n'a pas grand chose à raconter et meuble son histoire avec des scènes d'action incessantes.
Mais une relecture surtout ratée
Si quelques ralentis parviennent à être sympathiques, le cinéaste en abuse très rapidement pour masquer son manque de vision artistique. Les effets spéciaux ne sont pas toujours réussis, et les incrustations sur fond vert sont hideuses. En 2018, de gros studios parviennent encore à créer des effets spéciaux moches, trahis par de mauvais fonds verts et animations. On atteint le summum avec cette course-poursuite en calèche. Si ce n'est l'impression d'avoir affaire à une course de F1, le rendu décroche la rétine.
Mais ce n'est finalement pas le seul problème. Le casting ne relève pas forcément la qualité du film. Taron Egerton refait son pitre façon Kingsman sans réelle différence, Eve Hewson qui interprète Marianne joue bien mal, tandis que F. Murray Abraham s'est perdu en cours de route. Seul le charisme de Ben Mendelsohn vient réveiller un tant soit peu nos instincts de cinéphiles. Mais le plus drôle restera quand même le personnage de Jamie Foxx. Une relecture totalement absurde de Petit Jean, dont l'évasion des cachots restera sans doute comme une des plus bâclées de l'histoire du cinéma.
Robin des Bois amoncelle les clichés et les séquences gênantes, soit par de mauvais effets spéciaux, soit par de mauvais acteurs, souvent par une mauvaise écriture. Sont-ils franchement obligés de s'embrasser en plein milieu d'un combat, avec des ennemis à deux mètres ? Le pire, c'est qu'il est impossible de prendre le film au second degré, tant le sérieux qu'il distille est omniprésent. Bref, on pourrait faire le procès de ce film encore pendant des heures. Sachez simplement qu'il s'agit d'une très mauvaise adaptation mais qui a quand même le mérite d'être rythmée, et pourrait s'avérer, éventuellement, distrayante, en cas d'arrêt fonctionnel de votre cerveau.
Robin des Bois d'Otto Bathurst, en salles le 28 novembre 2018. Ci-dessus la bande annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.