CRITIQUE / AVIS FILM - Après son excellent "Vivarium", le cinéaste britannique Lorcan Finnegan est de retour avec son troisième long-métrage : "The Nocebo Effect". Porté par Eva Green et Mark Strong, l’œuvre propose une virée fantasmagorique déroutante.
The Nocebo Effect : on perd nos repères
Après avoir mis en scène l'excellent Vivarium en 2020, le cinéaste britannique Lorcan Finnegan est de retour avec son troisième long-métrage, The Nocebo Effect, à nouveau scénarisé par Garret Shanley. Le duo est donc reformé pour une aventure horrifique déroutante. Sorti directement en DVD et VOD en France le 8 mars, ce thriller horrifique a de quoi perturber. Porté par Eva Green, Mark Strong et Chai Fonacier, le film raconte comment une créatrice de mode est soudainement frappée par une maladie intérieure. L'arrivée de Diana, une nurse des Philippines, va révéler l'origine du mal qui la tourmente.
Le but de Lorcan Finnegan est clair : détruire les repères des spectateurs. Et pour cela, il utilise, très frontalement, une courte focale pour proposer des objectifs en grand angle en permanence. Si le procédé donne parfois l'impression d'être devant un téléfilm, l'effet escompté est là. L'audience se retrouve devant de très grands angles qui servent à exprimer une sensation malsaine et oppressante. L'idée est évidemment de manifester la psyché fragilisée de sa protagoniste, au passage, brillamment incarnée par Eva Green.
Via cette esthétique intéressante et déroutante, on se retrouve plongé dans une ambiance malfaisante, intrigante et hypnotique. Œuvre fantasmagorique, The Nocebo Effect trouve sa quintessence dans des manifestations cauchemardesques très réussies. Sans en faire des caisses, le cinéaste met en scène l'expression d'une horreur intime, témoignage d'un mystère hallucinatoire qui est le corps du film. Des cauchemars qui atteignent un point culminant lors de la séquence impressionnante de la tique géante. Quel est le vrai du faux ? Est-ce que Diana est amie ou ennemie ?
La subtilité à la poubelle
Malheureusement, Lorcan Finnegan s'enferme dans une sur-explication néfaste. Beaucoup moins subtile que Vivarium, The Nocebo Effect s'avère d'une lourdeur narrative qui plombe son œuvre. Le metteur en scène se fourvoie à trop vouloir exposer son scénario, pourtant assez simpliste, et surtout cousu de fil blanc. Le voilà alors à proposer une justification grotesque dans un récit embourbé de retournements scénaristiques prévisibles.
Après avoir proposé une exposition extrêmement rapide, Lorcan Finnegan étire ensuite son histoire et son mystère, quitte à tourner en rond. Le problème est alors l'absence de surprise dans son dénouement. Le spectateur un minimum averti va comprendre les tenants et les aboutissements de The Nocebo Effect dès les premiers instants du film.
Difficile avec cela d'entretenir un mystère et une profondeur de récit. Surtout quand l'intérêt de celui-ci est supposé reposer sur un twist final. La lourdeur narrative n'est également pas aidée par des flash-backs explicatifs, qui abordent le véritable sujet du film : l'exploitation des travailleurs clandestins dans des pays en développement.
Ce sous-propos politique est certes bienvenu, mais jamais totalement exploité. Cette critique du triomphe capitaliste occidental, et cette volonté de dénoncer l'exploitation des petites mains selon la dure loi de la fast fashion n'étant jamais véritablement efficace.
The Nocebo Effect de Lorcan Finnegan en DVD et VOD depuis le 8 mars 2023. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.