"Stronger" revient sur l’attentat de Boston qui, parmi les victimes, a chamboulé la vie de Jeff Bauman.
On se souvient parfaitement de ce drame atroce. Pendant le marathon de Boston, en 2009, deux bombes éclatent. Stupeur parmi la foule immense réunie en ce jour de fête. C’est une scène de guerre qui se joue au carrefour où les premières victimes ont été touchées. De ce scénario catastrophe, une photo avait fait le tour du monde. Un homme s’agite pour secourir les victimes, chapeau de paille sur la tête, un autre complètement sonné est poussé dans un fauteuil roulant, tenant ce qui reste de ses jambes qui ont été pulvérisé dans l’explosions. Ces deux hommes feront la une pendant longtemps. Deux héros du quotidien : Carlos et Jeff Bauman.
Quand la réalité se transforme en scénario catastrophe
Comme histoire inventée, cela aurait pu faire un très bon scénario. Mais lorsque le récit est la triste retranscription de la réalité – et du témoignage de Jeff Bauman -, cela fait froid dans le dos. Jeff Bauman, jeune bostonien de 23 ans, a une vie comme tout jeune de son âge. Un travail, des amis, et une ex-petite amie dont il est toujours amoureux. Pour reconquérir sa belle, Jeff décide de l’encourager pour le marathon de Boston. Banderole en main, le voilà sur la bande d’arrivée prêt à revivre leur histoire. Mais celle-ci va être écrite différemment.
A quelques mètres de lui, deux bombes explosent et son destin avec. C’est l’horreur qui se rejoue encore et encore. Les conséquences sont tragiques pour Jeff. Bien qu’il échappe à la mort, il sera amputé de ses deux jambes. Sa vie bascule complètement. Au départ dans la colère, il se laisse aller, mais à force de sollicitations et acclamations, voilà qu’il décide de réinventer, ou plutôt de reconstruire son avenir.
Un récit fort et passif à la fois
Jeff Baufman représente aujourd’hui le visage du héros ordinaire, propulsé au rang de célébrités malgré lui. Celui qui n’a pas laissé le terrorisme décider de son existence. Il a souvent été mis à l’honneur dans sa ville comme représentant du Boston Strong. Puis, après un livre, c’est un film qui lui rend hommage. Un film tout à fait honnête mais qui ne donne pas de frissons.
Le message est clair : il faut garder espoir et se battre. En cela la performance de Jake Gyllenhaal est touchante, mais pas assez intime ou intimiste. Il est difficile d’atteindre ses émotions. Ce qui, en revanche, n’est pas le cas d’Erin (Tatiana Maslany), l’ex petite amie qui met sa propre existence en marge pour s’occuper de celui qui redevient son fiancée. Elle incarne la persistance et le courage. Et s’il reste un personnage phare de ce film, il s’agit de la mère. Miranda Richardson incarne avec drôlerie et émotion cette mère maladroite, envahissante et alcoolique qui exprime si mal la fierté qu’elle éprouve.
Stronger reste un récit fidèle de cet épisode dramatique. Difficile donc pour le réalisateur, David Gordon Green, de prendre des libertés. On n'en sort pas chamboulé, ni hanté par les personnages. Toutefois, le message porté par le scénario est clair, il ne faut jamais baisser les bras. Un film, en quelque sorte, feel good movie qui donne de l’espoir.
Stronger de David Gordon Green, en salle le 7 février 2018. Ci-dessus la bande-annonce.