CRITIQUE / AVIS FILM - Le toujours aussi productif François Ozon revient en 2021 avec "Tout s'est bien passé", drame poignant avec Sophie Marceau et André Dussollier sur un sujet délicat qui ne cesse de provoquer le débat : l'euthanasie.
Tout s'est bien passé : une course contre la vie
François Ozon ne chôme pas et enchaîne déjà, après Été 85, avec un autre long-métrage vraiment différent. Cette fois, il adapte Tout s'est bien passé d'Emmanuèle Bernheim, un roman tiré de la douloureuse histoire vraie vécue par l'auteure. Comme avec Grâce à Dieu, le metteur en scène s'empare d'un sujet fort. En l'occurrence, il s'attaque ici à la périlleuse question de l'euthanasie en France, un débat qui agite l'opinion publique.
Le film présente Sophie Marceau dans la peau d'une romancière dont le père, André (André Dussollier), est victime d'un AVC. À 84 ans, touché par des séquelles irréversibles et désormais condamné à dépendre des autres, il se refuse à vivre une fin d'existence sous cette forme. C'est pour cela qu'il demande directement à l'une de ses filles, Emmanuèle, de l'aider à abréger ses souffrances, dans un pays où la loi Leonetti encadre cette démarche. Elle ne sera pas seule à livrer cette bataille pour la délivrance de son père. Sa sœur, incarnée par Géraldine Pailhas, se retrouve aussi mise au pied du mur. André est du genre à obtenir ce qu'il souhaite et rien ne peut le détourner de son objectif.
Un drame sur la mort loin d'être plombant
Tout s'est bien passé nous rassure avant même de débuter, avec son titre emprunt de positivité. Même pas besoin d'attendre la première image pour savoir que l'histoire qui va se jouer sous nos yeux se terminera bien, qu'importe la façon. C'est donc le chemin qui devient le plus important. Avec des larmes, des instants de doute, de la peur, mais aussi avec des moments lumineux, des parenthèses qui réchauffent le cœur.
Comme le dit André, "pas de pleureuse" ici et François Ozon ne cherche pas à nous tirer des larmes alors que son sujet aurait pu se transformer en bureau des pleurs de la France bourgeoise franco-parisienne. Le film est assez bien équilibré entre les moments dans le dur et ceux où une énergie salvatrice prend le dessus. Car il est question de ça, entre les lignes, de sauver un père d'une longue agonie en acceptant d'entreprendre les démarches qui vont le mener à sa fin. Et le bougre a tendance à s'impatienter pour que cela soit fait le plus rapidement possible.
Un casting impérial
François Ozon mène son récit avec une belle limpidité, en brossant le portrait d'une famille atypique. Son travail manque un peu de cinéma mais son approche du sujet et, en particulier, ses personnages, rehaussent l'ensemble. Il faut évidemment parler du fantastique trio principal. Sophie Marceau et Géraldine Pailhas sont tout bonnement superbes. Quant à André Dussollier, il délivre une performance bluffante.
Ce dernier est le centre de l'intérêt puis également un étonnant détonateur comique. C'est sûrement grâce à son humour que le film surprend le plus. André décoche des répliques croustillantes qui détendent l'atmosphère. On rigole, par exemple, de l'entendre dire que sa femme est malade, alors que lui est scotché à un lit. Ou de le voir planifier une possible date de mort la semaine de l'anniversaire de sa fille - sans s'en rendre compte. Cette figure paternelle déconcertante est autant la cause de la peine de ses filles que le phare qui fédère tout le monde dans un projet loin d'être commun. Le film amène à réfléchir sur la fin de vie en apportant une (possible) réponse bourrée de dignité. François Ozon ne cherche pas à clore un débat sensible mais simplement à nous dire que tout peut bien se passer.
Tout s'est bien passé de François Ozon, en salle le 22 septembre 2021. Découvrez la bande-annonce ci-dessus. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.