CRITIQUE / AVIS FILM : « Space Sweepers », film de science-fiction coréen, prend place en 2092 et raconte le destin d'une équipe hétéroclite, équipage du Victory, qui découvre une fillette. Celle-ci s'avère être d'une valeur inestimable, recherchée dans tout le système solaire.
Space Sweepers, un blockbuster plein de bonne volonté
Pour son premier film Jo Sung-hee a visé haut. Il propose une odyssée spatiale ambitieuse, un space opéra qui tente de s'inspirer des plus grands. Space Sweepers s'inscrit aisément dans la lignée de Star Wars et de Les Gardiens de la Galaxie. Aujourd'hui, difficile de totalement rompre avec l'héritage du film de George Lucas. Précurseur du genre, il est presque impossible de complètement s'affranchir du style et de l'ambiance Star Wars.
Space Sweepers ne fait pas exception à la règle, et reprend évidemment des éléments de la saga galactique. Que ce soit à travers les chorégraphies spatiales ou l'identité visuelle, certains paramètres s'inspirent de ceux de la franchise. Jo Sung-hee va même jusqu'à reprendre le concept de l'élu, au travers d'une fillette, à même de sauver le système solaire. Celle-ci est trouvée par l'équipage du Victory. Parmi les membres du vaisseau, un droïde, ou même la présence d'une pseudo étoile de la mort, ramènent les spectateurs automatiquement à Star Wars.
Le film copie également Les Gardiens de la Galaxie. Sung-hee Jo propose à son auditoire une équipe hétéroclite qui rappelle évidemment la team de James Gunn. Une coalition disparate, hybride et totalement irrégulière qui fait son charme. Entre une capitaine alcoolique, un droïde borderline, un mécanicien violent et naïf, et un héros ténébreux et bouleversé, le cahier des charges est rempli. Même si ces figures sont souvent stéréotypées, force est de constater une certaine efficacité. Parce que la dynamique singulière et biscornue de cette équipe donne de l'âme à Space Sweepers. C'est d'ailleurs l'intérêt premier du long-métrage. Un collectif qui rappelle l’escouade Marvel, grâce à cette troupe souvent drôle et décalée. Un parallèle qui peut aussi se faire avec l'excellente série animée Final Space, qui repose sur la même disposition.
Une science-fiction crasseuse mais agréable
Via l'écriture de ces personnages, il faut souligner la bonne volonté de Jo Sung-hee. Ce dernier tente de signer un blockbuster sans prétention, à la forte identité visuelle. Parce que même si l'écriture est au fond assez paresseuse, il essaye de se reposer sur des effets spéciaux travaillés, sur un monde imposant, et tente même d'offrir une approche d'anticipation, en se référant explicitement à Blade Runner 2049.
Une façon parfois éculée d'aborder l'avenir, appuyée par un style cyberpunk omniprésent. Une science-fiction crasseuse, souillée par les déchets et la saleté, qui rappelle les classiques de Ridley Scott, que ce soit Alien ou Blade Runner. Sans être très original, le long-métrage propose quelques illustrations assez jolies, à l'image des forces spéciales, pas très novatrices, mais au design impactant, qui rappelle les films de Neill Blomkamp (District 9, Elysium, Chappie). Là encore se manifeste une science-fiction réchauffée mais toujours agréable. Ainsi, sans totalement maîtriser son œuvre, Jo Sung-hee est assez généreux, en témoigne la séquence de la boîte de nuit, assez réussie.
Space Sweepers : un divertissement asphyxiant
Malheureusement, même si l'identité visuelle est parfois jolie, le traitement de l'action est souvent illisible. Space Sweepers gâche ses effets spéciaux à travers une mise en scène parfois incompréhensible. Les séquences d'action, qu'elles soient modélisées en synthèse ou en prises de vue réelles, sont fâcheusement inintelligibles. Les chorégraphies sont souvent laides, le traitement de l'action imperceptible et le montage épileptique n'est pas là pour aider. Ce qui est dommage pour un divertissement comme celui-ci. Jo Sung-hee ne prend pas assez son temps, enchaîne les éléments scénaristiques sans réelle transition ni respect pour l'image. Le blockbuster avance à une vitesse effrénée, tout en parvenant à être longuet du haut de ses 2h20.
La faute à un scénario bancal, encore une fois peu original. D'ailleurs, certains passages n'ont ni queue ni tête, que ce soit visuellement ou dans leur écriture. En démontre la scène oùJin Seon-kyu joue les Spider-Man au bout d'un câble visiblement infini et qui a l'étrange capacité de revenir tout seul dans le vaisseau.
Ce sont ces approximations et ce manque de détail qui alourdissent le métrage, ne permettant pas Space Sweepers de sortir de sa case de blockbuster usant. Parce que le long-métrage fini par être éreintant, interminable et fastidieux. Le final est extrêmement téléphoné, et manque cruellement de nouveauté, tombant même dans une happy end dégoulinante. Enfin, Jo Sung-hee ne sait pas gérer ses flash-back et ses séquences émotions, davantage gênantes qu'utiles. Les ressorts émotionnels sont de tristes pétard mouillés qui alourdissent énormément le récit. L'intrigue aurait gagné à être épurée de ces considérations sentimentales inutiles. Enfin, le méchant fait peine à voir. Figure machiavélique classique, au but assez abstrait et en manque de crédibilité, dont le talent de Richard Armitage, totalement méconnaissable, n'y change rien.
Space Sweepers de Jo Sung-hee, disponible sur Netflix le 5 février 2021. Découvrez la bande-annonce ci-dessus. Découvrez ici toutes nos bandes-annonces.