The Highwaymen : Netflix à la poursuite de Bonnie & Clyde

The Highwaymen : Netflix à la poursuite de Bonnie & Clyde

CRITIQUE FILM - John Lee Hancock est de retour à la réalisation après "Dans l'ombre de Mary" et "Le Fondateur". Cette fois, c'est pour Netflix avec "The Highwaymen", un western sur la recherche de Bonnie et Clyde porté par Kevin Costner et Woody Harrelson.

On ne présente plus l'histoire de Bonnie & Clyde tant leur renommé n'est plus à faire. A la tête du gang Barrow ils sont restés des années en cavale à braquer et tuer dans de nombreux états américains. Spécialisés dans l'attaque à main armée on estime à quatorze les meurtres commis sur une durée de trente mois au début des années 1930. Leur histoire a été de nombreuses fois racontée, tant ils sont devenus des icônes populaires et anti-système célèbres, que ce soit à travers la musique - avec Serge Gainsbourg et Brigitte Bardot ou le 97 Bonnie & Clyde de Eminem - ou le cinéma avec l'inoubliable Bonnie & Clyde d'Arthur Penn sorti en 1967 et qui réunissait Warren Beatty, Faye Dunaway et Gene Hackman. Mais cette fois-ci, avec The Highwayme, John Lee Hancock préfère se concentrer sur Frank Hammer (Kevin Costner) et Maney Gault (Woody Harrelson), les deux Texas Rangers qui sont à l'initiative de l’exécution de ces hors-la-loi.

Un western lancinant qui manque parfois de rythme

John Lee Hancock est un cinéaste assez discret, à l'initiative notamment de Dans l'ombre de Mary et de Le Fondateur. Des biopics efficaces mais qui manquent finalement d'âme. C'est un réalisateur parfait pour exécuter des commandes de studios tant son style est extrêmement académique. The Highwaymen ne déroge pas à la règle. Il s'agit d'un western classique, qui utilise tous les poncifs du genre, que ce soit l'introduction de personnages, dans l'exécution, jusqu'au grand final, rien ne vient réellement surprendre le spectateur.

Critique The Highwaymen : Netflix à la poursuite de Bonnie & Clyde

La mise en scène est conventionnelle mais néanmoins travaillée, parvenant à partager suffisamment de rythme pour garder l'attention de l'assistance. Surtout que l'histoire demeure passionnante et rocambolesque. La réalisation de John Lee Hancock pourrait alors rappeler parfois le Public Enemies de Michael Mann. Car si scolaire soit-elle, la mise en scène de The Highwaymen distille une certaine ambiance lancinante, froide, et pleine de nostalgie du temps qui passe. Elle permet de divulguer un regard inédit sur la condition d'une société prête à tout pour arrêter des bandits de grands chemins.

Un regard plein de compréhension sur une société en pleine évolution

Mais l'intérêt de The Highwaymen se trouve d'avantage dans son écriture que sa réalisation. Car le scénariste John Fusco vient poser les bonnes questions. Il vient questionner la condition de bien et de mal, mais aussi celle d'icône. Il vient réfléchir sur le statut de Bonnie & Clyde totalement magnifié par un peuple fatigué des conventions. Véritables stars, ils gardaient derrière eux un fan club important. Plus de 2000 personnes se sont présentées à leur enterrement. Ils étaient considérés comme des rebelles d'une société capitaliste prenant la mauvaise direction. Peu importe les meurtres sur les forces de l'ordre, les Barrow sont considérés comme de véritables Robin des Bois, prêts à se hisser contre la représentation du système établi.

Critique The Highwaymen : Netflix à la poursuite de Bonnie & Clyde

John Lee Hancock met cette particularité en avant, et souligne la dualité entre ces hors-la-loi et les rangers qui les poursuivent. Mais également leurs points communs. Il présente les deux côtés de la ligne, la loi et le désordre, qui sont pourtant étroitement liés. Les rangers présentés dans cette histoire sont également des tueurs sanguinaires, et ont certainement descendu plus de personnes que Bonnie & Clyde, et ce en toute impunité. John Lee Hancock n'oublie pas d'insister sur ce paradoxe, qui prend encore plus son sens dans notre société actuelle.

Comment le sois disant ennemi de la nation devient héros et les protecteurs deviennent destructeurs. Comment des insoumis peuvent devenir des modèles. Et surtout, comment une société cherche à brimer cet élan de liberté insurgé. Toutes ces thématiques sont relativement bien exploitées, avec l'opposition, mais aussi les similitudes entre ces rangers et ces hors-la-loi. Des interrogations qui prennent tout leur sens dans la conclusion du long-métrage, dans laquelle The Highwaymen démontre que les morts finissent heureux, presque en martyrs, tandis que les vivants doivent continuer de vivre avec leurs péchés et leurs regrets...

 

The Highwaymen de John Lee Hancock, disponible sur Netflix à partir du 29 mars 2019. Ci-dessus la bande annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.

Note de la rédaction

Note de la rédaction

Un western classique mais efficace qui apporte un nouvel angle à la mythologie Bonnie & Clyde.

Note spectateur : 3.75 (1 notes)