CRITIQUE / AVIS FILM - Yvan Attal se rate avec le thriller "Un coup de dés", et embarque dans sa chute son casting pourtant prestigieux, composé notamment de Guillaume Canet, Marie-Josée Croze et Maïwenn.
Yvan Attal rate son passage au thriller
Après avoir réalisé le drame Les Choses humaines, qui fut l'occasion de révéler l'actrice Suzanne Jouannet, Yvan Attal revient aussi bien devant que derrière la caméra avec cette fois un thriller nommée Un coup de dés. Un film inspiré d'un texte plutôt comique, Ball-trap d'Éric Assous, dont Yvan Attal a tiré quelque chose de plus sombre et sérieux. Un choix loin d'être judicieux quand on voit le résultat, qui aurait probablement été plus acceptable avec un brin d'ironie.
Dès l'ouverture, on sent bien que quelque chose cloche. Yvan Attal, endormi et en sueur, lutte en plein cauchemar. Le visage de l'acteur se transpose avec des nuages avant que n'apparaissent le Corcovado et de terribles éclairs. L'homme se réveille, et une voix off, qui ne cessera malheureusement pas d'accompagner les images, se fait entendre. Le mauvais goût et la ringardise sont donc annoncés d'emblée, et il faudra s'accrocher pour tenir jusqu'à la fin.
Alors que la police frappe à la porte de Mathieu (Yvan Attal), un retour en arrière s'impose. On apprend ainsi que, des années plus tôt, son meilleur ami Vincent (Guillaume Canet) est intervenu pour sauver Mathieu et sa famille. Marqué par cet événement, Mathieu a décidé de quitter la dangereuse capitale pour descendre vivre sur la côte d'Azur. Vincent va l'aider à trouver un nouvel emploi dans l'immobilier, et tous les deux vont rapidement s'enrichir. Suffisamment pour avoir une vie de petit bourgeois. Sauf que Mathieu va apprendre que son meilleur ami a une maîtresse, Elsa (Alma Jodorowsky). Et là, c'est le drame. Car Delphine (Maïwenn), l'épouse de Vincent, ne tarde pas à découvrir la vérité...
Un coup de dés : un film trop sérieux et mal maîtrisé
Si comme le laissait présager la bande-annonce, Elsa avait aussitôt été retrouvée morte, Un coup de dés aurait pu donner lieu à un film à suspense dans lequel tous les protagonistes pourraient être coupables. Mais il n'en est rien, puisque le scénario préfère s'attarder sur des histoires d'infidélité, de jalousie et de désir inassouvie, tout en étant d'une pudeur profondément ennuyeuse. Et quand vient enfin la tragédie, aucune vérité à chercher pour le spectateur, premier témoin de l'incident.
Un coup de dés n'offre donc aucun mystère à résoudre, mais oblige à suivre des personnages tous plus antipathiques les uns que les autres, qui tentent de se sortir de cette sombre affaire. Car Yvan Attal veut traiter derrière cela de la culpabilité et de la lâcheté. On peut entendre cette volonté de privilégier l'aspect psychologique. Mais encore faudrait-il, soit y ajouter une touche de piquant, soit faire preuve d'une vraie maîtrise du genre. Ce qui n'est clairement pas le cas du réalisateur, dont les fautes de goût empêchent qu'on se laisse porter par son propos.
À la place, on assiste à une série de clichés, à des rebondissements et des situations dignes d'un téléfilm, et à des dialogues risibles qui feraient presque basculer le film vers la comédie. Il faut voir Marie-Josée Croze (Juliette, l'épouse de Mathieu) s'émerveiller des vacances au Brésil de ses amis en déclarant : "Rio de Janeiro, rien que le nom, ça fait rêver". Pour l'audience, ça fait plutôt rire.
Car point d'ironie chez Yvan Attal. Ce qui empêche son casting, habituellement au niveau, de faire preuve de justesse. Si Maïwenn et Alma Jodorowsky s'en sortent convenablement, c'est moins le cas de Guillaume Canet, qu'on sent plus perdu qu'autre chose. Marie-Josée Croze est de son côté tristement anecdotique, tandis qu'Yvan Attal, qui au moins assume de se donner le mauvais rôle, s'avère involontairement gênant, à l'image de son œuvre.
Un coup de dés d'Yvan Attal, en salles le 24 janvier 2024. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.