CRITIQUE / AVIS FILM – Mathias Malzieu, à qui on doit notamment « Jack et la mécanique du cœur », est de retour avec une nouvelle adaptation d'un de ses romans : « Une sirène à Paris », une comédie romantique étonnante.
Pour adapter son propre roman Une sirène à Paris, Mathias Malzieu (leader de Dionyos le reste du temps) réunit devant sa caméra un couple inédit : Nicolas Duvauchelle et Marilyn Lima. Deux acteurs superbes épaulés par quelques seconds rôles savoureux interprétés par Rossy de Palma, Tchéky Karyo et Romane Bohringer.
L'histoire est simple, mais propose une romance pas comme les autres. Gaspard (Duvauchelle) croise la route d'une sirène blessée (Lima) qui s'est échouée sur les bords de Seine. Il décide de la recueillir pour la soigner. Avec son cœur brisé par une histoire d’amour, Gaspard se révèle être le seul capable de résister aux chants de Lula qui font s’emballer celui des autres humains jusqu’à l’explosion...
Une comédie romantique assez classique
Malgré un postulat de départ assez inédit, Mathias Malzieu peine à offrir des ressorts émotionnels vraiment inattendus. Un traitement relativement classique de l'amour, de ses complexifications et de ses aboutissements, parfois un peu trop naïf. Forcément, quelques défauts de rythme viennent entacher la fluidité du récit. La mécanique se grippe parfois devant un univers qui aurait certainement été magnifié par l'animation. Mais en prises de vue réelle, ça ne prend pas toujours. Sauf qu'heureusement, le long-métrage peut compter sur un univers visuel poétique qui regorge de générosité !
Un visuel emprunté à Jean-Pierre Jeunet
Mathias Malzieu a de nombreux éléments visuels à proposer. Très généreux dans son approche, il n'hésite pas à emprunter à ses aînés. Que ce soit chez Jean-Pierre Jeunet ou chez Michel Gondry, le cinéaste reprend ça et là des éléments visuels pour composer sa propre recette. Difficile de faire l'impasse sur une comparaison avec L’Écume des Jours ou le cinéma de Jean-Pierre Jeunet.
Un rapprochement évident, tant l'identité visuelle s’associe à ce cinéma créatif. Ainsi, dès son générique d'introduction en spot-motion, qui rappelle également le travail de Wes Anderson sur L'Île aux Chiens, Mathias Malzieu impose son style et sa personnalité. Et c'est ce qui fait finalement la grande force de Une sirène à Paris. Via cette approche particulière, le cinéaste parvient à donner une autre identité à son film.
Ce qui était naïf devient alors gentiment enfantin. Ce qui était assez classique, est magnifié par des touches visuelles somptueuses et poétiques. Et ce qui était prévisible devient finalement un habile jeu des clichés de l'amour. Bref, l'intérêt premier de Une sirène à Paris réside dans son approche esthétique. Il joue sur les décors, sur les costumes, et rend hommage à un cinéma authentique, préférant le physique aux effets par ordinateur.
Comme un jeu d'enfant, Mathias Malzieu fait l'apologie du bon vivant, de l'amour, du chant, de la danse et de la joie. Il célèbre finalement l'amour. C'est certainement pour le cinéaste aussi une manière de faire le deuil de ses précédentes relations - dont celle avec Olivia Ruiz mais pas que. Il s'identifie certainement au personnage de Nicolas Duvauchelle, brisé par les aléas de l'amour, et des femmes. Avec Une sirène à Paris, Mathias Malzieu tourne la page et embrasse de nouveau l'amour.
Une sirène à Paris de Mathias Malzieu, en salle le 11 mars 2020. Ressortie exceptionnelle le 22 juin 2020. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez toutes nos bandes-annonces ici. Et ici notre interview de Mathias Malzieu.