Après avoir travaillé sur le « Lady Vengeance » de Park Chan-wook, Um Tae-hwa touche au fantastique à hauteur d’enfant pour traiter de la jeunesse, des premiers amours, et du passage à l’âge adulte.
Vanishing Time : A Boy Who Returned débute par un carton évoquant une jeune fille, prise à partie par la population de l’île de Hwano, pour avoir aidé un suspect impliqué dans un kidnapping à s’échapper. Dès lors on s’attendrait certainement à un film d’enquête. Pourtant, rien de tout cela ici. Le réalisateur met alors la jeune fille face caméra pour raconter sa version des faits devant une psychiatre.
Un film fantastique autour de l’enfance
Le cinéma coréen se caractérise souvent par son mélange des genres. Une fois n’est pas coutume, celui-ci est évidemment présent dans Vanishing Time. Um Tae-hwa réalise, en partie, un film fantastique, tout en laissant poindre d’autres possibilités. Le réalisateur laissant ainsi (plus ou moins) le choix au spectateur, d’accepter ou non une histoire incroyable.
Su-rin, jeune fille qui peine à s’intégrer, se lie d’amitié avec Sung-min. Une amitié qui se confond avec l’amour. Un amour innocent, comme on peut en avoir lorsqu’on a que 13 ans – à l’image de leurs conversations par messages codés. Par cette délicatesse, le réalisateur touche immédiatement et rappelle par exemple My Girl d’Howard Zief. Et alors que viennent s’ajouter deux autres garçons au groupe, et qu’ensemble, ils partent à l’aventure dans une grotte souterraine où ils trouveront un étrange œuf, Vanishing Time passe de Stand by me aux Goonies.
Bien sûr, le réalisateur ne cherche pas à citer ces productions par pure nostalgie. Mais il offre à son film cette sensibilité honnête, et un regard sur l’enfance qu’un public occidental devrait reconnaître. D’autant plus tandis que pointe cette question universelle et essentielle à l’intrigue du film : à quel moment devient-on « grand » ? De là, Um Tae-hwa ne pouvait occulter un regard sur le monde des adultes. Ces derniers, égratignés à plusieurs niveaux par le cinéaste, devenant les plus hostiles à l’univers enfantin qu’ils ne peuvent comprendre, et donc accepter.
Heureusement, Um Tae-hwa garde toujours en vue l’innocence de son héroïne, et l’accompagne avec une certaine naïveté touchante. Vanishing Time tient ainsi du merveilleux, et bénéficie pour cela d’un travail visuel remarquable – on n’en révélera pas la raison, mais de nombreuses séquences mettent en scène le temps figé. À l’image de cette immense et fabuleuse vague qu’observeront deux protagonistes, avant de voir leur histoire se refermer avec délicatesse et douceur.
Vanishing Time : A Boy Who Returned de Um Tae-hwa, présenté au Festival du film coréen à Paris du 24 au 31 octobre. Ci-dessus la bande-annonce.