Ruby, l'ado kraken : c'est moche, pas très malin et très bruyant...

Ruby, l'ado kraken : c'est moche, pas très malin et très bruyant...

CRITIQUE / AVIS FILM - Après le récent "Le Chat Potté 2 : La Dernière quête", DreamWorks propose "Ruby, l’ado kraken", ou les aventures d'une adolescente maladroite qui cache sa véritable identité de kraken. Elle va être rattrapée par son héritage, lorsqu’elle tombe à l’eau…

Ruby, l’ado kraken : du vu et revu

DreamWorks ont mis tout le monde d’accord avec l’excellent Le Chat Potté 2 : La Dernière quête, sublimé par une animation dantesque et des thématiques autour de l’angoisse passionnantes. Le film avait donc relancé l'intérêt pour le studio, en perdition depuis quelques temps maintenant. Et c’est avec une certaine curiosité qu'on découvrait Ruby, l’ado kraken. Malheureusement, la désillusion est grande.

Rien ne va dans Ruby, l’ado kraken. En termes d’animation, DreamWorks semble avoir régressé de cinq bonnes années. Comment est-ce possible de passer de Le Chat Potté 2 : La Dernière quête, et son animation inspirée de Spider-Man : New Generation, à ce film qui ressemble davantage à un dessin animé du dimanche matin ? Le film souffre d’une esthétique paresseuse, dont la vacuité visuelle est masquée par quelques lumières flashies.

Ruby, l’ado kraken ©Universal Picutres
Ruby, l’ado kraken ©Universal Picutres

Le potentiel du monde marin, ses créatures, sa féerie, mais aussi ses dangers, ne sont jamais exploités. À vrai dire, ils sont même à peine présentés. Ruby, l’ado kraken ne se sert jamais de son décor comme d’un terrain de jeu. Et pour un film qui est censé se passer sous l’eau, les spectateurs n'auront pas beaucoup l'impression d'être mouillés.

Un film bavard et inutilement explicatif

Ruby, l’ado kraken s’adresse davantage à un public jeune. Pourtant, la mise en scène est plombée par un montage sous cocaïne. Un rythme épileptique et hyperactif qui cherche à combler une terrible absence de profondeur dans les thématiques et les propos abordés. Jamais durant le long-métrage il ne se dégage un moment de calme, d’apaisement, de silence. Le film avance à 100 à l’heure, et aucune respiration n’est possible dans cette cacophonie insupportable.

C'est également un film bavard pour ne rien dire, sur-explicatif, qui prend son jeune public pour des idiots. C’est bien simple, le film de Kirk DeMicco et Faryn Pearl est symptomatique de notre société dominée par les écrans, par TikTok, par une hyper-excitation frénétique. Les personnages sont fatigants, surexcités, bruyants, et clichés au possible. Difficile alors de s’y attacher.

Un scénario réchauffé

En plus d’être une grossièreté visuelle, Ruby, l’ado kraken est plombé par une écriture réchauffée d'un scénario rabâché, déjà vu et largement stéréotypé. Le long-métrage aborde des thématiques attendues, et éculées, sur le poids des origines, sur l’appartenance et l’héritage. Le film rejoue la conventionnelle histoire d’une petite fille qui n’est pas à sa place, qui cache sa véritable identité, attirée par un monde qui lui est inaccessible.

On pense alors à La Petite Sirène (mais à l’envers), mais Ruby, l’ado kraken parle également de l’acceptation de soi, du désir d’indépendance, de la contradiction avec les précédentes générations, et du poids familial. Des thématiques abordées également dans Elémentaire. Le film de Kirk DeMicco et Faryn Pearl traite aussi du regard de la société, du poids de cette dernière sur l’individu, sur les objectifs à atteindre et les responsabilités à endosser. On en arrive là à Luca, qui racontait comment des petits êtres de la mer tentent de vivre parmi les humains.

Ruby, l’ado kraken ©Universal Picutres
Ruby, l’ado kraken ©Universal Picutres

Enfin, Ruby, l’ado kraken emprunte également beaucoup à Alerte Rouge. Pour aborder l’adolescence, la puberté et le passage à l’âge adulte. Et dans son traitement de la famille et de l’héritage traditionnel. La production DreamWorks n’est donc pas franchement originale et pioche ses thématiques chez la concurrence sans les transcender. En ressort un scénario prévisible dont les tenants et les aboutissants sont connus dès le départ. Le film tente bien un twist concernant son antagoniste. Mais là encore difficile de ne pas voir la supercherie dès les premiers instants du métrage. Seul point positif de cette proposition, la volonté de mettre en avant des personnages féminins forts, qui dominent intégralement le récit.

Ruby, l'ado kraken de Kirk DeMicco et Faryn Pearl, en salles le 28 juin 2023. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos vidéos.

Conclusion

Note de la rédaction

"Ruby, l'ado kraken" est un divertissement paresseux, sans profondeur, sans épaisseur, au montage sous cocaïne, qui reprend des thématiques éculées d’apprentissage, d’héritage, d’acceptation de soit et de recherches de ses origines. DreamWorks peut faire clairement mieux...

Note spectateur : 10 (1 notes)