The French Dispatch : Wes Anderson en mode mineur

The French Dispatch : Wes Anderson en mode mineur

CRITIQUE / AVIS FILM - 6 ans que Wes Anderson n'avait plus signé de film en prises de vues réelles. Sa dixième réalisation, "The French Dispatch", était attendue avec impatience par les amateurs de son cinéma si singulier. Encore une fois entouré d'un casting impressionnant, continue-t-il de nous enchanter ?

The French Dispatch : des stars à foison

Il n'y a guère d'équivalent à Wes Anderson dans l'industrie du cinéma. Le metteur en scène s'est taillé un style hors du commun qui se reconnaît au premier coup d'œil. De retour avec The French Dispatch, après un nouvel essai animé (L'Île aux chiens), il entend bien ne pas renier ce qui fait sa réputation. À commencer par la constitution d'un casting de prestige. Hormis peut-être dans Dune de Denis Villeneuve, on ne trouvera pas en 2021 une telle brochette de stars.

Rendez-vous compte, Wes Anderson a notamment rassemblé Bill MurrayOwen WilsonJeffrey WrightAdrien BrodyTilda Swinton, Timothée Chalamet, Frances McDormandLéa Seydoux, Mathieu Amalric, Benicio del Toro, Willem DafoeGuillaume Gallienne, Cécile de FranceChristoph Waltz ou encore Elisabeth Moss - pour ne citer qu'eux - devant sa caméra. Vous remarquerez que dans cette liste figurent plusieurs acteurs connus en France. Pour la simple et bonne raison que le film se déroule dans notre cher pays, à Ennui-sur-Blasé plus précisément - le tournage s'est déroulé à Angoulême.

The French Dispatch
The French Dispatch ©Searchlight Pictures

Une explosion d'idées visuelles

Wes Anderson s'est forgé une signature à laquelle il ne peut plus échapper, au risque de décevoir la fidèle audience qu'il traîne dans son sillage. Il en va de soi que The French Dispatch ne réinvente pas sa précieuse recette formelle, multipliant les trouvailles visuelles, les petites touches délicieuses et une folie qui ne ressemble à rien d'autre dans le cinéma contemporain. Les fans du réalisateur ne seront donc pas insensibles à cette nouvelle douceur qui régale les yeux.

On y trouve dedans tout ce qu'on attend, Wes Anderson ayant toujours cette capacité de nous surprendre avec des idées autant charmantes que savamment exécutées. Il peut tout se permettre et ne s'interdit rien, même pas la nudité frontale, le passage en animation ou de jongler entre la couleur et le noir et blanc. Dans sa structure aussi, il trouve de l'ingéniosité, puisqu'il construit son scénario comme un sommaire de journal. Lui permettant ainsi de livrer l'hommage à une certaine forme de presse qui lui tenait à cœur.

The French Dispatch
The French Dispatch ©Searchlight Pictures

Wes Anderson en petite forme

The French Dispatch est le titre du film mais également celui d'un journal mené par Bill Murray. Trois reportages vont s'enchaîner : le premier sur un artiste en prison campé par Benicio del Toro, le second sur des révolutionnaires menés par Timothée Chalamet et le troisième sur l'enlèvement du fils d'un policier incarné par Mathieu Amalric. L'ensemble est tenu par le style typiquement Andersonien mais l'inégalité entre les différents récits ne tarde pas à émerger.

Comme dans des journaux, où l'on passe volontairement par-dessus certains sujets qui ne nous intéressent pas, The French Dispatch met en exergue la pluralité journalistique mais n'atteint pas avec harmonie son but premier. L'hommage qui motive Wes Anderson ne se retrouve qu'à moitié dans le film, notamment via des courtes scènes en présence de Bill Murray. Paradoxalement, la place des journalistes dans la narration de ces petites histoires n'apporte pas grand chose, si ce n'est une drôlerie loufoque dans la première, avec Tilda Swinton habitée. Ce que l'on craint toujours avec les films à sketchs se confirme encore ici : l'inégalité. Le fil conducteur et les tranches de vie au sein de la rédaction ne sont pas assez exploités pour que le film exprime tout le potentiel prometteur de son sujet.

Wes Anderson récite une partition dont lui seul a le secret et nous serions malhonnêtes si l'on attendait autre chose de sa part. Mais toute sa maestria, aussi agréable soit-elle sur l'instant, ne nous emporte pas totalement. On dira même, à chaud, que The French Dispatch risque de figurer dans la partie basse de sa filmographie sur la durée. Une constatation que l'on formule sans grande sévérité, au regard de l'excellence qui irrigue ses précédents essais.

 

The French Dispatch de Wes Anderson, en salle le 27 octobre 2021. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.

Conclusion

Note de la rédaction

Wes Anderson continue de manier son exceptionnel style dans "The French Dispatch". Le charme qui se dégage du film ne cache cependant pas un scénario inégal et un propos pas assez magnifié.

Note spectateur : 6 (1 notes)