CRITIQUE / AVIS FILM - "The Sadness" est une petite bombe horrifique venue d'Asie. Un film choc, violent et gore qui n'épargne rien ni personne, que ce soit ses personnages ou les spectateurs.
Vous n'êtes pas prêts pour The Sadness
Prenez un peu de The Raid de Gareth Evans pour la violence brute et crasseuse. Ajoutez-y une touche de Dernier train pour Busan pour l'aspect horrifique survivor sous fond de virus pandémique. Et poussez tous ces curseurs encore plus à l'extrême en allant piocher dans les comics gores Crossed. Vous voilà avec The Sadness. Dans ce film taïwanais réalisé par le Canadien Rob Jabbaz, le monde lutte contre un virus depuis un ans. Bien que les symptômes soient bénins, les choses vont se compliquer à cause d'une mutation du virus. Si les personnes infectées ne deviennent pas des morts-vivants, elles deviennent tout de même violentes et totalement désinhibées.
Hommes et femmes se livrent alors à leurs pulsions, qu'elles soient sexuelles ou violentes. C'est le début d'un véritable massacre dont vont tenter de survivre Kat (Regina Lei, très belle découverte) et son compagnon, Jim (Berant Zhu), qui essaie de la retrouver.
L'enfer véritable
The Sadness tient au fond à peu de choses. Un scénario assez simple, avec des personnages qui ne sont pas d'une très grande profondeur. Même dans sa mise en scène, Rob Jabbaz ne cherche pas à révolutionner le genre. Pourtant, son film fonctionne parfaitement car il connaît ses limites et ne cherche pas à se montrer plus intelligent qu'il ne l'est. Avec des éléments simples, il nous embarque dans 1h40 de tension intense où l'horreur ne fait que croitre.
Le réalisateur n'a pas peur d'aller toujours plus loin et de nous salir véritablement, de nous faire mal même. Si la première scène dans un restaurant peut paraître choquante, une autre la surpassera quelques minutes plus tard. En effet, personne n'est épargné dans The Sadness. Hommes et femmes, enfants ou vieillards. Et les attaques se font de tout un tas de manières. Du simple couteau dans la jugulaire au parapluie enfoncé dans l'œil en passant par du découpage à la hache ou à la scie chirurgicale.
Une expérience traumatisante ultime
Si les meurtres se font de manière totalement gratuite, il en va de même pour les agressions sexuelles. Toutes les personnes que croisent les deux héros pouvant violer absolument tout et n'importe quoi, il n'est même pas question d'attirance ou de préférence sexuelle. L'écœurement atteint d'ailleurs son paroxysme dans le final avec tout un tas d'horreurs qu'on n'oserait imaginer, dont une orgie sanglante et poisseuse.
Mais alors, y a-t-il vraiment un intérêt à voir des massacres en pagailles ? Eh bien oui. Car The Sadness instaure avant tout un climat de malaise en nous mettant face à ce qu'il y a de plus terrifiant : une violence instantanée et irraisonnée, qu'il présente souvent en hors-champ (laissant notre imagination faire le reste). Il y a, de plus, des liens qui se font naturellement avec nos problématiques réelles. Au-delà de la pandémie, une séquence dans le métro évoque malgré elle les attaques terroristes au couteau. Le parcours de Kat, quant à lui, pointe de manière plus précise le harcèlement et la position des femmes dans la société.
Connaissant les limites de sa "petite production", Rob Jabbaz sait qu'il lui faut aller à l'essentiel en nous plongeant dans une forme de cruauté bête et méchante. En cela, il nous offre une expérience traumatisante au même titre que Délivrance (1972) ou Massacre à la tronçonneuse (1974), tout en s'assumant du côté du divertissement avec des jets surréalistes d'hémoglobine des plus jouissifs. Un pari osé, relevé haut la main. Après The Sadness, il sera difficile de trouver une œuvre choc aussi intense.
The Sadness de Rob Jabbaz, en salles le 6 juillet 2022. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.