CRITIQUE / AVIS FILM - Un énigmatique chercheur d'or finlandais se met à massacrer des nazis lorsque ceux-ci viennent l'embêter dans "Sisu : De l'or et du sang". Un film limité mais honnête qui a tout pour plaire aux amateurs de soldats du Troisième Reich éventrés, broyés, noyés, scalpés, carbonisés ou encore vaporisés.
Sisu - De l'or et du sang : un postulat prometteur
Réalisateur du surprenant Père Noël Origines et du sympathique Big Game, Jalmari Helander est de retour avec Sisu : de l'or et du sang. "Sisu" est un terme finlandais intraduisible, mais qui signifie avoir du cran et une détermination à toute épreuve. Un mot qui définit parfaitement Aatami (Jorma Tommila), personnage principal du film. Toujours accompagné de son chien, cet individu solitaire a renoncé aux combats et s'est mis à chercher de l'or pendant la Seconde Guerre mondiale.
Alors qu'il parvient à dégoter un magot colossal, Aatami se met en route et croise rapidement des nazis. Découvrant son pactole, ces derniers, menés par l'impitoyable Bruno (Aksel Hennie), commencent à le traquer. Ils se rendent très vite compte que cet homme mystérieux est un véritable escadron à lui seul, et qu'il refuse tout simplement de mourir.
Assister à l'éparpillement de morceaux de nazis aux quatre coins de l'écran est forcément la promesse d'un divertissement réjouissant. C'est effectivement le cas. Hormis un dialogue qui révèle les capacités surhumaines de son protagoniste pour massacrer tout ce qui se dresse en travers de son chemin, Sisu : De l'or et du sang ne fait pas vraiment dans la psychologie. L'exposition est courte et efficace, à l'image de tout le reste du long-métrage. Au bout d'une dizaine de minutes, Aatami se retrouve face à ses ennemis et les festivités peuvent commencer.
Une intensité qui faiblit
L'affrontement le plus féroce entre le héros et les nazis est probablement le premier. Si le spectateur se doute du talent de ce personnage encore moins bavard que John Wick, qui évoque de nombreuses figures badass comme l'Homme sans nom de la Trilogie du dollar ou encore le légendaire Snake Plissken que l'on croit toujours mort, Jalmari Helander s'amuse dans un premier temps à faire croire qu'il est faillible.
Face à tout un régiment, Aatami prend le temps de ramasser chacune de ses pépites et les soldats attendent patiemment qu'elles soient toutes dans sa besace pour l'exécuter. Quelques secondes plus tard, le réalisateur plonge le spectateur dans un nuage de poussière et de sang, envoie les nazis à la mort les uns après les autres et le champ de mines censé condamner son héros devient finalement son terrain de jeu.
Une séquence joyeusement gore où les pointes d'humour passent par des morts inventives, Jalmari Helander ne voulant probablement pas tomber dans le piège de l'enchaînement de punchlines rigolotes, préférant constamment les situations aux discours. Une volonté d'aller à l'essentiel qui représente à la fois la principale qualité et le principal défaut de Sisu : De l'or et du sang. Le cinéaste finlandais évite la surenchère d'effets spéciaux, excepté dans un final aérien, et s'approprie à sa manière certaines situations du western, du film de guerre et de l'action. Contraint de devoir traverser une rivière pour s'échapper, Aatami se fait par exemple tirer dessus alors qu'il se réfugie tant bien que mal sous l'eau, entouré par les balles.
Des scènes que les amateurs prendront plaisir à redécouvrir, mais sans jamais s'inquiéter du fait qu'Aatami puisse périr. Le long-métrage l'annonce clairement dès le départ, le protagoniste refuse de mourir. Et les nazis ont beau le pendre, lui trancher le ventre ou tenter de le faire sauter, le public sait pertinemment qu'ils n'y arriveront pas. Dans la magnifique steppe lapone, la lassitude finit par se faire sentir lorsque le 25e nazi utilisé comme bouclier humain termine avec les tripes à l'air.
Des éléments intéressants mis de côté
Tentant constamment de mettre Aatami dans des situations délicates desquelles il saura forcément se dépatouiller, Jalmari Helander en oublie de développer des éléments mis de côté en cours de route. L'adorable petit chien du héros aurait lui aussi pu être une véritable bête de guerre, mais il va et vient comme bon lui semble. La principale frustration vient d'un groupe d'adolescentes enlevées et violées par les nazis. Quand celles-ci prennent enfin les armes et se lancent à leur tour dans une vengeance sanglante, le réalisateur ne leur offre qu'une ou deux scènes et les oublie aussitôt, essayant malgré tout de les rendre iconiques avec un plan rappelant l'Ours Juif sortant de sa caverne dans Inglourious Basterds.
La comparaison évidente avec le film de Quentin Tarantino ne joue pas en faveur de Sisu : De l'or et du sang puisque comme son prédécesseur, le long-métrage opte par ailleurs pour une construction en chapitres ici complètement inutile étant donné que ceux-ci ne durent parfois que quelques minutes et que le récit est linéaire. Des apparats qui donnent parfois le sentiment que ce projet essaie mais ne réussit pas à surpasser son statut pourtant noble et tout à fait légitime : celui de défouloir honnête, soigné, brutal, épuré et simple. Ce qui représente déjà beaucoup, au vu de la profusion actuelle de blockbusters cyniques, écoeurants, surchargés et interminables.
Sisu : De l'or et du sang de Jalmari Helander, en salle le 21 juin 2023. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.