Shazam La Rage des Dieux : on prend les mêmes et on recommence

Shazam La Rage des Dieux : on prend les mêmes et on recommence

CRITIQUE / AVIS FILM - Après un premier opus davantage axé sur l'humour que l'épique, Zachary Levy est de retour dans "Shazam! La Rage des Dieux" qui s'inscrit dans la droite lignée de son prédécesseur.

Shazam! La Rage des Dieux reprend la même formule

Alors que James Gunn vient récemment de prendre la direction du DC Universe (DCU) au cinéma, et qu'il s'apprête à tout remodeler, David F. Sandberg réalise avec Shazam! La Rage des Dieux l'un des derniers volets du DC Extended Universe (débuté en 2013 avec Man of Steel). Zachary Levi est de retour devant la caméra pour incarner le célèbre héros de l'écurie DC. Une suite qui s'inscrit dans la continuité du premier volet, que ce soit dans son ton, son style ou ses thématiques.

David F. Sandberg propose une nouvelle fois une aventure sur la famille, sur la solidarité, sur l'entraide comme éléments primordiaux face à l'oppression, ici manifestée par les filles d'Atlas (Helen Mirren, Lucy Liu et Rachel Zegler). Comme dans le premier film, la narration couple séquences d'action tantôt séduisantes, tantôt dégoulinantes, avec super-héros bodybuildés et un discours simpliste sur le sens de la famille via des adolescents mal dans leur peau.

Shazam! La Rage des Dieux ©Warner Bros.
Shazam! La Rage des Dieux ©Warner Bros.

Ainsi, Shazam 2 déploie une ambiance dominée par l'humour et le second degré. Ici, personne ne se prend au sérieux. David F. Sandberg reprend cette formule du premier opus, qui s'inspirait de l'approche Marvel Studios. Des vannes à gogo pour détonner face à une intrigue rébarbative, sérieuse et passablement ennuyeuse. Mais contrairement au MCU qui navigue constamment entre deux eaux, entraînant parfois des ruptures de ton grotesques et mal venues, Shazam 2 est clair avec son spectateur : c'est une comédie.

L'humour comme défouloir, mais aussi comme limite

Alors oui, on rigole. David F. Sandberg offre quelques séquences savoureuses, comme les dictées hilarantes du stylo magique. Ou l'intervention lunaire d'une fausse Wonder Woman. Une séquence dont la mise en scène reprend les mêmes tics que lors de l'apparition de Superman dans le premier volet, avec, cette fois, un dénouement inattendu. Mais la grande force comique du film, c'est évidemment Zachary Levi, toujours parfait dans le rôle de cet adolescent à la force de Superman, quelque part entre une apparence physique super-héroïque et un humour enfantin bien dosé.

Shazam! La Rage des Dieux ©Warner Bros.
Zachary Levi - Shazam! La Rage des Dieux ©Warner Bros.

L'acteur est convaincant dans la peau de ce personnage excentrique, ambivalent, qui essaye de cacher son manque d'assurance derrière les muscles de Shazam. Sauf que, forcément, il éclipse à nouveau les autres personnages - méchants comme alliés. Ce qui crée indubitablement un problème d'équilibre entre le héros et les autres protagonistes, aux sous-intrigues inintéressantes.

Mais ce second degré permanent est également la limite du film. À force d'entrer dans une dimension trop comique, l'intrigue perd de sa gravité, de son intérêt. Et lorsque le cinéaste veut mettre en scène un dernier acte plus sombre, plus dramatique, les ressorts émotionnels tombent à plat. Difficile de ressentir de l'empathie et de la crainte pour nos héros quand rien n'est pris au sérieux depuis le début du film.

Un manque criant d'ambition

Comme son prédécesseur, Shazam 2 manque d'ambition. David F. Sandberg signe un film divertissant mais gentiment oubliable. Le long-métrage ne parvient jamais à sortir de la case « petit film de super-héros ». La faute à une intrigue cousue de fil blanc, ou chaque élément scénaristique est téléphoné. Le danger représenté par les filles d'Atlas n'est jamais tangible. La romance entre Freddy (Jack Dylan Grazer) et Anthea (Rachel Zegler) est ennuyeuse et manque d'originalité. De plus, le manque de connexion avec le reste du DCEU fait de Shazam un personnage secondaire dans l'univers DC. Et l'utilisation de la Z Family n'atteint au maximum que le statut de figuration.

Shazam! La Rage des Dieux ©Warner Bros.
Shazam! La Rage des Dieux ©Warner Bros.

David F. Sandberg utilise alors les poncifs du genre, sans réellement parvenir à les détourner. Pourtant, c'était ça la force du premier volet. Sa capacité à tordre les clichés du film de super-héros. Pour exemple, la scène dans l'épicerie, extrêmement drôle, qui est un lieu commun inhérent au genre (Venom, Hancock), et qui est totalement rafraîchissante dans Shazam!. Pour Shazam 2, le cinéaste tente une approche similaire avec la séquence du pont, qui est également un lieu commun des films de super-héros (Deadpool, X-Men : L'Affrontement final, Les 4 Fantastiques, Spider-Man : No Way Home), sans réussir à y insuffler un vent nouveau.

Enfin, alors que le premier film parvenait à créer une (légère) forme de nouveauté, Shazam 2 se contente surtout de citer ses aînés. Le reste du DCEU, évidemment, mais aussi Harry Potter ou Doctor Strange, sans parvenir à se créer une véritable identité. Pourtant, son univers dispose de possibilités infinies, notamment avec les mystérieuses portes du Rocher de l’Éternité. Plutôt que d'offrir des séquences délirantes avec, David F. Sandberg refuse de s’immiscer dans ce monde inspirant, privilégiant des discours rébarbatifs et éculés, ou encore un combat final faussement dramatique avec son lot de bestioles laides et bruyantes. Heureusement qu'on rigole devant Shazam! La Rage des Dieux. Et c'est déjà pas si mal...

Shazam! La Rage des Dieux de David F. Sandberg, en salles 29 mars 2023. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.

Conclusion

Note de la rédaction

"Shazam 2" suit le même schéma que son prédécesseur. Les amateurs du premier opus vont apprécier, ses détracteurs vont détester. C'est marrant, assez anecdotique, sympathique mais peu ambitieux.

Note spectateur : Sois le premier