The Creator : le grand retour de Gareth Edwards, 7 ans après Rogue One

The Creator : le grand retour de Gareth Edwards, 7 ans après Rogue One

CRITIQUE / AVIS FILM - Après le film Star Wars "Rogue One", Gareth Edwards revient avec "The Creator", une œuvre de science-fiction efficace qui met en scène une guerre entre humains et robots.

The Creator : Gareth Edwards fidèle à lui-même

Gareth Edwards a débuté sa carrière au cinéma avec Monsters (2010), un film de monstre qui mise davantage sur l'intime en suivant un homme et une femme en pleine nature. Réalisé avec un budget de 500 000 dollars, ce petit film indépendant avait suffisamment fait parler pour que le cinéaste se retrouve à réaliser ensuite successivement Godzilla (2014) et Rogue One: A Star Wars Story (2016).

Une ascension impressionnante qui a rendu son absence des plateaux ces dernières années d'autant plus étonnante. En effet, il aura fallu attendre sept ans avant de voir le cinéaste de retour avec The Creator, nouveau film de science-fiction dans la lignée de ses précédentes œuvres.

John David Washington - The Creator ©20th Century Studios
John David Washington - The Creator ©20th Century Studios

Partant cette fois d'un scénario original (dans le sens où il n'est pas tiré d'une autre œuvre) qu'il a écrit avec Chris Weitz, Gareth Edwards imagine un monde futuriste impacté par l'évolution de l'intelligence artificielle. Après une attaque sur le sol américain, les États-Unis décident de partir en guerre contre ces robots qui trouvent refuge sur le continent asiatique, où ils continuent d'être fabriqués en masse. La toute puissance américaine dispose pour cela d'un immense vaisseau qui permet de tirer de puissants missiles n'importe où dans le monde.

Apocalypse Now version SF

Le premier point passionnant de The Creator réside alors dans cette représentation d'une Amérique décideuse du bien et du mal, et prête à détruire des populations et des paysages pour faire respecter sa loi. On pense alors inévitablement aux conflits dans lesquels les États-Unis ont été impliqués, comme la guerre d'Irak ou la guerre du Viet Nam. Un moyen pour le réalisateur de donner au spectateur des clés pour mieux aborder son univers futuriste.

De plus, dans une approche moins nuancée qu'Avatar (2009), Gareth Edwards place le spectateur, durant une longue première partie, aux côtés des "méchants". Cela par le biais de Joshua (John David Washington), un ancien agent des forces spéciales, qui après avoir perdu sa femme, n'a que faire du conflit entre les humains et les robots.

The Creator ©20th Century Studios
The Creator ©20th Century Studios

Il accepte néanmoins de reprendre du service lorsque ses supérieurs lui confirment que sa femme est bien vivante et continue d'aider les machines. S'il veut la revoir, il devra participer à une dernière mission visant à éliminer le Créateur à l'origine de ces intelligences artificielles et qui aurait conçu une nouvelle arme qui pourrait terminer la guerre.

On pense alors à une version SF et explosive d'Apocalypse Now, où Martin Sheen devait déloger un colonel caché dans la jungle, et incarné Marlon Brando. Évidemment, la ressemblance s'arrête à cette base scénaristique, et à quelques plans évoquant très clairement la guerre du Viet Nam. The Creator prenant une direction plus spectaculaire tout en mettant l'accent sur l'intime.

Une part émotionnelle importante

Si Joshua voue pendant longtemps une haine envers ces machines, qu'il ne considère que comme des programmes, le spectateur, lui, n'est pas insensible devant ces robots qui ont développé des émotions. Une thématique qui n'est pas nouvelle et qui a été traitée dans bon nombre d'œuvres auparavant. Citons au hasard, Blade Runner (1982) pour le cinéma, Westworld (2016-2022) pour les séries ou encore Detroit du côté des jeux vidéo.

Mais l'ironie veut que la proposition de Gareth Edwards arrive au moment où le monde s'interroge de plus en plus sur l'évolution de l'intelligence artificielle. C'était d'ailleurs une des raisons de la grève des scénaristes, et celle des acteurs et des actrices à Hollywood. Dans ce contexte, il est d'autant plus intéressant de voir The Creator jouer sur l'empathie pour ces machines à l'apparence semi-humaine.

Veronica Ngo - The Creator ©20th Century Studios
Veronica Ngo - The Creator ©20th Century Studios

Comme pour son premier long-métrage, Gareth Edwards met ainsi l'accent sur l'intime et l'aspect émotionnel. Plus précisément avec l'intervention d'Alphie ( très touchante Madeleine Yuna Voyles), une enfant robot que Joshua utilisera froidement pour retrouver sa femme, avant de se lier à cette machine. Bien que la subtilité ne soit pas toujours au rendez-vous, The Creator fait passer son message humaniste et ses interrogations sur ce qui définit l'humain. Là encore, le film n'est pas d'une grande originalité, mais Gareth Edwards mène à bien son entreprise avec un récit simple et efficace.

Une beauté visuelle qui fait plaisir

Durant la promotion de Rogue One, Gareth Edwards avait exprimé son souhait de revenir à un cinéma plus indépendant. Avec The Creator, on le retrouve dans un entre deux. Certes, il dispose d'un budget important de 80 millions dollars et œuvre à nouveau pour le studio Disney. Mais en plus d'être fidèle à son cinéma par l'écriture (on sent encore le fan de Star Wars), le cinéaste semble surtout avoir été en mesure d'imposer bon nombre d'idées visuelles. Ne serait-ce qu'en allant tourner dans différents pays pour filmer des paysages naturels.

The Creator ©20th Century Studios
The Creator ©20th Century Studios

Le film est indéniablement une des plus belles propositions de l'année dans son genre. Et les scènes d'action de Gareth Edwards sont d'une efficacité redoutable, sans pour autant être mémorables. Mais ces séquences profitent à l'évidence de cette utilisation du monde réel. Les machines paraissent vraies, et on pense forcément à certains des meilleurs passages de Rogue One.

Plus particulièrement lors de l'attaque d'un camp de rebelles, où deux espèces d'immenses tanks interviennent et apparaissent comme des équivalents des quadripodes géants de l'Empire qu'avait imaginé George Lucas dans Star Wars. À une époque où une grande partie des blockbusters s'acharnent à proposer des effets numériques moches, The Creator apparaît, par ses qualités visuelles, comme une rareté dans sa catégorie de film, et fait d'autant plus plaisir à voir.

The Creator de Gareth Edwards, en salles le 27 septembre 2023. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.

Conclusion

Note de la rédaction

Sans être d'une grande originalité, "The Creator" reste un divertissement efficace et intelligent, d'une beauté visuelle indéniable et dans la lignée des spectacles proposés par Gareth Edwards jusqu'à présent.

Note spectateur : Sois le premier