The Informer : un polar soigné mais peu surprenant

The Informer : un polar soigné mais peu surprenant

AVIS / CRITIQUE FILM - Les films d’infiltration et de prison sont légion dans le paysage du cinéma américain. « The Informer », porté par Joel Kinnaman, Rosamund Pike et Clive Owen, s’inscrit dans ces deux sous-genres. S’il n’est pas au niveau d’une référence comme « Les Infiltrés », le long-métrage dispose de plusieurs atouts, à commencer par son casting.

Condamné pour homicide involontaire après avoir tué un homme lors d’une altercation dans un bar, Pete Koslow est devenu informateur pour le FBI. Lorsqu’une opération pour démanteler un ponte de la mafia polonaise établi à New York vire au désastre, Koslow est contraint de retourner derrière les barreaux, afin d’enrayer le trafic dans une prison de haute sécurité.

Des personnages charismatiques

Pour son deuxième long-métrage en tant que réalisateur, Andrea Di Stefano (Paradise Lost) s’aventure du côté du film d’infiltration et de prison. Des sous-genres dans lesquels évoluent souvent des personnages laissés-pour-compte et désespérés qui tentent de racheter leur honneur. C’était par exemple le cas de Tony Leung dans Infernal Affairs, puis celui de Leonardo DiCaprio dans son remake américain Les Infiltrés, mais aussi de Sean Penn dans Les Anges de la nuit ou encore Don Cheadle dans L’Élite de Brooklyn.

Interprété par Joel Kinnaman, Pete Koslow est dans la lignée de ces protagonistes. L’enjeu principal du long-métrage est de savoir si cet ancien soldat pourra prouver son innocence ou non, alors que les agents du FBI et les membres de son gang lui tournent peu à peu le dos. Un postulat classique qui ne permet pas à The Informer de s’écarter de ses prédécesseurs ou de proposer quelque chose de nouveau. Néanmoins, l’énergie insufflée au récit et l’implication du comédien suffisent à tenir en haleine jusqu’à ce que son sort soit dévoilé.

The Informer : Critique du thriller avec Joel Kinnaman, Rosamund Pike et Clive Owen.

À cela s’ajoutent quelques trajectoires surprenantes, à commencer par celles de Rosamund Pike et Common. Censée protéger le héros, la première a également peur de salir sa réputation au sein du FBI et pourrait bien l’abandonner pour se protéger. Le second est un policier déterminé à faire tomber Koslow pour le meurtre de l’une de ses recrues, et dont l’enquête parallèle prend de plus en plus d’importance. Si ces personnages sont des archétypes redondants, au même titre que l’agent fédéral impitoyable incarné par Clive Owen, leur traitement et l’interprétation des acteurs les rendent soit suffisamment attachants, soit suffisamment détestables pour que le spectateur s’y intéresse jusqu’au générique final.

La concurrence est rude

Face aux nombreuses forces qui s’opposent à lui, que ce soit la mafia ou les autorités, Pete Koslow se retrouve dans une situation d’urgence permanente. Une fois incarcéré, le héros pris au piège n’a d’autre choix que d’avancer seul. Un isolement destructeur qui n’est pas sans rappeler ceux de Vince Vaughn ou de Nikolaj Coster-Waldau dans les récents Section 99 et Shot Caller.

The Informer : Critique du thriller avec Joel Kinnaman, Rosamund Pike et Clive Owen.

Le système carcéral est une source d’inspiration toujours aussi importante pour tout un pan du cinéma américain, et rares sont les longs-métrages qui réussissent à tirer leur épingle du jeu. The Informer n’a certes pas la radicalité de Section 99, et opte pour un ton nettement plus sage mais le coup de théâtre final offre tout de même quelques scènes nerveuses et efficaces. Malheureusement, l’immersion au cœur de la prison de Bale Hill est trop courte pour retranscrire l’enfer que vit Koslow, et ce malgré tous les efforts de Joel Kinnaman, saisissant lorsqu’il s’aperçoit qu’il est lâché de toutes parts.

Une nouvelle fois, le film risque donc de souffrir de la comparaison avec les nombreux modèles du genre, desquels il n’a cependant pas la prétention de s’approcher. Le long-métrage s’impose ainsi comme un divertissement prévisible mais soigneusement exécuté, qui a le potentiel pour séduire les amateurs d’infiltrations foireuses et de personnages pris dans un engrenage infernal.

The Informer, en e-Cinéma le 13 mars 2020. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.

Conclusion

Note de la rédaction

Porté par des comédiens impeccables, « The Informer » est un divertissement soigné mais qui manque d’originalité et de prises de risque pour convaincre entièrement.

Note spectateur : 3.5 (2 notes)