Toy Story 4 : une suite surprenante et touchante

Toy Story 4 : une suite surprenante et touchante

CRITIQUE / AVIS FILM - Présenté en avant-première lors du Festival d'Annecy 2019, "Toy Story 4" était longtemps craint par les fans des premiers films. Pourtant, ce nouvel opus se montre suffisamment pertinent amenant de nouvelles questions, notamment sur la durée de vie des jouets.

Elle était à la fois très attendue mais également très crainte cette suite, qui ne fait plus de Toy Story une trilogie. Lorsqu'il y a presque dix ans, en juillet 2010, Toy Story 3 sortait sur nos grands écrans, on avait fait un adieu déchirant à nos jouets préférés. Réalisé par Lee Unkrich et couronné d'un Oscar du meilleur film d'animation en 2011, ce troisième opus reste dans toutes les mémoires. D'abord parce qu'il marque la fin d'une époque - Toy Story était le premier long-métrage des studios d'animation à la lampe. Il marque aussi la fin d'un cycle, celui où nous avons, tout comme les personnages, grandit mais aussi et surtout parce que sa qualité remarquable en fait un véritable chef-d'oeuvre. C'est principalement ces affects particuliers qui poussaient les admirateurs à se poser beaucoup de questions notamment lorsque le projet était encore un peu flou.

Mais c'est finalement une agréable surprise que nous avons eue en découvrant ce nouveau long-métrage des studios d'animation Disney-Pixar. Réalisé par le co-scénariste de Vice-Versa, Josh Cooley, dont c'est le premier long-métrage, Toy Story 4 touche par plusieurs de ses aspects, mais également par une animation repoussant, une nouvelle fois, toutes les limites. Et s'il n'est pas dénué de quelques petits défauts, notamment des longueurs et des répétitions, il n'en reste pas moins une oeuvre passionnante qui ponctue, une nouvelle (et dernière) fois, une histoire tendre.

Portrait d'un jouet en détresse

Au sein des trois films, nous avions accompagné Andy dans son évolution, du petit garçon qu'il était au jeune homme qu'il est devenu. Spectateurs, comme tous ses jouets, étaient tout simplement (r)attacher à lui. Ils fonctionnaient en fonction du petit garçon, de ses envies et de ses doutes comme lors du troisième opus, aux portes de sa vie d'adulte, alors qu'il prépare ses affaires pour partir à l'université. Si les jouets sont les personnages principaux des films, ils n'avaient que rarement pu s'exprimer en dehors de leurs affections envers Andy, ou du moins ils avaient peu d'espace en dehors de cet arc narratif.

C'est donc avec beaucoup d'intelligence que les scénaristes de ce quatrième film, Stephany Folsom et Andrew Stanton, ont axé l'histoire sur la psychologie des jouets et spécifiquement sur celle de Woody. Bien que le célèbre cowboy ait été beaucoup développé et que l'on connaît assez bien les traits de caractère du personnage, il est ici question de son vécu quant à la séparation avec Andy. Une séparation qui l'a beaucoup affecté et énormément remis en question.

Woody est le personnage s'apparentant le plus au père. C'est ce trait de caractère qui lui est propre qui l'a construit comme étant le principal jouet d'Andy. Le petit garçon dont le père a toujours été absent pendant les trois films s'est autant attaché à son jouet que le jouet s'est attaché à lui. Paternaliste et toujours soucieux du bien-être des autres, Woody s'est peu à peu effacé et c'est l'arrivée d'un nouveau jouet, Fourchette (brillamment doublé par Pierre Niney dans la version française) qui va tout bousculer. Ce dernier, qui pense que sa nature propre est d'être un déchet va donner du fil à retorde à Woody qui, à travers ce personnage, va faire face au manque d'Andy qu'il tente, en vain, de combler avec Bonnie, son nouvel enfant.

Woody, c'est la figure d'un super-héros, de ce super-héros éternel qui passe à travers celle du cowboy. C'est celui qui s'est toujours inquiété pour les autres, qui s'est toujours soucié du bien être des autres jouets. Il y a eu Buzz, il y a eu Jessie et maintenant c'est son tour. Son arc narratif se termine avec beaucoup d'intelligence, de respect et d'amour et une partie de nous se satisfait pleinement de cette clôture.

Des personnages conscients : "je suis un déchet"

De son côté, Fourchette est un personnage qui offre une double dimension. Il est ce nouveau jouet que Bonnie a fabriqué et pour lequel elle a beaucoup d'affection. C'est, une fois de plus, Woody qui va se charger de ce jouet. Mais c'est également une réflexion sur la postérité d'un jouet, en tant qu'objet. Fourchette a un running-gag qui fonctionne plutôt bien puisque ce dernier, destiné à l'usage unique (c'est une fourchette en plastique), va finalement voir son destin changer lorsqu'il se retrouve à être un véritable jouet. Cela va apporter une réflexion qui, malheureusement, n'a pas été assez approfondie mais qui mérite d'être soulignée : un jouet peut-il mourir ?

Plus conscients et plus réalistes que jamais grâce à une animation encore plus poussée, les jouets de Toy Story sont des personnages uniques du cinéma. Ils abordent des thèmes universels traités avec beaucoup de recul, de réflexion et de respect. D'abord rejeté, Toy Story 4 est finalement un film à la hauteur de la trilogie initiée par John Lasseter en 1995. Drôle et touchant, il s'emboîte parfaitement au sein de la saga pour en faire une succession de films à déguster sans modération.

 

Toy Story 4 de Josh Cooley, en salle le 26 juin 2019. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.

Conclusion

Note de la rédaction

D'abord craint, "Toy Story 4" est finalement une réussite en tous points. Celui qui n'était pas désiré se révèle être une véritable plus-value aux précédents en apportant beaucoup de nuances, de surprises et d'émotions. Chapeau, le cowboy !

Note spectateur : 3.01 (22 notes)