The Ride : un documentaire enrichissant sur la transmission de la culture indienne

The Ride : un documentaire enrichissant sur la transmission de la culture indienne

Le documentaire "The Ride" de Stéphanie Gillard est une œuvre singulière. Ce film est un regard tendre sur une tribu indienne, les Sioux. Tous les ans, ceux-ci rendent hommage à leurs ancêtres morts à Wounded Knee.

Pour Stéphanie Gillard, l’écriture de documentaire passe par une observation discrète, mais attentive. Dans The Ride, sa caméra se transforme en regard. Un regard sensible lorsqu’elle laisse parler les enfants qui évoquent leurs ancêtres. Compatissant quand des adultes se confient à elle. Et qui accueille le spectateur au cœur de cette chevauchée.

Ce documentaire, produit par Julie Gayet, suit une troupe de cavaliers sioux qui part chaque hiver à travers les plaines du Dakota pour rejoindre Wounded Knee. Lieu où leurs ancêtres ont été massacrés. Cette dure traversée presque initiatique permet aux anciens de transmettre leur culture et de rappeler leurs racines aux plus jeunes. En reproduisant cet itinéraire chaque année, les Sioux résistent à leur pire menace aujourd’hui, l’oubli.

Une forme juste, efficace et touchante

Dans ses films, la réalisatrice auteure Stéphanie Gillard n’aime pas utiliser de voix off. C’est l’image et le son qui doivent s’exprimer. Dans The Ride, elle reste fidèle à sa manière de raconter son histoire, pas de voix off. Cette absence a un énorme avantage, elle autorise le spectateur à être plus proche de son sujet. Ainsi, les seules voix présentent sont celles des protagonistes, par exemple au détour d’une conversation ou lors d’un rassemblement. Pas d’interviews non plus, la caméra de Stéphanie Gillard accompagne ceux qu’elle filme comme si elle était l’une des leurs. Cette démarche humble permet au spectateur d’être à la place de la caméra. En s’approchant de ces gens, en essayant d’en savoir plus sur eux, ce style laisse mieux connaître ceux qui sont à l'écran. Ce choix est également très prenant pour le spectateur qui vit cette chevauchée du début à la fin comme s’il y était.


Cette caméra est parfois proche des gens qui la vivent pour être un confident. À d'autres moments elle s'éloigne pour montrer le contraste de ces Indiens à cheval dans cette Amérique qui a aménagé son territoire. Comme si deux mondes se rencontraient.

Un documentaire qui sert un propos fort

Par cette chevauchée, la tribu sioux mène un combat qui l'honore, celui contre l’oubli. L’oubli des siens en premier lieu. Ainsi, les anciens amènent avec eux les jeunes générations et leur font partager les vestiges de leur culture et de leur histoire. Une identité que les Américains ont cherché à détruire et à effacer. En effet, même leur langue a eu énormément de mal à perdurer. Dans ce parcours initiatique, les anciens font allusion à leurs chants et à leurs prières. Ils rappellent que dans la culture américaine, celle-ci n’a jamais pris la peine de les écouter. Ils font partager le lien qu’ils ont avec leurs chevaux. Ainsi, pour un jeune, monter à cheval est tout sauf une formalité. C’est un exercice difficile et une première victoire. Les doyens remémorent ce qu’a été ce trajet pour leurs ancêtres. Une marche éprouvante, pour survivre et qui s’est soldé par un massacre abominable.

Les enfants : les véritables héros de ce film

Cette œuvre montre à quel point cette aventure est importante pour les enfants qui la suivent. Pour les plus vieux, celle-ci sert à transmettre. Mais pour les plus jeunes, le fait de la mener constitue une fierté, un accomplissement. Stéphanie Gillard s’attarde souvent sur ces enfants, elle les regarde et les écoute. Le spectateur les surprend à évoquer leurs racines, leurs ancêtres et comprend que c’est à travers eux que la culture indienne peut perdurer.

Ce documentaire révèle très bien la transmission des générations. Il expose les discussions que les hommes ont avec les enfants. Il montre ces adolescents attentifs à ce qui leur est raconté. À travers des scènes, a priori bénignes, le spectateur découvre l’un d’eux reproduire des rites propres à sa culture indienne. Ce film montre de manière très délicate, en s’approchant d’eux, à quel point cette chevauchée leur tient à cœur. C’est quelque chose qui les rend fières, ils confient combien de fois ils l’ont accomplie, les difficultés de la mener à bout, et leur envie de la refaire.

C’est tout le mérite de ce film, servir une cause forte en montrant une marche pacifique, mais chargée d’histoire. Cette réalisation prolonge l’objectif de cette chevauchée en voulant la faire découvrir au public, et par cela ne pas être oubliée, c’est tout le mérite de ce film.

 

The Ride de Stéphanie Gillard, en salle le 7 février 2018. Ci-dessus la bande-annonce.

Conclusion

Note de la rédaction

Un documentaire sensible qui sert une cause forte. Un très joli film à découvrir.

Bilan très positif

Note spectateur : Sois le premier