CRITIQUE / AVIS FILM - "The Mimic" n'a certes pas l'étoffe d'un grand film d'horreur mais ne lésine pas sur les ingrédients pour tenter de nous en convaincre.
Le cinéma de genre coréen est généreux par nature : il aime le mélange des genres, les motifs symboliques, les excès stylistiques, ainsi que les états extrêmes, ce qui lui permet d’être toujours fécond et passionnant après tant d’années. De ce point de vue, The Mimic de Huh Jung (Hide and Seek), apparaît comme une œuvre un brin boursouflée tant l’abondance de motifs et de thèmes, distillés à l’emporte-pièce, finit par tourner à vide.
On ne compte plus le nombre de plans de forêt vue du ciel, de miroirs brisés, de rires glaçants d’enfants, de parents psychologiquement déstabilisés ou littéralement fous, d’enfants mutiques, de visions spectrales ou gores qui puisent dans l’imaginaire du film d’horreur avec appétence malgré son automatisme. De cette mixture horrifique, densifiée par l’apport du deuil, jaillissent tout de même quelques visions sordides dont seul le cinéma de genre coréen est encore capable - une enfant qui en menace une autre d’un bout de verre sous la gorge, un homme-tigre qui attire ses victimes en usant de voix familières, etc.
Quand « Ca » s’invite en Corée.
Après son inquiétante séquence d’ouverture, The Mimic met un certain temps à rentrer dans le vif du sujet, visiblement trop soucieux d’installer un drame solide à l’intérieur du foyer familial, alors que l’horreur et le fantastique sont ailleurs, dehors, dans la forêt où se cache le repère d’une « créature » issue du folklore local. Une sorte de ça tel le clown de Stephen King qui invite hommes et femmes à le rejoindre dans la noirceur de sa grotte. Après l’excellent The Strangers (2016), The Mimic surfe sur la vague shamanique sans qu’on y retrouve l’ampleur visuelle, presque baroque, du film de Na Hong-jin. Non que son réalisateur soit sans talent, mais son sens de l’horreur, de l’élément hétérogène, ne fait que prolonger les codes les plus répandus du cinéma de genre sans parvenir à les altérer.
Et pourtant, une fois n’est pas coutume, la mécanique fonctionne : l’ambiance et ses effets sont là, tous biens visibles, mais il y a chez les cinéastes coréens cette faculté de replier le film d’horreur sur le drame, social ou tragique, qui agite leurs personnages. Dans The Mimic, le travail du deuil conditionne toute l’armature fantasmagorique qui, dans son final, révèle l’un des aspects les plus sombres et maladifs de notre rapport à la perte et qui finit, inéluctablement, par nous happer. Ainsi, The Mimic échappe de justesse au statut de « cliché » horrifique, certes terriblement anecdotique, mais bougrement efficace.
The Mimic de Huh Jung, présenté au Festival du film coréen à Paris du 24 au 31 octobre 2017. Ci-dessus la bande-annonce.