CRITIQUE / AVIS FILM - Ryan Gosling et Emily Blunt portent haut "The Fall Guy", à la fois comédie romantique et film d'action spectaculaire qui rend un hommage vibrant aux cascadeurs, premier métier du réalisateur David Leitch. Un divertissement réussi et idéal pour ouvrir la saison des blockbusters, mais qui ne s'évite pas une longueur regrettable.
Un duo de superstars pour le nouveau film de David Leitch
Barbie et Oppenheimer ont consolidé les statuts de stars de Ryan Gosling et Emily Blunt, brillants seconds rôles de ces deux phénomènes de cinéma de 2023. Emily Blunt a été nommée à l'Oscar 2024 de la Meilleure actrice dans un second rôle et Ryan Gosling à celui du Meilleur acteur dans un second rôle. The Fall Guy est donc la bonne occasion pour les retrouver ensemble dans une comédie qui mêle l'action et la romance. Des cascades, de l'humour, et une passion pleine de péripéties entre donc Colt Seavers (Ryan Gosling), cascadeur sur le retour après une grave blessure, et Jody Moreno (Emily Blunt), cadreuse devenue réalisatrice et aux commandes de son premier long-métrage à gros budget, Metalstorm.
Avant que Jody ne mette en scène Metalstorm, elle avait avec Colt Seavers une relation amoureuse légère, quand lui était alors un cascadeur renommé et la doublure de la star Tom Ryder (Aaron Taylor-Johnson). Mais gravement blessé sur le tournage de leur dernier film ensemble, Colt Seavers sombre dans la dépression et végète, sans nouvelles de Jody. Lorsque la productrice de Metalstorm l'appelle pour reprendre du service comme doublure de Tom Ryder, Colt, toujours amoureux de Jody, accepte. Seulement, ce n'est pas vraiment pour doubler la star idiote et désagréable du cinéma d'action que Colt est appelé. En effet, Tom Ryder étant porté disparu lorsqu'il arrive sur le tournage de Metalstorm, Colt va se retrouver au coeur d'une machination machiavélique.
Méta-cascades pour blockbuster amoureux
The Fall Guy est l'adaptation en long-métrage de la série culte du même nom (L'Homme qui tombe à pic en VF). Il reprend donc l'idée d'un cascadeur, chasseur de primes à ses heures perdues. Cette adaptation peut aussi être vue comme le prétexte à un hommage sincère et engagé au métier de cascadeur, et David Leitch, lui-même cascadeur et chorégraphe de cascades avant de devenir réalisateur, glisse en ouverture de The Fall Guy un montage de véritables images de cascade - dont certaines des siennes, notamment lorsqu'il a doublé Matt Damon pour les films Jason Bourne.
L'aspect méta du film est donc assumé, et même claironné. The Fall Guy est en effet un film direct, premier degré, simple dans son idée et dans sa proposition. Pas de sous-texte, aucune ambiguïté, un récit linéaire et sans surprise pour permettre aux séquences d'explosions, de chutes, de poursuites et de combats de s'épanouir sans les contraintes - et les exigences - d'une dramaturgie complexe.
The Fall Guy est globalement une réussite, parce qu'à la différence de Bullet Train, précédent long-métrage de David Leitch dont le geste de sophistication dramatique était trop raté et les incohérences trop visibles pour ne pas provoquer un inévitable décrochage, il se contente de raconter l'amour de ses deux personnages principaux et l'amour de David Leitch pour le cinéma d'action et ses cascades. On trouve ainsi plusieurs références à des grands films du genre prononcées par Colt Seavers, notamment avec son collègue incarné par Winston Duke. C'est drôle, plaisant, et rappelle sans cesse les limites que The Fall Guy se donne lui-même : célébrer les coulisses du cinéma d'action et leurs héros de l'ombre avec un duo de superstars, et ne pas chercher à faire plus.
Ryan Gosling et Emily Blunt sauvent le film de sa longueur
The Fall Guy préfère la simplicité et les idées basiques aux complications dramatiques et esthétiques, et ça lui réussit. Mais à rester simple il étire beaucoup trop sa seule mécanique : ponctuer chaque scène d'action par une séquence romantique (ou l'inverse). Avec le même humour de situation sans cesse répété, on comprend vite le principe, si bien que la sensation de redite gagne au fur et à mesure que l'histoire se déroule. L'ennui perce donc trop rapidement dans The Fall Guy, et c'est donc aux apparitions à l'image de Ryan Gosling et Emily Blunt qu'on se raccroche pour rester dans le film.
Aussi bien dans la dimension physique que comique de son rôle, Ryan Gosling rayonne. Et s'il était déjà formidable en Ken dans Barbie, il l'est encore plus dans ce rôle qui colle à merveille à son registre d'invincible beau gosse, d'autant plus charmeur qu'il s'éclate dans l'auto-dérision. Emily Blunt, quant à elle, joue parfaitement le love interest de son partenaire, avec suffisamment de distance et d'ironie pour éviter de rendre son personnage plat.
Malgré sa sensation croissante de longueur, qui finit malheureusement par rendre le climax du film anecdotique, The Fall Guy amuse suffisamment, dans la narration de sa première partie et globalement dans son spectacle d'action très satisfaisant, pour réussir le pari universel d'un temps de récréation bien utilisé : s'éclater dans une grande aventure de bac à sable et séduire son crush.
The Fall Guy de David Leitch, en salles le 1er mai 2024. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.