Nous avons vu "The Lost Daughter" le premier long-métrage de Maggie Gyllenhaal présenté en compétition à la 78ème Mostra de Venise et à découvrir en France le 31 décembre sur Netflix.
Tout sur les mères
Il y a clairement un thème qui se détache cette année à la Mostra de Venise : la maternité. Le festival s'est ouvert sur Madres Paralelas, le nouveau film de Pedro Almodóvar, et chaque film de la sélection semble y trouver un écho.
Dans The Lost Daughter, adapté du roman éponyme d'Elena Ferrante, Maggie Gyllenhaal questionne la maternité dans toute sa complexité, à travers le personnage de Leda interprété par la merveilleuse Olivia Colman.
Enseignante à l'aube de la cinquantaine, elle s'offre des vacances seule sur une petite île Grecque. Rapidement, on comprend que Leda aime sa solitude. Elle évite le contact, le fuit même. Mais elle semble nourrir une fascination pour une jeune mère (Dakota Johnson) et sa petite fille, qu'elle observe sur la petite plage de l'île. Par un heureux hasard, les deux femmes finissent par sympathiser. On comprend que Leda est également mère de deux filles, mais que leur relation n'a pas toujours été simple.
L'Enfer, c'est les autres
The Lost Daughter questionne l'existence de l'individualisme et le besoin que ressentent certaines mères de s'éloigner de leurs enfants. Un thème rarement exploré au cinéma, qui revêt sous la caméra de Maggie Gyllenhaal une dimension de thriller.
En effet, le décor de carte postale de l'île va peu à peu s'effriter à mesure que la personnalité de Leda se dévoile. Maggie Gyllenhaal déroule le fil narratif de son récit avec une impressionnante maîtrise (il s'agit pourtant de son premier long-métrage). Une aura inquiétante entoure l'héroïne, qui se sent asphyxiée par la présence des autres. Le travail sur le son permet de mettre en exergue ce sentiment. Le cri d'un enfant a ici la même résonance qu'un insecte posé un oreiller.
La réflexion parfois brutale sur l'aliénation que peuvent ressentir certaines mères face à des enfants en demande permanente d'attention est traitée avec minutie.
Pour comprendre la situation dans laquelle se trouve Leda, le film ne dévoile pas toutes ses cartes tout de suite, et lève peu à peu le voile sur sa vie passée grâce à d'intelligents flash-backs. C'est Jessie Buckley (impeccable) qui l'interprète jeune, et l'on comprend, sans que le récit ne soit surexplicatif, toute la charge mentale qui l'a acculée pendant ces années où ses filles étaient petites.
Le film, sans être manichéen, questionne notre propre ressenti face à ce sujet tabou et a le mérite d'ouvrir le débat : pourquoi considérer une mère "mauvaise" car elle revendique le besoin de s'éloigner de sa progéniture ?
C'est d'ailleurs ce qu'a fait Leda, qui après avoir longtemps refoulé ce besoin, s'est éloigné de ses deux filles. Comment était-ce ? "Merveilleux" avouera t-elle avec soulagement.
The Lost Daughter est à découvrir dès le 31 décembre prochain sur Netflix.