CRITIQUE / AVIS FILM - Dome Karukoski, réalisateur chypriote notamment derrière "Heart of a Lion", se lance avec "Tolkien" dans un biopic qui pouvait intéresser les amateurs de pop culture et d'heroic fantasy. Il décide d'adapter l'histoire de J.R.R. Tolkien, le célèbre auteur de l'univers du "Seigneur des Anneaux", avec Nicholas Hoult pour incarner l'écrivain.
La genèse du projet Tolkien vient de David Gleeson, le scénariste du métrage, qui a soumis l'idée à Chernin Entertainment. Celui-ci préfèrait se concentrer sur la jeunesse de l'auteur J. R. R. Tolkien, avant sa renommé, sur la manière dont il a abordé une des œuvres littéraires contemporaines les plus célèbres : Le Seigneur des anneaux. David Gleeson s'est plongé dans l'histoire de Tolkien, dans ses jeunes années, de son arrivée à la King Edward's School à sa participation à la Première Guerre Mondiale. Il ne semble omettre aucun des éléments importants qui façonnent le début de vie de l'auteur. Le spectateur assiste à sa douloureuse enfance tandis que le futur auteur n'est qu'un orphelin. Vient ensuite ses années d'études où il rencontre ses compères Robert Gilson, Christopher Wiseman et Geoffrey Smith, avec qui il crée le Tea Club and Barrovian Society, une fraternité secrète et personnelle où ces jeunes gens échangent des conversations intellectuelles et libèrent leur talent d'écriture.
La jeunesse de l'auteur racontée
Dome Karukoski est un choix logique derrière la caméra puisque le cinéaste a également grandit sans père ce qui lui a permis de comprendre d'une certaine façon le fonctionnement du jeune Tolkien. De même que Nicholas Hoult est un choix judicieux pour interpréter ce célèbre auteur, tant sa sensibilité est un attrait intéressant pour ce rôle compliqué. La caméra ne se sépare jamais de Tolkien qui doit apparaître dans pratiquement tous les plans du film. Le film cherche vraiment à aller au plus près de l'écrivain. Il veut raconter en détail sa progression, son évolution, et comment il est devenu l'auteur qu'on connaît aujourd’hui. Le réalisateur veut rapporter ses sentiments, ses émotions, qui sont finalement assez centrales dans le long-métrage. On y découvre également sa romance avec Édith (Lily Collins), qui est narré de manière trop classique. Ses amours, ses hantises, ses désirs, on découvre la vie de Tolkien, sans pour autant entrer véritablement dans son génie artistique, et c'est peut-être finalement ce qui manque.
Un manque d'inventivité artistique ?
La réalisation trop académique de Dome Karukoski ne permet malheureusement pas de donner une épaisseur nouvelle au film. Tolkien est un biopic très classique dans son traitement et son écriture, presque simplement une énumération redondante des éléments importants de la vie de l'auteur, presque comme une fiche Wikipédia. La conception de son œuvre est paradoxalement trop secondaire par rapport aux tribulations de son existence qui ne valent pas forcément mieux que celles de n'importe quel soldat de la Première Guerre mondiale. Dome Karukoski s'entête alors à se concentrer sur une romance insipide, sur une jeunesse répétitive. C'est finalement quand il se tourne vers la conception de ses romans que le long-métrage devient intéressant, quand le personnage passe ses nuits entières à confectionner une langue fictive, quand il trouve la créativité sur le champ de bataille, via des hallucinations hypnotiques intelligemment matérialisées. Ce Tolkien ne parvient donc pas à s'éloigner des biopics classiques, du schéma cliché du genre, et ne demeure qu'un film relativement académique, dont l'intérêt est ravivé grâce au personnage présenté. Un long-métrage rectiligne, découpé de manière mécanique en trois parties.
Tolkien de Dome Karukoski en salles le 19 juin 2019. Ci dessus la bande annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.