CRITIQUE FILM - Après la comédie avec "Les Miller, une famille en herbe" et "Agents presque secrets" (déjà avec Dwayne Johnson) Rawson Marshall Thurber change de style et tombe dans le monde du blockbuster avec "Skyscraper".
The Rock est de retour devant la caméra de Rawson Marshall Thurber avec l'oubliée Neve Campbell (Scream), trop absente des écrans. Will Ford (Dwayne Johnson) est un ancien du FBI reconverti dans la sécurité des gratte-ciels. Quand sa famille est bloquée dans un immeuble en flammes, son instinct et ses capacités vont l'aider à la sauver.
Entre Piège de Cristal et La Tour Infernale
En 1975, Paul Newman et Steve McQueen étaient réunis dans un survival de 2h45 dans un immeuble en flammes intitulé La Tour Infernale. Rawson Marshall Thurber reprend tous les éléments de ce classique de John Guillermin. Les riches promoteurs et créateurs de la tour sont tranquillement au dernier étage loin de ce feu qui se propage, tandis que le héros va devoir lancer une équipe de sauvetage. Skyscraper a exactement la même approche : le créateur de la tour, interprété par Chin Han, est protégé au dernier étage, un feu se déclenche, des héros sont bloqués à l'intérieur et une équipe de sauvetage au sol.
Rien de bien nouveau donc. Mais là où La Tour Infernale avait une double lecture sociale, Skyscraper préfère tomber dans l'action pure. John Guillermin utilisait ce survival pour mettre en avant les disparités sociales de son pays. Les plus riches sont tout en haut de la tour, protégés du feu de la pauvreté qui touche ceux en bas de l'échelle. Mais ce feu qui se répand vers le haut est une leçon, un avertissement : quand on joue avec le feu, avec ses privilèges, on finit par se brûler.
Skyscraper préfère donc l'action, en créant un nouveau John McClane. En 1988, John McTiernan met en scène Bruce Willis dans son film le plus culte : Piège de Cristal. Ce premier opus de la saga Die Hard va lancer totalement la carrière de l'acteur. Rawson Marshall Thurber place Dwayne Johnson dans un rôle équivalent. A la différence du classique "il était au mauvais endroit au mauvais moment" de McClane, le personnage de Dwayne Johnson est directement concerné par les événements. Mais sinon, le personnage doit affronter de la même manière de dangereux criminels dans une tour aux innombrables étages. La comparaison est évidente, mais le rythme et les scènes d'action bien en dessous du génie de McTiernan.
Un manque cruel de second degré
On n'a rien contre Dwayne Johnson. C'est un acteur relativement efficace et sincère, qui parvient à séduire les foules. Mais ce qui reste intéressant avec Dwayne Johnson, c'est son naturel second degré, sa capacité à se moquer du cinéma mais aussi de lui-même avec des rôles comiques, voire même pathétiques. Dwayne Johnson est beaucoup plus efficace dans des rôles décalés et légers comme Max la menace, No pain No Gain ou encore le récent Jumanji, que dans des rôles sérieux comme Hercules, San Andreas ou G.I. Joe.
Lorsque Dwayne Johnson choisit le second degré, on sait d'avance que l'on va se marrer, mais lorsqu'il reste dans son sérieux pas forcément crédible, il n'y a plus grand intérêt. Représentation du "je m'en foutisme" jusqu'au bout des lèvres, Dwayne Johnson dans le second degré ça fonctionne, Dwayne Johnson dans le ton sérieux on s'emmerde. Skyscraper n'est ni drôle, ni spécialement impressionnant, ni bien écrit. C'est un blockbuster gras duquel on ressort plus fatigué que contenté.
Skyscraper de Rawson Marshall Thurber, en salle le 11 juillet 2018. Ci-dessus la bande-annonce.