CRITIQUE / AVIS FILM - « Spycies », réalisé par Guillaume Ivernel, le co-réalisateur de « Chasseur de Dragons », raconte le destin d’un duo d’agents spéciaux improbable dans un univers dominé par des animaux rappelant un peu trop une certaine production de Disney.
Un divertissement relativement efficace
Spycies est une proposition assez inédite dans le paysage de l’animation française. Le métrage veut s’affranchir des codes européens du genre pour aller marcher sur les plates-bandes américaines. Spycies veut offrir un cinéma plus blockbuster, plus populaire, et international. Il veut s’inscrire dans un genre de divertissement tout public et haut de gamme. Et le film y parvient, assez régulièrement. Parce que Spycies est un film relativement bien maîtrisé, qui propose un univers fourni et généreux. Reprenant la bonne recette des fables de Jean de la Fontaine en utilisant l’anthropomorphisme, le long-métrage est bien mené, à travers une enquête policière assez téléphonée, mais qui garde un certain rythme.
C’est aussi une œuvre qui mélange les genres. Spycies est à la fois un buddy movie, une enquête policière qui emprunte aux polars, un film d’action efficace, et une œuvre politique qui transmet un message d’écologie salvateur. Par ce biais, le film propose une certaine diversité, qui demeure un véritable atout. Mais la grande réussite du film réside dans ses personnages. Que ce soit les deux protagonistes, ou les personnages secondaires, Guillaume Ivernel est parvenu à écrire des figures attachantes et agréables, qui permettent de donner une véritable âme au métrage. Des personnages magnifiés par un doublage précis, emmené par le talent de Monsieur Poulpe.
Un Zootopie un peu pauvre
Mais malheureusement pour Guillaume Ivernel, Spycies va évidemment souffrir de la comparaison avec Zootopie. Sorti en 2016, le film Disney proposait lui aussi une enquête policière en forme de buddy movie dans l’univers des animaux. Difficile de ne pas faire de parallèle entre les deux films tant Guillaume Ivernel pioche dans l’œuvre de Byron Howard sans s'en cacher. Mais lorsque l’on confronte les deux créations, on voit rapidement la faiblesse de la production française par rapport à la production américaine. Animation plus en deçà, scénario moins consistant, humour plus bas de plafond, et un manque de mise en scène.
Spycies est finalement assez enfantin. Le scénario est beaucoup trop téléphoné pour séduire totalement les plus âgés. Ces derniers vont finir par doucement s’ennuyer face à un scénario cousu de fil blanc, sans réelle surprise. Le long-métrage manque également de vision artistique et demeure finalement un téléfilm haut de gamme, qui ne parvient pas à magnifier ses scènes d’action. Enfin, la happy end est terriblement dégoulinante de bons sentiments et finit de placer Spycies dans une case réservée aux plus jeunes.
Spycies de Guillaume Ivernel, en salle le 26 août 2020. Ci-dessus la bande-annonce. Découvrez toutes nos bandes-annonces ici.