CRITIQUE / AVIS FILM - Quatre ans après “Les Enfants du temps” et six ans après “Your Name", Makoto Shinkai revient avec son nouveau film "Suzume" dans lequel une adolescente se voit chargée de refermer des portes ou empêcher une catastrophe.
Suzume : le retour de Makoto Shinkai
Si Makoto Shinkai était déjà connu des cinéphiles depuis 2004 et son premier long-métrage d’animation La Tour au-delà des nuages, sa véritable reconnaissance internationale auprès du grand public intervient en 2016. En effet, c’est cette année-là que voit le jour Your Name, un chef-d'œuvre qui mélange les codes du genre romantique et de la SF. Le film bat des records au box-office japonais, faisant définitivement de Shinkai l’un des héritiers du maître de la japanimation en personne : Hayao Miyazaki.
En 2023, le réalisateur nippon fait donc son retour avec son nouveau long-métrage animé : Suzume. Le film suit ainsi une jeune adolescente vivant une existence ordinaire dans la région de Kyushu (située au sud-ouest du Japon). Sa vie est bouleversée lorsqu’elle fait la rencontre d’un homme qui déclare être à la recherche d’une "porte". Les deux se retrouvent ainsi embarqués dans une palpitante aventure, tentant de verrouiller des portes qui pourraient déclencher des désastres sans précédent aux quatre coins du Japon.
Un scénario classique mais un visuel exceptionnel
Sur le papier, Suzume dispose d’une histoire qu’on a souvent vue dans la japanimation. Surtout, son mélange des genres entre science-fiction et romance a déjà été traité dans les précédentes œuvres du réalisateur. Les fans de Shinkai pourraient alors penser qu’on a affaire à une redite de Your Name. Mais là où Suzume se démarque, c’est par son animation qui nous en met plein la vue grâce à ses couleurs chaudes, ses paysages variés et immersifs ainsi que les détails apportés aux lieux intérieurs du film (appartements, magasins…).
Surtout, Shinkai assume que son film soit une véritable carte postale du Japon. On sent que le réalisateur aime son pays et connaît ses différentes régions sur le bout des doigts. Tel un guide, il nous prend donc par la main et nous fait découvrir des panoramas exceptionnels et mis en images en 2D.
Ce magnifique visuel est accompagné par une partition musicale émouvante et envoûtante. On sait que Shinkai est très pointilleux dans ce domaine. Une nouvelle fois, la bande son colle parfaitement à l’ambiance onirique qui se dégage de Suzume. Le groupe de rock japonais RADWIMPS, qui avait fait des merveilles sur Your Name, est irréprochable via ses compositions épiques. Suzume dispose donc d’une direction artistique et musicale quasi-parfaite.
Un devoir de mémoire
Comme dit plus haut, Makoto Shinkai est un amoureux de son pays. Il connaît surtout son histoire et les événements qui l’ont durement impacté. Ainsi, les fameuses portes du désastre présentes dans le film sont une référence douloureuse au tremblement de terre de 2011 qui avait fait des milliers de morts et causé une crise industrielle majeure.
Shinkai rappelle que les catastrophes naturelles font partie du quotidien de l’archipel depuis bien longtemps, mais que cela a permis à ses citoyens de devenir encore plus matures et résilients. Ce sont ces deux qualités qui sont retranscrites au travers de l’évolution psychologique de son héroïne Suzume durant le film.
Ici, nous n’avons pas affaire à une princesse en détresse mais bien à une adolescente qui grandit et s’émancipe lorsqu’elle fait face aux différents désastres sismiques et à ses tristes répercussions socio-économiques. C’est ce rappel à la mémoire collective qui émeut alors le plus dans Suzume.
Suzume de Makoto Shinkai, en salles le 12 avril 2023. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.