CRITIQUE FILM - Tout droit venu d’Australie, "Upgrade", produit par Jason Blum et porté par Logan Marshall-Green, raconte comment un homme désespéré et mis K.O. par la vie, va se relever pour prendre sa vengeance grâce à l’intelligence artificielle.
Entrons directement dans le vif du sujet : Upgrade est une superbe série B violente et très rythmée. Un plaisir sadique de presque deux heures, digne héritier des grands films de vengeance froids et précis. Certes le scénario n’est pas très original et tiens sur un timbre post, racontant surtout la chute, puis la résurrection d’un homme dicté par la vengeance. Ainsi, pas de grandes surprises dans l’histoire, mais une exécution millimétrée et visuellement séduisante. Que ce soit dans la photographie sombre, ou dans le traitement de l’action, Upgrade est constamment visuellement superbe. Dans un décor néo-futuriste très à la mode en ce moment (Blade Runner 2049, Ghost in the Shell, Altered Carbon, Mute…), sobre, partiellement mis en avant, sans aucun esbroufe, le protagoniste est une représentation masculine charismatique et marginale.
Une œuvre pop parfaitement rythmée
Upgrade vient poser la question évidente mais d’actualité, sans réellement entrer dans une véritable thèse de cette situation, qui concerne l’intelligence artificielle et l’évolution numérique de notre société. Ce protagoniste vient mettre en avant une réalité qui menace une certaine tranche de la société. Celle qui refuse de tomber dans le numérique universel, préférant les bonnes vielles méthodes. Grey Trace (Logan Marshall-Green) est un dernier rempart face à l’uniformisation numérique de notre monde et la paresse de l’être humain servit comme un roi par l’intelligence artificielle. Grey Trace préfère réparer ses voitures et avoir de l’huile de moteur sur les mains. Certes ce traitement est légèrement naïf, mais il vient émettre les bonnes questions et surtout les avertissements quant à cette évolution du tout numérique.
Bref, ce personnage va à contre-courant, préférant les bonnes vieilles méthodes que donner sa confiance à l’intelligence artificielle. Upgrade permet un déferlement de vengeance froid et précis. Les scènes d’action sont parfaitement exécutées, grâce à quelques mouvements de caméra aériens qui ne sont pas sans rappeler la folie des scènes d’action de Kingsman, en moins explosif et cartoonesque bien sûr. Logan Marshall-Green, le héros du film, s’inspire grandement du talent de Tom Hardy pour créer sa composition. Que ce soit physiquement ou dans sa manière de jouer, l'acteur pourrait être la doublure parfaite de la tête d’affiche du prochain Venom. Une corrélation qui fait sens, puisque l’intelligence artificielle se manifeste de manière similaire au symbiote, une entité abstraite et interne qui influence les agissements de son héros, qui prend petit à petit le contrôle de l’enveloppe corporelle, et qui laisse parler la foudre pour protéger son hôte. Parfaitement chorégraphiées, ces scènes d’action sont d’une fluidité jouissive et sont l’intérêt premier de cette série B vengeresse revigorante.
Black Mirror envahit les écrans
Lorsqu’on pense à l’intelligence artificielle, mais également à la numérisation de notre univers, c’est évidemment la série Black Mirror qui revient à l’attaque. Il est vrai que ces épisodes d’une heure sont une très belle représentation des dangers numériques qui guettent l’humanité. Upgrade pourrait être un de ces échelons, une nouvelle étape de l’évolution entre l’Homme et la machine. Evidemment, ce long-métrage n’est pas le premier à aborder ce thème puisque Steven Spielberg traitait de l’intelligence artificielle avec beaucoup de poésie dans A.I. Intelligence Artificielle, qu'Alex Garland prouvait la supériorité de la machine sur l’Homme dans l’excellent Ex_Machina, ou encore, avant tout le monde, que Paul Verhoeven montrait la fusion entre l’Homme et la machine dans son cultissime Robocop.
Bref, il ne s’agit donc pas d’un sujet réellement nouveau qu’offre Upgrade, mais son traitement pioche un peu dans les approches de ses aînés pour créer sa propre identité. Le questionnement de l’humanité de la machine, et à contrario de la déshumanisation de l’Homme est évidemment abordé, sans entrer profondément dans les détails. Upgrade offrant une fusion de l’Homme et de la machine progressive et inattendue, mettant en avant les aspects bénéfiques de cette union, mais également les dangers que cela entraîne. Un être supérieur, mi-homme, mi-machine, qui apprend successivement de ses deux entités.
Upgrade de Leigh Whannell, en salle le 3 octobre 2018. Ci-dessus la bande-annonce.